Malgré des budgets en forte hausse, la politique de logement social de la communauté urbaine tarde à produire ses effets. Et pourtant, une dynamique est en cours et va s'amplifier dans les années à venir, avec un objectif de 4000 logements sociaux par an à partir de 2011. Explications.
Un constat qui éclaire sur les enjeux : 62% des ménages de l'agglomération ont des revenus inférieurs au plafond d'accès à un logement HLM (soit 327.500 foyers) et pourraient prétendre à entrer dans le parc social. C'est dire l'immensité des besoins. C'est ainsi qu'en 2009, 50.000 dossiers ont été déposés, certains provenant de locataires déjà logés dans des HLM. Sur quatre demandes, une seule offre de logement a été satisfaite. "Il faut construire du privé et du public et agir sur le foncier pour le faire à un prix accessible", a affirmé ce lundi le maire de Lyon. En 2010, l'agglomération comptait 585 600 logements correspondant à 450 000 logements privés et 135 624 logement sociaux (soit 23,2%).
L'effet ketchup du logement social
Crée il y a quatre ans, le Programme local de l'habitat (PLH) est un instrument de prévision et de programmation qui vise à répondre aux besoins en logements et favoriser la mixité sociale. Il a pour mission de définir les objectifs de production du logement social, réparti en trois catégories : par ordre croissant de ressources, le Prêt locatif aidé d'intégration (PLAI), le Prêt locatif à usage social (PLUS) et le Prêt locatif social (PLS). "Depuis 2001, le nombre de logements sociaux programmés a été multipliée par plus de trois", relève Olivier Brachet, vice-président au Grand Lyon en charge du logement social. Cette tendance s'est surtout affirmée à partir de 2007. Or souligne l'élu, "un logement privé met deux ans à sortir de terre tandis qu'un logement social met quatre ans". "C'est l'effet ketchup, résume Gérard Collomb. Il faut secouer longtemps le flacon pour que cela sorte". Voilà pourquoi un décalage s'opère entre le lancement de programmes et leurs effets sur le terrain, perceptibles par les administrés.
En tous cas, le Grand Lyon se fixe pour objectif de passer de 2680 logements inaugurés par an entre 2007 et 2010 à 4000 logements par an pour la période 2011-2013. A signaler que cette production nouvelle se répartira équitablement entre l'Est et l'Ouest de l'agglomération (25% chacun) tandis que Lyon et Villeurbanne en accueilleront l'autre moitié. Mais pour l'heure, le rééquilibrage de l'agglomération se fait lentement : la concentration de logements sociaux (PLUS et PLAI) est toujours forte à l'Est, bien qu'en baisse, de 37,7% en 2001 à 34,8% en 2010. Le parc social reste à peu près stable à Lyon/Villeurbanne (de 19,25% à 20,03%) et dans l'Ouest (de 19,7% à 20,7%).