Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, Grégory Doucet, maire de Lyon, laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes
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Le contact et la distance

La liberté de la presse (à Lyon et ailleurs) implique de la part des élus une certaine pédagogie de sa liberté et de son indépendance. L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale.

“Le journalisme, c’est le contact et la distance.” La formule de Beuve-Méry, journaliste fondateur du Monde et de son avatar diplomatique, résonne aussi follement que le retour des pépiements de moineaux à Lyon.

Pas évident, d’un côté, d’avoir ses entrées chez les élus et, de l’autre, de garder sa liberté. De cultiver ses sources tout en tenant la bonne distance pour éviter les connivences. Liaisons parfois dangereuses entre la presse et le pouvoir.

Les élus (pas tous, fort heureusement) reprochent aux journalistes leur manque d’impartialité et d’indépendance. Ils s’en méfient comme du Covid. Surtout quand ils sont aux fonctions.

Dans les couloirs du pouvoir, il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre les petits noms d’oiseaux (la plupart du temps sans grande originalité) qu’ils donnent : “gratte-papier”, “journaleux”, “pisse-copie”, “scribouillards, “emmerdeurs”, “baveux”, “commentateurs”… Il faut reconnaître que certains élus font un effort, comme le “bobardier” entendu à l’hôtel de ville ou le “requin-baleine” à la Région (rapport avec l’aspirateur des mers…?).

Lors de leurs vœux à la presse, qui ont duré jusqu’à la fin janvier, les élus se sont passé le bon mot : la presse doit éclairer les débats, être libre, insoumise, franc-tireuse, etc., etc., etc. Que de bons sentiments.

Surtout quand on est dans l’opposition, les journalistes sont les “garants de la démocratie”. Arrivés au pouvoir, certains, vraisemblablement les plus dogmatiques et idéologues, ne comprennent pas, ou ne veulent pas comprendre, beaucoup plus probablement, qu’un journaliste n’est pas un communicant.

Lorsqu’un média ne va pas dans leur sens ou est critique, il devient hors-sol ou non grata. La rumeur circule alors. Les réseaux sociaux sont une aubaine. 280 signes sur Twitter. Ça gazouille, ça gazouille. Puis (souvent), ça fait pschitt.

Depuis sa création, en 1994, Lyon Capitale a toujours eu pour objectif la neutralité et l’équité, autant que faire se peut.

Nous avons sans cesse donné la parole à chacun dans un souci d’impartialité. Et nous continuerons. Parce que c’est ce qu’attendent les lecteurs d’un média.

Nous n’avons aucun parti pris, ne sommes d’aucun parti ni d’aucune chapelle et ne recevons d’ordre de quiconque. Aucune “manufacture du consentement”. Esprits libres.

Nous ne jugeons pas, ne condamnons personne. Nous informons. Afin que chacun se forge sa propre opinion. C’est encore une chance à Lyon, en France, d’avoir cette liberté, au demeurant de plus en plus ébranlée.

Informer, c’est faire circuler l’information et confronter les idées pour créer le débat nécessaire et former les volontés individuelles.

Après leurs vœux à la presse, il n’est pas superflu de rappeler aux responsables publics que la liberté de la presse implique de leur part une certaine pédagogie de sa liberté, précisément, et de son indépendance.

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