ETUDE - Le climat méditerranéen gagne du terrain. De 1979 à 2009, il s'est déplacé d'au moins 100 kilomètres vers le Nord. Si Lyon bénéficie toujours d'un climat tempéré, la ville affiche une hausse de ses températures de l'ordre de 1,5°C sur 30 ans. Les conséquences, observables à l'échelle de quelques décennies, impactent déjà l'agriculture. Précisions.
En 2009, la température moyenne à Lyon correspondait à celle qu'affichent en 1980 des villes méridionales comme Montpellier ou Avignon. La ville pourrait à terme troquer son climat tempéré pour un climat méditerranéen. Alors qu'en 1980 la limite du climat méditerranéen s'établissait au nord d'Avignon, elle se situe aujourd'hui au dessus la ville de Montélimar, au sud de Valence. C'est ce que révèle une étude réalisée par quatre chercheurs de l'Institut national de recherche agronomique (INRA) en partenariat avec le Centre national de recherche scientifique (CNRS). Sur la base de données récoltées entre 1979 et 2009 dans 14 stations météorologiques du sud-est, les chercheurs ont établi que la température moyenne à Lyon avait augmenté de 1,5°C sur une période de 30 ans; de 2,4°C s'il on isole la période estivale. Et les effets sur l'agriculture sont bien visibles. ''De façon générale, de nombreux signes traduisent l'influence de la hausse des températures'' estime Bernard Seguin, ancien chercheur à l'INRA de Montpellier. Mais ''même si c'est spectaculaire ça se fait sur plusieurs décennies et pas en 1 ou 2 ans'' tempère Christophe Gratadour, spécialiste arboricole à la maison d'agriculture du Rhône.
''Potentiellement des oliviers peuvent pousser à lyon''
La première conséquence qu'évoque Bernard Seguin c'est ''la précocité des dates de floraison, de moisson et de vendange''. En ce qui concerne la culture viticole, il explique que la période de floraison des vignes a avancé d'une semaine, celle de la varaison de 2 semaines et que la vendange peut avoir lieu jusqu'à 3 semaines avant les dates que l'on connaissait il y a une cinquantaire d'années. ''Aujourd'hui on vendange début septembre, il y a 50 ans, on vendangeait début octobre'' assure-t-il. Et ''la température est l'élément fondamental en la matière'' estime le chercheur qui relève que ''potentiellement, avec une température de 20° des oliviers peuvent pousser à Lyon''. Potentiellement seulement car le Lyonnais subit régulièrement des invasions d'air froid et ne bénéficie pas toujours d'un éclairement suffisant. Reste que, potentiellement, Lyon remplit de plus en plus les critères d'une ville méditerranéenne, notamment avec de fréquents déficits en eau.
''2012 s'annonce comme une année relativement sèche''
Un constat que partage Christophe Gratadour qui rappelle que 2011 a été une année ''particulièrement précoce en termes de récoltes; 15 jours d'avance sur une année moyenne''. Le spécialiste arboricole estime que les effets du changement climatique se manifestent à 2 autres niveaux : la généralisation des périodes de sécheresse qui réduit la quantité d'eau stockée et les besoins en froid croissants des arbres fruitiers. ''On observe par la suite des anomalies florales, des fleurs qui ne sont pas fertiles ou des chutes de bourgeons'' s'inquiète-t-il. Mais le spécialiste reste optimiste : ''même si les experts prédisent qu'à terme le climat de Lyon sera méditerrannéen, une adaptation de l'agriculture est possible''. Un livre blanc sur la recherche arboricole est en cours d'élaboration et l'adaptation des cultures au dérèglement climatique en est un point central. En tout état de cause, cette année comme en 2011, la tendance dans le Lyonnais sera au réchauffement pour cause de stocks d'eau déjà insuffisants : ''2012 s'annonce comme une année relativement sèche'' prévoit-il.
Lien de l'étude : https://www1.montpellier.inra.fr/PSDR/doc/climfourel/FOCUS-PSDR3-CLIMFOUREL_Clim%20Chgt.pdf