Jean-Christophe Vignoles, fondateur des Journées Cinéma & Psychiatrie, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Les centres hospitaliers Le Vinatier, Saint-Jean-de-Dieu et Saint-Cyr-au-Mont-d’Or accueillent, les 5 et 5 février prochains, la 13e édition des Journées cinéma et psychiatrie de Lyon, un événement unique proposant, autour de la projection de films et de documentaires, une dynamique de rencontre et d’échanges à propos de thématiques en lien avec la santé mentale.
A l'origine, ces journées étaient destinées aux personnels des trois hopitaux psychiatriques lyonnais, Le Vinatier, Saint-Jean-de-Dieu et Saint-Cyr-au-Mont-d'Or. s'en est suivie une ouverture vers les familles de l'UNAFAM, qui accompagne au quotidien les personnes atteintes de maladies psychiatriques et leur famille afin de les aider à sortir de l’isolement et faire face à la maladie, puis les usagers de la psychiatrie.
Les Journées Cinéma et psychiatrie de Lyon sont aujourd'hui ouvertes au grand public.
"La psychiatrie, et plus globalement la santé mentale, est un sujet éminemment politique"
La santé mentale, grande cause nationale 2025
"L'idée, explique Jean-Christophe Vignoles, fondateur des Journées Cinéma et psychatrie, c'était avant tout d'utiliser le cinéma comme objet de formation, c'est-à-dire le cinéma documentaire, dans la mesure où on pense que c'est un des meilleurs outils pour la déstigmatisation, et aussi faire partager le vécu des patients ou certaines expériences aux soignants."
Le gouvernement a présenté, les quatre objectifs prioritaires pour promouvoir la santé mentale, érigée Grande cause nationale pour l’année 2025. Parmi ces objectifs, la déstigmatisation, afin de changer le regard des Français sur les troubles psychiques et les troubles mentaux.
"C'est justement à travers le cinéma, et le vécu d'une histoire, qu'on s'aperçoit que la personne concernée par la maladie mentale a une vraie sensibilité, a de vraies difficultés, détaille Jean-Christophe Vignoles. C'est en partageant par l'affect qu'on peut arriver à toucher le grand public, à comprendre le patient. Et à ce moment-là, on déstigmatise parce qu'on s'aperçoit que, finalement, ce sont des choses qui peuvent arriver à beaucoup de gens, à tout le monde. Souvent, on nous dit à propos de nos films "elle est où la maladie mentale mentale ?" Et en fait, c'est par ce biais là qu'on peut toucher."
Lieux des projections des Journées cinéma et psychiatrie 2025
Centre Culturel et de la Vie Associative (CCVA)
234 Cours Émile Zola
Villeurbanne
Métro A – Flachet
Maison du Livre, de l’Image et du Son (MLIS)
247 Cours Émile Zola
Villeurbanne
Métro A – Flachet
Cinéma le Comoedia
13 avenue Berthelot
Lyon 7e
Tramway T1 – Quai Claude Bernard Tramway T2 – Centre Berthelot
La restranscription intégrale de l'entretien avec Jean-Christophe Vignoles
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono nous accueillons aujourd'hui Jean-Christophe Vignoles, bonjour. Vous êtes psychiatre et vous faites partie du comité de pilotage des Journées Cinéma et psychiatrie (on connaît bien à Lyon Capitale on en parle chaque année depuis quelques années) qui auront lieu les 5 et 6 février prochains. AOn a souvent reçu un de vos confrères Nicolas Janaud. Vous, Jean-Christophe Vignoles, vous êtes le fondateur, le créateur ,le concepteur de ces Journées Cinéma et psychiatrie. Comment elles sont nées ces journées sur quelle idée en faisant quel constat ?
L'idée c'était avant tout d'utiliser le cinéma comme objet de formation, c'est-à-dire le cinéma documentaire, dans la mesure où on pense que c'est un des meilleurs outils pour la déstigmatisation, et aussi faire partager le vécu des patients ou certaines expériences aux soignants. Au départ, ce sont avant tout des journées de formation pour les personnels hospitaliers.
D'accord et ensuite qui s'est transformé en festival ?
Voilà qui s'est transformé d'abord c'était pour les personnels du Vinatier puis après les 3 hôpitaux psychiatriques, c'est-à-dire Saint-Jean-de-Dieu et Saint-Cyr-au-Mont-d'Or et surtout l'ouverture vers les publics les familles l'UNAFAM notamment et les usagers de la psychiatrie.
