INTERVIEW - Alors que le beau temps s'est installé dans la région, le niveau des nappes phréatiques est préoccupant. Laurent Vernay, hydrogéologue chargé de mission à la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) fait le point.
Lyoncapitale.fr : Les ressources en eau sont-elles suffisantes dans la région lyonnaise ?
Laurent Vernay : Les informations que nous avons collectées en mars ne sont pas très optimistes. Le niveau de l'eau dans les nappes phréatiques est plutôt inférieur à la normale, c'est-à-dire aux niveaux observés les années précédentes à la même période. Une trentaine de bassins ont été identifiés comme “préoccupants“. Beaucoup des indicateurs sont au orange ou au rouge.
Quels secteurs sont les plus touchés ?
Trois secteurs sont particulièrement concernés en région lyonnaise. La Plaine de la Saône, au nord de Lyon, où les ressources souterraines en eau ont drastiquement baissé ces derniers mois. La nappe qui se situe en dessous de la rivière est passée d'une situation largement excédentaire à un niveau inquiétant. L'Est lyonnais est aussi un secteur préoccupant, à cause d'une forte croissance de la demande en eau ces dernières années, que l'on peut expliquer par l'implantation de nouvelles usines et l'arrivée de nouveaux habitants. Sur le couloir d'Heyrieux, le niveau de la nappe n'a pas été aussi bas depuis une dizaine d'années.
A Meyzieu, la situation ne se détériore pas, elle reste dans le rouge comme à son habitude. On peut expliquer cette récurrence du manque d'eau par une pression de prélèvement supérieure à 100%, contre 10 à 20% dans le reste de la région Rhône-Alpes/Méditerranée. C'est-à-dire que l'on prélève plus que la nappe ne se recharge. Une situation qui peut poser de gros problèmes à moyen et long terme, notamment en Isère. Ce département n'a reçu que 83% de ses précipitations normales depuis septembre 2010.
Si la nappe rétrécit chaque année, la question de la centrale nucléaire du Bugey va devenir préoccupante. Enfin la vallée du Garon, qui alimente en eau le sud-ouest lyonnais, traverse également une période relativement sèche, mais sa situation tend à s'améliorer petit à petit : du rouge, elle est passée dans le orange. On commence à se rapprocher de la normale, mais on reste soumis aux conditions météo.
Est-ce que des mesures sont prises pour éviter de revivre l'été 2003 ?
À l'heure qu'il est on ne peut pas encore prévoir de sécheresse pour cet été, surtout pas un phénomène de l'ampleur de la canicule de 2003. Mais des tendances se dessinent. S'il pleut abondamment dans les mois prochains, les nappes pourront se recharger. Mais cette hypothèse est peu probable. D'autant plus qu'avec la chaleur que nous connaissons depuis ces dernières semaines, le phénomène d'évapotranspiration est amplifié. Sur les 481,7 mm d'eau tombés à Lyon depuis septembre 2010, seulement 228,5 ont contribué au rechargement des nappes, le reste a été balayé par le vent ou s'est évaporé.
Nous (la DREAL) ne prenons aucune mesure contraignante. Notre mission est de collecter des données, d'informer et de conseiller les acteurs de l'eau. À ce stade, nous commençons à les alerter et à les aider à réduire leur consommation. C'est la Mission Interservice de l'Eau (MISE) qui possède les compétences pour intervenir. Elle décide, par l'intermédiaire du préfet, de prendre des décisions restrictives comme des mesures de régulation de la consommation d'eau ou les fameux “arrêtés sécheresse“.
Voilà un état des lieux, assez inquiétant. D'autant plus que, s'il y a baisse du niveau des nappes phréatique, la concentration des polluants y est plus importante.Dans le numéro d'avril de Lyoncap, il y a deux enquêtes intéressantes sur notre environnement. L'une porte sur l'air et l'autre sur l'eau...Deux éléments vitaux à notre vie.
ok
Mais alors il ne faut pas construire le stade Aulas à Décines ! Aulas veut 50 hectares d'une terre agricole qui captait l'eau pour alimenter les écoulements vers le parc de Miribel. L'hydrologie y est complexe et mal connue. La nappe est à 10 mètres et les fondations pour cet édifice de 350 mètres de long et 60 mètres de hauteur occasionneraient des perturbations difficiles à prévoir. Il faudrait que nos dirigeants mettent de l'eau dans leur vin.
bonjour on pourrait commencer par interdire les piscines privées ! Les piscines publiques coûtent chères aux collectivités, mais globalement la multiplication des piscines sur le terrain des villas est un gaspillage d'eau : donc on est sur un problème politique, comme d'hab... et cela m'étonnerait beaucoup qu'il y ait décision dans ce sens !