A partir de ce jeudi 1er juillet, le congé paternité passe de 14 à 28 jours. Une avancée, mais le chemin est encore long selon l'association "La Cause des Parents".
Il s'agissait d'une réforme longuement réclamée par les syndicats et associations de parent. Annoncée en septembre 2020 par le président de la République, elle est désormais actée : le congé paternité est prolongé à 28 jours au lieu de 14, dont 7 jours obligatoires. Le congé est aussi variable dépendant de la nature (en cas d'hospitalisation du nouveau-né dans une unité de soin spécialisé) ou du nombre de naissances (en cas de naissance multiples).
Selon l'association lyonnaise "la Cause des Parents", contactée par Lyon Capitale, cependant, "c'est un minimum syndical".
"C'est mieux que rien", nous explique avec lassitude l'association, "mais c'est pas une avancée énorme. Il va déjà falloir que les papas et les seconds parents puissent prendre ces jours ". Elle évoque notamment des témoignages de pères et seconds parents qui n'avaient pas même eu la possibilité de prendre les 14 jours initiaux.
"L'idéal ce serait que les parents puissent bénéficier d'un temps où ils seraient bien rémunérés -que ce soit pour le congé paternité ou maternité- quand ils sont à leur compte, ou pour les salariés du public et du privé, qu'il y ait pas de pression des employeurs". Elle ajoute : "Il faudrait surtout que les personnes les plus précaires puissent en bénéficier".
"L'augmentation n'est pas non plus très importante. On est vraiment loin d'autres pays. C'est un minimum syndical ce qu'ils ont proposé" La Cause des Parents
Il est vrai que si la France se place dans la moyenne des pays européens (1,4 semaines environ), c'est toujours assez peu en comparaison avec ses voisins espagnols (qui passe en 2021 de 8 à 16 semaines) ou allemands (8 semaines également).
Ailleurs en Europe, ce sont les scandinaves qui, comme souvent en termes de réformes sociales, ont instauré le plus long congé paternité : en Norvège, les deux parents bénéficient de 10 semaines minimum et de 39 autres qu'ils se partagent, en Finlande les pères bénéficient de 54 jours (ce qui est amené à augmenter significativement dès 2022), et en Suède 48.
L'Union Européenne a quant à elle adopté une directive pour 2022 établissant un congé paternité de 10 jours minimum.
"Il faudrait un temps suffisamment long pour que les deux parents puissent faire connaissance avec leur enfant et se sentir en confiance" La Cause des Parents
L'association évoque aussi un "changement de regard" dans la société nécessaire "sur ce temps consacré".
"Le terme de congé est assez faux", soutient-elle, "il faudrait que la société puisse voir qu'il s'agit d'un temps d'accueil de l'enfant et que c'est tout sauf un congé".
En conclusion, elle explique qu'il faudrait, dans l'idéal, "un temps suffisamment long pour que les deux parents puissent faire connaissance avec leur enfant et se sentir en confiance. Que chacun des deux parents, indépendamment de l'autre, soit confiant vis à vis des soins qu'il offre à son enfant et que le père ne doive pas être dépendant de la maman pour donner les soins".
La dernière réforme du congé paternité en France datait de 2001, lorsqu'un premier véritable congé paternité de 11 jours avait été créé. Avant cela, depuis 1946, il n'y avait, pour les pères de famille, que le congé de naissance de 3 jours (qui, ajouté aux 11, faisait effectivement 14 après 2001).
Plus d'informations sur les modalités de l'allongement du congé paternité sur le site du gouvernement.
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Et bientôt 9 mois de congés parental pour les 2 pendant la grossesse. !