Déconfinement : Lyon a moins d'un mois pour un plan vélo et piéton ambitieux

"Urbanisme tactique" ou comment repenser les déplacements en ville le plus rapidement possible, notamment pour les piétons et cyclistes. Cette technique d'aménagement permet le respect des distances lors du déconfinement, une fois l'épidémie de coronavirus COVID-19 maîtrisée. La métropole de Lyon a moins d'un mois pour développer un plan vélo et piéton ambitieux, tout en s'inspirant de ce qui se fait ailleurs. Explications et exemples dans le monde.

Les villes françaises, dont celles de la métropole de Lyon ont toutes été construites en laissant la majorité de l'espace aux voitures. Véhicules avec majoritairement une seule personne, pour une occupation de l'espace au sol essentiellement entre 6 et 8 m2 . À l'inverse, les transports en commun, le vélo ou la marche à pied ont un meilleur ratio "utilisation de l'espace public / pour nombre de personnes transportées". Ce n'est pas un scoop, depuis plusieurs années, de nombreuses photos et vidéo montrent la même rue uniquement occupée par des automobilistes, cyclistes, piétons ou usagers d'un réseau de bus.

 

La tendance récente dans une métropole comme Lyon était de redonner de la place aux transports en commun en site propre, à l'image de ce qui s'est fait pour la ligne C3 (doublée d'une bande cyclable où les vélos peuvent passer en priorité aux feux "dans l'ombre du bus"). L'effet voulu est simple : ceux qui l'empruntent ne subissent pas les bouchons et ne perdent pas de temps. En parallèle, les conducteurs coincés à côté, qui se font continuellement doubler par des modes plus efficients, peuvent décider de tenter l'expérience.

Et vient alors le coronavirus COVID-19

Le coronavirus COVID-19, le confinement, et la nécessité de maintenir la distance entre chaque usager de la rue ou dans les transports modifient aujourd'hui le paradigme. Le déconfinement pourrait accélérer les changements tout en apportant des nouveaux qui s'inscrivent dans un rééquilibrage de l'espace public en fonction de l'intérêt du plus grand nombre. Aujourd'hui, l'ensemble des acteurs des transports en commun s'inquiètent de ne pas retrouver tous leurs usagers immédiatement après le confinement, tout en devant régler la nécessité de maintenir la distance sociale entre eux. En parallèle, la crainte de voir le trafic automobile et une congestion plus forte est réelle (sachant qu'ajouter des routes ne règlent pas le problème, au contraire). Restent alors deux modes qu'il est possible de privilégier rapidement en leur redonnant de l'espace pour maintenir les distances sociales : la marche et le vélo. C'est là que l'urbanisme tactique entre en jeu.

Une tendance mondiale 

Pour favoriser ces deux modes, l'urbanisme tactique préconise de mettre en place le plus vite possible des structures temporaires ou pérennes à l'image de plots, blocs de béton, qui permettent de reprendre de l'espace sur les zones dédiées aux voitures et d'offrir des voies protégées aux piétons et cyclistes. Il ne s'agit pas de bouter les voitures hors des villes, mais de procéder à un rééquilibrage dans un contexte où il est incontournable.

Plusieurs grandes métropoles ont ainsi commencé à mettre en place des initiatives de ce genre. Berlin a été l'une des premières avec ses pistes temporaires.

 

A Bogota, ce sont 76 km de nouvelles pistes cyclables qui sont ouvertes entre 6h et 19h30. Même aux Etats-Unis, pourtant considérées comme le royaume du tout voiture, l'initiative a été mise en place, comme à Boston.

 

 

La métropole de Lyon à la traine... comme les autres

Le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement vient de publier un guide "Aménagements cyclables temporaires et confinement: quelles opportunités ?" Ce dernier a vocation d'aider les collectivités françaises à mettre rapidement en place des infrastructures pour préparer le déconfinement. Selon le Centre, il n'y a aucun obstacle légal en France.

Sources Cerama

Pour l'instant, les villes françaises restent encore timides sur la question. Seules Montpellier, Grenoble, Paris et Rennes se sont montrées volontaires (bien après la tendance mondiale et sans mises en place pour l'instant). Du côté de la métropole de Lyon. Aucune communication sur le sujet n'a été faite pour le moment.

Par ailleurs, la collectivité n'a pas profité de la fermeture des berges pour proposer d'alternatives crédibles pour le moment. Ainsi, entre Gerland et les Universités, les cyclistes se retrouvent aujourd'hui dans les flux routiers classiques où les vitesses ont augmenté, sans aménagement dédié, voire roulent sur les trottoirs, déjà réduits au strict minimum à côté d'une avenue Leclerc, deux fois deux voies. Une occasion manquée tant la demande était réelle et surtout la zone propice à un espace temporaire. Le Grand Lyon a donc désormais moins d'un mois pour proposer un plan piéton et vélo ambitieux, la bonne nouvelle, c'est que l'urbanisme tactique permet d'être rapide et efficace à condition de montrer un peu de courage politique.

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