Comment justement le documentaire peuil contribuer justement à sensibiliser au vécu justement des personnes qui souffrent de troubles mentaux et psychiques ?
Il y a plusieurs formes de documentaires. Mais l'idée, c'est de prendre des documentaires qui ne soient pas des reportages de journalistes mais avant tout des points de vue subjectifs de cinéastes qui sont des cinéastes qui ont disons un regard tiers et qui peuvent aider à reconstruire une histoire à mettre une histoire chaotique par exemple en récit et dans ce qui permet effectivement de faire partager au public par l'esthétique et par la sensibilité le savoir ce qu'on appelle dans la pair-aidance, le savoir expérientiel des patients. C'était l'idée aussi d'avancer sur l'idée de la pair-aidance et d'utiliser le cinéma comme quelque chose qui permet de dire que le patient a une connaissance de sa maladie qu'il a aussi quelque chose à dire finalement au soignant.
Comment vous avez vu tout au long de ces années d'organisation des Journées Cinéma et psychiatrie le regard de l'extérieur qui a changé ? Comment il a évolué ce regard de l'extérieur sur les personnes sur l'hôpital psychiatrique et sur les personnes qui sont à l'hôpital psychiatrique ?
C'est-à-dire que ça permet d'ouvrir quand même sur l'extérieur la vision disons qu'on a de la maladie mentale et notamment c'est pour ça que depuis quelques années ces journées qui étaient strictement réservées aux professionnels à l'intérieur du Vinatier sont maintenant ouvertes sur la cité et qu'on diffuse maintenant au CCVA de Villeurbanne. C'est-à-dire que les Journées, dans les années, qui viennent on souhaiterait qu'elles soient encore plus publiques et l'ouvrir encore plus largement.
C'est intéressant ça veut dire qu'il pourrait y avoir vous avez déjà des contacts avec les collectivités métropoles villes départements ?
Tout à fait. Là maintenant, on commence un partenariat avec la mairie de Villeurbanne, on a aussi un partenariat avec la Maison de l'image et du son à Villeurbanne où il y aura quelques… alors on ne fait pas des projections on fait une journée d'émissions radio uniquement, du son, ça c'est aussi une nouveauté de l'année dernière qui a bien marché. Donc cette année on l'a étendu sur une journée complète ce ne sera pas que du documentaire visuel mais du documentaire sonore aussi.
Donc ces Journées Cinéma et psychiatrie évoluent. Vous parliez tout à l'heure de "stigmatisation". Le Gouvernement a lancé, pour 2025, la grande cause nationale qui est la santé mentale parmi les objectifs prioritaires. Il y a justement la déstigmatisation comment ça marche ça finalement ? Parce que c'est vrai que de manière générale je n'ai pas de sondage j'ai rien mais c'est un ressenti c'est que la population a quand même un regard assez sévère voire un peu suspicieux parfois sur l'hôpital psychiatrique.
Tout à fait mais c'est justement à travers le cinéma et le vécu d'une histoire qu'on s'aperçoit que la personne concernée par la maladie mentale a une vraie sensibilité, a de vraies difficultés et c'est en partageant par l'affect qu'on peut arriver à toucher le grand public à comprendre le patient et là on déstigmatise parce qu'on s'aperçoit que, finalement, c'est des choses qui peuvent arriver à beaucoup de gens ou à tout le monde même de tomber dans la maladie. En fait c'est exactement ça. Et souvent on nous dit même que nos films 'elle est où la maladie mentale ou la santé mentale ?' Et en fait c'est par ce biais là qu'on peut toucher.
Donc finalement la santé mentale avec la psychiatrie c'est un débat citoyen et deux un débat politique.
Tout à fait. C'est clairement politique. C'est un débat tout à fait politique. L'ouverture des hôpitaux psychiatriques et la remise à la rue, parce que je suis psychiatre de rue, en fait, aussi alors la remise à la rue des patients dans la cité c'est un choix politique. On a passé un siècle, ou deux, où on pensait que c'était mieux de vivre à l'intérieur d'une grande collectivité comme l'asile. On pensait que c'était mieux que les patients soient disons aliénés à une structure plutôt que vivre sur l'autre toit. Ça pose d'autres problèmes de vivre sur un trottoir. Donc éminemment politique.