Grande mosquée de Lyon (© Grande mosquée de Lyon)

Le Conseil des mosquées du Rhône dénonce de nouveau un rejet des banques

Dès le mois de novembre 2021, le Conseil des mosquées du Rhône affirmait être boudé par les banques, expliquant que plusieurs mosquées avaient vu leurs comptes bancaires bloqués ou fermés. Près de 10 mois plus tard, la situation n’aurait pas évolué et le CMR dénonce désormais un "apartheid bancaire".

Les mosquées du Rhône feraient-elles l’objet d’un traitement discriminant de la part des institutions bancaires ? C’est en tout cas ce que semble penser le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) qui dénonce cette semaine la fermeture des comptes bancaires de dizaines d’instituions musulmanes et de leurs "bienfaiteurs". 

L'argent liquide noeud du problème ?

Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon et président du CMR. © Tim Douet

Dès le mois de novembre 2021, le CMR dénonçait une pratique jugée "abusive" et "injuste", en expliquant qu'"aucune infraction, qui justifierait ces fermetures de compte, n'a été relevée". Auprès de nos confrères de l’AFP, le recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne, Azzedine Gaci, affirme que la situation "dure depuis plusieurs années. Cinq ans, au moins", selon lui, si bien que "cela paralyse complètement les travaux et la vie générale des mosquées". Dans le Rhône, notamment à la Croix-Rousse à Lyon, ainsi qu’à celles de Villeurbanne, ou encore à Décines-Charpieu, selon Kamel Kabtane, le président du CMR, et "des dizaines de mosquées en pleine construction (ou extension) ont subi la fermeture de leurs comptes bancaires".

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Il y a près de 10 mois, la direction du CMR indiquait à Lyon Capitale que les banques tiquent devant les grosses sommes d'argent liquide versées sur les comptes des mosquées. "Ce sont simplement les musulmans qui donnent de l'argent liquide lors de la quête. Quand on ramasse cet argent, on le vire directement à la banque. Pour se prémunir de tout problème avec cet argent liquide, les banques ne veulent plus ouvrir de comptes aux mosquées. Il n'y a pas la culture de la carte bancaire dans les mosquées", affirme le CMR.

Réponse frileuse des banques

À entendre Azzedine Gaci, "aucun motif" officiel ne serait toutefois donné par les banques "au moment de la fermeture des comptes". D’après lui "toutes les banques sont concernées", par ces "mesures discriminatoires", "notamment La Poste et BNP-Paribas". Les deux institutions bancaires contactées par l’AFP se sont montrées plus que prudentes au moment d’aborder le sujet. Du côté de la BNP Paribas, on ne souhaiterait pas commenter "les situations individuelles" de ses clients, tout en assurant que "chaque situation est étudiée en matière de connaissance des clients, dans le respect des obligations réglementaires". Quand chez la Banque Postale on expliquerait "se réserver la possibilité de clôturer des comptes d’associations afin d’être conforme à ses obligations réglementaires". 


"À l’initiative des banques dans le cadre de leur vigilance en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme", le ministère des Finances


Invité à s’exprimer sur le sujet par l’Agence France Presse, le ministère des Finances assure que "ces mesures ne sont pas prises à la demande des pouvoirs publics", mais "à l’initiative des banques dans le cadre de leur vigilance en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme". Bercy ajoute qu’un dialogue a été entamé entre le ministère de l'Intérieur, le ministère des Finances et les parties prenantes pour "appeler les banques à trouver des solutions amiables avec les associations concernées".

Du côté de la place Beauvau, il se dit que "le ministère de l’Intérieur soutient Kamel Kabtane dans sa démarche" et à Bercy on précise que des fermetures de comptes "peuvent toutefois être entachées d'erreurs d'appréciation" qui les rendraient "tout à fait injustifiées". 

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