Bruno Bernard, président du Sytral et de la Métropole de Lyon © Antoine Merlet

Le jeu d'équilibriste de la Métropole de Lyon, construire sans artificialiser

La Métropole de Lyon s'engage dans une révision du Schéma de cohérence territorial, document stratégique définissant les grandes orientations d'aménagement du territoire pour les vingt prochaines années.

Approuvé en 2010, le Schéma de cohérence territorial (Scot) de l'agglomération lyonnaise (élaboré par le Sepal, comprenant la Métropole de Lyon, la Communauté de communes de l’Est lyonnais (CCEL) et la Communauté de communes du Pays de l’Ozon (CCPO)), document hautement stratégique définissant les grandes orientations d'aménagement pour le territoire, devait courir jusqu'en 2030. Le président écologiste de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard a décidé d'initier une révision du Projet d'aménagement stratégique du Scot qui devrait être approuvé fin 2026 (soit quelques mois avant les prochaines élections) après avoir été discuté courant 2024.

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"Zéro artificialisation nette" et croissance démographique, la Métropole prise en étau

Ce lundi, une commission générale du conseil métropolitain a été ouverte au public, au cours de laquelle chaque groupe politique a disposé d'un temps de parole. Un format qui n'a pas satisfait l'opposition, David Kimelfeld, président du groupe Progressistes et Républicains déplorant notamment "un manque d'interactivité". Le centriste aurait préféré un débat en forme "d'agora", dit-il. A droite, on s'interroge sur le timing de cette révision. "Ce nouveau Scot va s'appliquer début 2026, juste avant les nouvelles élections. Démocratiquement, on a vu mieux", juge-t-on sur les bancs de l'hémicycle.

Le manque de bilan global du Scot de 2010 est également dans toutes les bouches. "Vous lancez une révision accélérée, à marche forcée, en faisant l'impasse sur les diagnostics. Cela traduit une volonté d'imposer votre vision à tout le territoire", lance Nicole Sibeud du groupe Inventer la Métropole de demain. "On ne mesure pas l'importance de ce document qui nous engage sur 20 ans", déplore par ailleurs Philippe Cochet. Pour la majorité écologiste, la croissance démographique du territoire justifie une révision du Scot qui prévoyait l'accueil de 150 000 habitants supplémentaires à horizon 2030, chiffre atteint dès 2020. Le besoin de nouveaux logements doit par ailleurs être concilié avec le "Zéro artificialisation nette" (ZAN), véritable défi imposant un "travail de dentelle" explique-t-on.


"Où est passé l'objectif de réaliser 8 000 [logements] par an ?"

Alexandre Vincendet, conseiller métropolitain d'opposition

Le ZAN conduit ainsi à réduire la consommation d'espace de l'ordre de 57 % d'ici 2030 dans un agglomération où plus de 1 200 hectares de terres ont été artificialisées en dix ans, dont 900 sur la seule métropole de Lyon pour laquelle, "d'ici 2030, les opérations d'aménagement économiques ne se feront plus en extension mais en régénération de friches ou de zones d'activités vieillissantes", explique la collectivité. D'ici 2030, plus aucun foncier ne sera disponible pour l'activité économique, 650 hectares de terres devront ainsi être retrozonées.

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Le métro, grand absent du projet de révision
Alors qu'il y a quelques semaines, une quarantaine de maires de l'agglomération lyonnaise appelait à la construction d'un nouveau plan métro, l'absence du mot "métro" dans le projet de révision du Scot a vivement fait réagir l'opposition. "Comment peut-on se projeter à 20 ans sans citer une seule fois le métro ?", s'est interrogé Gilles Gascon du groupe La Métro positive. Même David Kimelfeld, qui juge "le tout métro illusoire", a déploré "des annonces pas à la hauteur d'un territoire comme le nôtre". "Il faudra bien tout de même, un jour ou l'autre, avoir le courage de lancer un nouveau plan métro", a-t-il ajouté.
La Métropole de Lyon qui prévoit une multiplication par 1,5 des usagers de transports en commun s'appuie, à vingt ans, sur son Tramway express de l'Ouest lyonnais, ses lignes de tramway et bus à haut niveau de service qui selon elle, constituent de "puissants leviers", répondant aux "objectifs de la stratégie nationale bas carbone".

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8 500 habitants supplémentaires par an

Si les prévision démographiques de l'Insee tablent sur un ralentissement de la croissance d'environ 25 %, sur les 20 prochaines années, l'exécutif prévoit néanmoins un scénario à 8 500 habitants supplémentaires par an (sur le territoire du Sépal), tout en précisant : "Pour les prochaines années, les objectifs devront être supérieurs pour répondre à la crise du logement." Pour le vice-président en charge du logement, Renaud Payre, "nos ressources naturelles doivent être protégées [...] mais ce n'est pas l'opposé de la construction, il faut accepter de densifier là ou s'est déjà construit. Dans le centre de notre métropole, la question de la hauteur ne devra pas être un tabou".

La Métropole a en ce sens annoncé le rétrozonage de 71 hectares de terre dans le cadre de la modification n°4 du PLU-H pour les classer en zones agricoles ou naturelles. Dans le même temps, elle a ouvert à l'urbanisation 96 hectares de terres dont 60 % étaient déjà urbanisées dans le cadre d'une initiative de renouvellement urbain. L'exécutif construit aussi sur des parkings, terrains urbanisés mais à faible valeur ajoutée, comme elle le fait avec le programme immobilier qui doit voir le jour aux portes du campus de Bron de l'université Lyon 2. "Un modèle d'équilibre", qui semble freiner la construction de logements.

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Pas convaincu, le LR Alexandre Vincendet estime que la majorité n'a "pas le courage politique d'assumer des projets d'immeuble de grande hauteur". Idem pour la construction de logement : "Où est passé l'objectif d'en réaliser 8 000 par an ? Nous sommes à péniblement 6 000 mises en chantier depuis le début du mandat", tance l'ancien édile de Rillieux-la-Pape. Pour construire sans artificialiser, la Métropole de Lyon tente de poursuivre sa stratégie dite "polycentrique" pour construire dans les "bourgs avoisinants" du cœur de l'agglomération, tout en renvoyant la balle à la Région Auvergne-Rhône-Alpes : "Sans le RER métropolitain, nous n'y arriverons pas", explique Renaud Payre.

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