Les forces de l’ordre ont procédé lundi matin à l’expulsion de familles roumaines dans un immeuble situé au 47, cours de la République à Villeurbanne dans le secteur des Charpennes. Certaines d’entre elles, en cours d’insertion, sont à la recherche d’un logement social.
« Tout le monde dehors ! » Neuf familles appartenant à la minorité "Rom" de Roumanie ont été expulsées ce lundi matin d’un immeuble qu’elles occupaient partiellement, « sans droit ni titre », depuis le début du mois de septembre 2009. Le squat, situé au 47 cours de la République à Villeurbanne, abritait « 36 personnes dont 19 enfants de moins de 15 ans » a rapporté un jeune couple de sans-abri désireux de garder l’anonymat.
L’expulsion, qui a été réalisée vers 8 heures par la force publique, s’est déroulée « sans souci et sans heurts particuliers » a précisé sur place une source policière. Des propos confirmés par les squatteurs qui ont tenu à préciser qu’ils avaient été avertis par la Police, jeudi 22 juillet, que l’éviction aurait lieu lundi matin. La Direction départementale de la sécurité publique du Rhône a dépêché sur place deux cars de CRS et une patrouille du Groupe de sécurité de proximité encadré par plusieurs officiers du commissariat de Villeurbanne. Mais, après leur arrivée, les forces de l’ordre n’ont constaté la présence que de quatre femmes accompagnées de leurs enfants en bas-âge. Les autres avaient préféré partir sans doute pour éviter toute confrontation.
Une longue procédure judiciaire
Le commandement de quitter les lieux faisait suite à une longue procédure judiciaire engagée à la demande de la Communauté urbaine qui était propriétaire de divers lots de copropriété, dont deux appartements d’environ 45 m2 chacun se trouvant au rez-de-chaussée.
Pour rappel des faits, selon des informations établies par la signification d’ordonnance de référé, le 23 octobre 2009, Maître Tronel, huissier de justice à Lyon, avait constaté que les biens de son client étaient illégalement occupés et avait fait sommation aux occupants indésirables de partir. Sans effet. Le 10 novembre, le Grand Lyon avait alors décidé d’assigner sept personnes, les adultes recensés lors de la première visite de Maître Tronel, devant le Tribunal d’instance de Villeurbanne afin « (d’) ordonner l’expulsion immédiate (…), avec au besoin, l’assistance de la force publique ». La partie civile précisant les conditions de vie insalubre et son intention d’acquérir des autres appartements de l’immeuble squatté pour ensuite démolir le bâtiment et construire ensuite, d’autres logements.
L’affaire avait été plaidée à l’audience du 10 décembre. La décision de justice avait été reportée au 7 janvier, le juge du tribunal était revenu, « au regard de la période hivernale », sur le délais requis par le Grand Lyon et avait accordé un délais supplémentaire de trois mois pour quitter les lieux avant de fixer l’expulsion au 21 juin.
Des familles en cours d’insertion et à la recherche d’un logement
Ces neuf familles, toutes originaires de Carassau – un village situé dans la région de Bihor dans le Nord-Ouest de la Roumanie, sont pour la plupart arrivées en France en 2007. A elles seules, elles témoignent des difficultés d’insertion de ces citoyens européens. Bien qu’engagées dans des démarches d’insertion avec l’ALPIL depuis, qui assure un suivi social régulier, ces personnes sont aujourd’hui toujours sans-abri. Aucune solution de relogement ne leur a été proposée.
Errant de squat en squat depuis leur arrivée, certains d’entre eux auront déjà vécu pas moins de cinq expulsions en trois ans. Pour exemple un père et sa famille qui ont habité dans le bidonville de Bonnevay et Parilly en 2007, une maison abandonnée dans le secteur de Cusset en 2008 avant de retourner dans le bidonville de la Gare de Villeurbanne. En attendant, certains, disposant d’aides sociales suffisantes pour pouvoir s'offrir un toit, ont fait plusieurs demandes pour obtenir un logement social. Notamment auprès de Grand Lyon-Habitat. « On n'a toujours pas de réponse » se désespérait une famille qui avait trouvé refuge dans le square des anciens combattants d’Afrique du Nord de la rue Louis Becker et ne savait pas vraiment où aller….