Benur Vélo'V, le concepot de vélo en libre-service électrique à destionationd e spersonnes à mobilité réduite
La société Benur a jusqu’au 9 septembre pour trouver des investisseurs avant son passage devant le tribunal de commerce le 13 septembre. (Crédit Benur)

L’avenir incertain de Benur, le handibike lyonnais, interroge sur le soutien des projets inclusifs

Environ deux mois après avoir intégré le service Velo’v pour une expérimentation de 5 mois en partenariat avec la Métropole de Lyon, Benur, la société qui fabrique le handibike lyonnais, s’est placée en procédure de sauvegarde. Son fondateur, Joseph Mignozzi, regrette une forme "d’inclusivewashing". 

Sur le papier, le handibike lyonnais de la société Benur coche toutes les cases d’un projet qui devrait être soutenu par les collectivités de l’avis de son fondateur Joseph Mignozzi. "On fabrique en France, on assemble en France et on propose un produit inclusif, donc si un projet comme Benur n’est pas soutenu ça va à l’encontre de tout ce qui est dit par les politiques", lâche avec dépit le créateur de ce petit char à assistance électrique qui circule sur trois roues et permet aux personnes à mobilité réduite de se déplacer à vélo. 

Depuis le 20 juillet, la société installée à Lyon s’est placée en procédure de sauvegarde en raison de problèmes de trésorerie, n’ayant "trouvé personne qui soit prêt à financer le projet" afin de produire les vélos commandés. "Nous avons besoin de gagner du temps pour trouver de l’argent. Je veux sauver le projet, c’est pour cela que je me suis mis en sauvegarde. Nous ne sommes pas en cessation de paiement, on est une entreprise plutôt saine, je peux encore choisir mon partenaire", précise Joseph Mignozzi, qui a jusqu’au 9 septembre à midi pour trouver des investisseurs, avant un passage au tribunal de commerce le 13 septembre. 

Le succès au rendez-vous, pas le soutien de la Métropole

L’histoire avait pourtant bien commencé pour les vélos Benur avec plusieurs commandes émanant de communes comme Saint-Félicien, en Ardèche, qui avait décidé de lui acheter  2 vélos, Lourdes, dans les Pyrénées, qui avait passé commande pour 6 engins ou encore Chambéry et Aix-les-Bains qui espéraient en acquérir 1. Puis la Métropole de Lyon est entrée dans la boucle, sous la forme d’une expérimentation de 5 mois en partenariat avec JCDecaux, de juin à octobre 2022, afin de mettre deux vélos au service des Lyonnais. Des vélos loués et non achetés, pour une prestation de 19 000 euros confie Joseph Mignozzi. 

A Lyon, les nouveaux Benur Vélo'v pour les personnes handicapées
L'expérimentation Benur Vélo'v pour les personnes à mobilité réduite, une première en France, avait été mise en place début juin. (Photo Lyon Capitale)

Le succès de l’expérimentation sur laquelle la Métropole de Lyon avait largement communiqué, organisant notamment un événement de lancement en présence de la presse, aurait été au rendez-vous dès le 1er mois de mise en circulation des deux vélos. "Sur les 20 premiers jours de mise en service, nous avons eu 14 jours de réservation, il y a une demande très forte. Nous avons eu un retour client de 100% de satisfaction, voire 200% si on prend en compte l’avis des accompagnateurs" se félicite M. Mignozzi. 


"J'ai demandé à la Métropole de se porter garante pour un petit emprunt de 30 ou 40 000 euros, ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas en capacité de le faire", Joseph Mignozzi, fondateur de Benur


Toutefois, selon les services de la Métropole, après son placement en sauvegarde, "la société Benur/MonShareProjet a demandé à suspendre temporairement le service de mise à disposition des vélos pour protéger la société vis-à-vis d’échéances de court terme sur sa trésorerie". Ce qui laisse aujourd’hui l’avenir du service dans une zone flou. 

Lire aussi : Première en France : Lyon lance le Benur Vélo’v à destination des personnes à mobilité réduite

Afin de sauver la société et le projet, le fondateur de Benur admet avoir demandé "à la Métropole de se porter garante pour un petit emprunt de 30 ou 40 000 euros, qui nous serait accordé par la Caisse d’épargne qui veut nous aider, mais ils [la collectivité, NDLR] m’ont dit qu’ils n’étaient pas en capacité de le faire". Contactée par Lyon Capitale, la collectivité explique que "plusieurs possibilités de soutien ont été explorées, sans succès compte tenu des délais et des besoins". La Métropole soutient avoir également "étudié la possibilité d'acquérir des vélos, mais à nouveau dans des délais incompatibles avec la situation d'urgence de l’entreprise". 

Benur victime "d'inclusivewahsing" ?

Une réponse que Joseph Mignozzi a du mal à entendre, "je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça", lâche-t-il avec calme. "Le discours politique n’est pas en adéquation avec ce qui se passe sur le terrain. Il y a un déséquilibre entre la communication qui a été faite sur Benur/Vélo’v et les moyens donnés pour le faire. Maintenant je me suis engagé en connaissance de cause donc je ne peux pas leur faire que des reproches, mais je suis obligé de constater que tous les projets ne sont pas logés à la même enseigne", déplore-t-il. 


"Il y a un déséquilibre entre la communication qui a été faite sur benhur vélo’v et les moyens donnés à Benur pour le faire et moi ca me dérange un peu" Joseph Mignozzi, fondateur de Benur


Cette situation serait, selon lui, liée à l’essence même du projet, à savoir le handicap. "Il est malheureux de constater que, de manière générale, le sujet du handicap n’est pas très valorisé. Finalement, la majorité des collectivités font de « l’inclusivewashing ». C’est-à-dire qu’il y a beaucoup de communication, mais très peu de moyens parce qu’il n’y a pas de rentabilité", souffle avec dépit Joseph Mignozzi. Pour autant l’entrepreneur assure ne pas baisser les bras, "on a des pistes assez sérieuses et intéressantes avec des partenaires industriels et une institution. Donc je pense que l’on devrait trouver une issue", explique-t-il en se voulant rassurant. 

Développer un service spécifique aux PMR

Malgré les difficultés actuelles, le fondateur de Benur espère pouvoir continuer à travailler avec la Métropole, qu’il invite à se pencher sur la création d’un "service ou une agence spécifique qui serait orientée pour les vélos adaptés". Avec des vélos Benur, mais aussi des tricycles et des tandems pour répondre aux différents besoins des personnes à mobilité réduite (PMR). Un projet d’avenir qui, Joseph Mignozzi l’espère, trouvera une oreille attentive du côté de la Métropole, où l’on confie "espérer que l’aventure Benur perdure sous une forme ou sous une autre, car l’innovation répond à un vrai besoin".

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