Les informations de Lyon Capitale quant à la situation de Laurent Wauquiez, en détachement de son poste de maître des requêtes au Conseil d'État depuis 13 ans, ont largement été reprises dans les médias et par les internautes. Revue de presse.
A l'origine de la polémique, un simple arrêté du Conseil d'État, publié au journal officiel le 6 septembre. Arrêté stipulant que "M. Laurent Wauquiez, maître des requêtes au Conseil d'Etat, est placé en position de détachement, pour une durée de cinq ans (...) auprès du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes afin d'exercer les fonctions de président". Or, cette position de détachement de Laurent Wauquiez, renouvelée depuis 2004, lui permet de cumuler avancement et points de retraite pour un poste qu'il n'occupe plus depuis 13 ans, comme le souligne BFM TV.
En effet, après trois années passées au Conseil d'État, entre 2001 et 2004, Laurent Wauquiez est promu maître des requêtes le 1er avril 2004, avant de se mettre en disponibilité de ce poste "afin de se consacrer à la campagne électorale en vue d'une élection législative partielle". Sitôt élu , le député de Haute-Loire sera placé en position de détachement. Une position qu'il n'a pas quitté depuis, et devrait vraisemblablement conserver jusqu'en 2022, comme le rappelle Marianne.
"Aucune attaque, simplement une information"
Reprises par Europe 1, les révélations de Lyon Capitale ont rapidement fait boule de neige dans toute la presse et sur les réseaux sociaux, obligeant bientôt le candidat à la présidence du parti Les Républicains à sortir de son silence. Par voie de communiqué, alors que son entourage avait refusé de répondre aux questions de Lyon Capitale, Laurent Wauquiez souligne la légalité de sa situation. Un point pourtant jamais mis en doute, souligné dans notre article et rappelé par notre rédacteur en chef le matin même à l'antenne de Sud Radio.
"Je ne suis pas dupe du calendrier de ce genre d'attaques en pleine période de reconstruction de l'opposition", écrit encore Laurent Wauquiez dans son communiqué. Mais ce calendrier n'a rien de politique, le décret ayant été publié le 6 septembre et évoqué dans un premier article de Lyon Capitale dès le lendemain avant un second article publié le 13, comme rappelé par L'Obs.
"Il n’y a aucune 'attaque', simplement une information, soulignait Didier Maïsto, notre directeur de la publication. Lyon Capitale a précisément indiqué que tout était légal dans ce régime du détachement, que Laurent Wauquiez cotisait au régime des pensions civiles de l’Etat et qu’il payait réellement ses cotisations. Tout est par conséquent transparent dans cet article. Lyon Capitale ne publiant jamais ses informations en fonction de la 'reconstruction' de tel ou tel parti politique.". Rien d'illégal dans le détachement de Laurent Wauquiez mais "une faille du système dont certains profitent et qu'il faut corriger", martelait Jean-Christophe Picard, le président de l'association Anticor, sur France Info.
"L'assistanat, cancer de la société"
Reste que ce genre de pratique a du mal à passer dans le climat actuel de moralisation de la vie publique. D'autant que Valérie Pécresse, Bruno Le Maire ou Emmanuel Macron ont récemment démissionné de la fonction publique, soulignait LCI. "Le jour où il fera valoir ses droits à la retraite, Laurent Wauquiez bénéficiera de la même pension qu’un conseiller d’Etat qui a effectué toute sa carrière dans l’institution", ajoutait Jean-Christophe Picard cité par Le Monde. Comme Libération, L'Express, Le Point ou même VSD, beaucoup d'internautes ont mis en perspective cette situation avec une déclaration de Laurent Wauqiez de 2011 sur "les dérives de l'assistanat", qualifiées par le ténor de la droite de "cancer de la société".
Dans ce climat de défiance, le patron des députés socialiste (Nouvelle gauche) à l'Assemblée nationale, Olivier Faure, a franchi la ligne rouge. "Wauquiez perpétue la tradition des emploi fictif", a-t-il écrit sur le réseau social Twitter, comme relevé par le Huffington Post. Un abus de langage regrettable puisque le délit d'“emploi fictif”, qui recouvre des situations bien particulières (comme nexpliquer sur notre site d'investigation LeLanceur.fr), n'est ici pas caractérisé. Laurent Wauquiez devrait porter plainte, selon Le Figaro.
A droite c'est Thierry Solère qui s'est montré le plus virulent, comme repéré par Europe 1. "Dans le genre 'cancer de l'assistanat', c'est tout à fait caractéristique, a déclaré le député du groupe Les Constructifs. Pour moi, c'est terrible, je comprends que les gens soient en colère. Quand on tente de faire des efforts, c'est assez triste". A l'inverse, Jean-François Copé a soutenu Laurent Wauquiez en arguant que cette pratique était répandue chez les hauts fonctionnaires élus. Edouard Philippe, François Hollande, Jacques Chirac, Guillaume Larrivé, Laurent Fabius... beaucoup ont été détachés de leur poste. Mais beaucoup moins le sont aujourd'hui, depuis que la loi Cahuzac a interdit la pratique pour les ministres et les parlementaires.
Dans la même veine, certains internautes, dont de nombreux soutiens de Laurent Wauquiez dans la course à la présidence du parti Les républicains, ont accusé une partialité supposée de nos informations, sommant Lyon Capitale de "faire la même chose pour tous les politiques". Qu'ils soient rassurés, d'autres révélations viendront.