Pointé du doigt depuis plusieurs années, le Di-Antalvic est désormais interdit de cité dans les pharmacies de France. Un médicament largement consommé dans l’hexagone et dont le surdosage provoquerait des problèmes cardiaques.
Plus de Di-Antalvic dans les officines de France à partir du 1er mars. C’est ce qu’a décidé l’AFSSAPS. L’antalgique consommé régulièrement par près de huit millions de Français perd son autorisation de mise sur le marché. Mais il n’est pas le seul, puisque tous les produits à base de dextropropoxyphène, comme le Propofan ou ses génériques, sont rappelés par les sept laboratoires qui en font le commerce. La molécule, prescrite dans le cadre du traitement des douleurs modérées à sévères, serait accusée, selon l’AFSSAPS, d’entraîner "un risque de modification de l’électrocardiogramme chez la personne âgée, aux doses thérapeutiques maximales".
En somme, dans les limites de la posologie, et pour une certaine frange de la population, le Di-Antalvic pourrait perturber le rythme cardiaque, notamment à cause d’un léger ralentissement des fonctions hépatiques et rénales. En janvier dernier, les spécialités à base de dextropropoxyphène avaient déjà été placées sur la liste des médicaments dont le suivi a été renforcé par l’AFSSAPS. Pour Bernard Pouget, représentant rhônalpin de l’Union Nationale des Pharmacies, ce retrait s'apparente plus à "une mesure de précaution pour palier des problèmes de surconsommation et de mésusage".
Un médicament décrié depuis longtemps
La fin de ce best-seller est assurément un coup au moral et au portefeuille des laboratoires pharmaceutiques, puisque les Français en sont les premiers consommateurs en Europe. Pourtant, la suppression de cette gélule n’est pas une surprise. Depuis plusieurs années déjà, du côté des laboratoires, on prévenait les médecins de l’arrêt éventuel de la molécule, la balance bénéfice-risque étant souvent remise en question. Il y a près d’un an, il avait même été demandé aux prescripteurs de ne plus initier de traitement au Di-Antalvic, mais de se contenter d’en renouveler les ordonnances.
Le 14 juin 2010, la Commission Européenne avait demandé "le retrait du marché européen de toutes les spécialités contenant du dextropropoxyphène dans un délai maximal de 15 mois".En novembre dernier, une étude américaine mettait en évidence les altérations du rythme cardiaques que peuvent entraîner le Di-Antalvic et le Propofan, estimant même que les personnes utilisant des médicaments à base de dextropropoxyphène s’exposent à une mortalité supérieure par deux fois à celle des patients utilisant d’autres antalgiques de type codéine ou paracétamol.
"L’essentiel est de rassurer les patients"
Mais pas de panique pour les patients utilisant régulièrement ce type de médicaments. Ils ne doivent pas suspendre leur traitement de manière brutale, mais plutôt se rapprocher de leur médecin prescripteur qui les redirigera vers une autre molécule comme le Tramadol par exemple. Derrière le retrait du Di-Antalvic, c’est évidemment le spectre de l’affaire Mediator qui refait surface. "Nous devons avoir conscience que ces effets indésirables doivent être traités avec le plus grand sérieux" a précisé Xavier Bertrand, ministre de la Santé, qui voudrait se prémunir d’un "Mediator bis". Pour Bernard Pouget, "l’essentiel est de rassurer les patients, car un bon nombre prennent peur du médicament".