Alors que le froid s’installe sur Lyon et risque de tenir au moins jusqu’à la fin du week-end, la préfecture a déclenché le niveau 3 du plan hivernal dans le Rhône. Principale conséquence : la réquisition du gymnase Bellecombe dans le 6ème arrondissement vendredi dès 18h.
Méteo France prévoyait une baisse significative des températures pour la fin de la semaine, on peut dire que l'institut national de prévisions météorologiques ne s’est pas trompé. Les températures négatives rendent la vie des sans-abri complètement insoutenable. Pour pallier au danger que représentent ces baisses de températures pour les populations fragiles, la préfecture a mis en place 110 lits supplémentaires installés dans le gymnase de Bellecombe à Lyon 6e. Gilles May-Carle, fonctionnaire depuis 30 ans dans les services sociaux et actuel directeur départemental de la cohésion sociale du Rhône, était présent à l'ouverture du gymnase Bellecombe pour présenter le dispositif.
Un accueil suffisant
Sur place, les 110 couchettes sont déjà installées ainsi qu’une quinzaine de tables, l’installation a duré cinq heures. Gilles May- Carle est sûr de son fait : "Selon moi, j’ai prévu ce qu’il fallait". Cela dit, il s’est également préparé à faire face à une demande plus forte et ajoute que "si les 110 places ne sont pas suffisantes, j’ai d’autres places". Il ne s’inquiète pas de ses capacités à gérer cette crise et fait appel à son expérience du métier : "mon métier, c’est de mettre à l’abri les gens, et ce soir j’y parviendrai". Le personnage rayonne par sa bonhomie et son sens des responsabilités, pour lui "la communication est moins importante que la réactivité". Pour ce qui est du public concerné par ces nouvelles mesures, il explique que les profils sont divers, allant des personnes isolées aux familles issues de l’immigration de l’Est de l’Europe qui vivent généralement dans des squats. Il assure : "il ne sera laissé personne sans solution".
Les associations de sans-abri perplexes
Face à l’assurance affichée par le responsable départemental du plan hivernal, les associations tirent quant à elles la sonnette d’alarme. Chaque jour rappellent-elles 250 à 350 personnes appellent le 115 et se voient refuser l’accès à un hébergement. Cela alors que la loi dispose que "toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence" dans l’article L345-2-2 du Code de l’action sociale et des familles. Au final, les 110 places assurées par le directeur départemental de la cohésion sociale paraissent bien peu par rapport aux chiffres des associations. De plus ce dernier refuse de communiquer sur la réalité effective des places disponibles pour les sans abri en cas de très forte demande. Il affirme néanmoins que pour 300 ou 350 personnes cela serait possible. Affaire à suivre.
Les collectivités comprendront peut-être un jour qu'il est plus efficient de faire que de subventionner des associations de mutins de Panurge. Evidemment, le marché des associations subventionnées est une bourse électorale et l'on ne doit pas toucher aux prébendes des clients et rentiers de l’indignation démagogue... Mais il faut savoir choisir entre l'action et la posture devant la glace.