Depuis 2001 qu'il a perdu, dans des circonstances qu'il conteste, son boulot d'agent d'assurance pour AXA, ce Lyonnais s'est mis en tête de chercher les points faibles des toutes puissantes compagnies d'assurances. Il a très vite découvert un "secret de Polichinelle" : les compagnies ne sont pas tenues de chercher les bénéficiaires des assurances vie contractées par leurs clients. Si les bénéficiaires ne font pas eux mêmes la démarche de réclamer leur dû, les assurances se contentent d'envoyer un courrier - pas forcément à la bonne adresse, faute de précision dans les "clauses bénéficiaires". De plus, beaucoup n'informent pas leurs proches qu'ils ont souscrit une assurance vie à leur profit. Par négligence, tabou de l'argent, voire par peur de finir zigouillé par l'amant ou la maîtresse du bénéficiaire, comme dans un mauvais épisode de Columbo... Difficile d'évaluer le montant des crédits perdus. "Aux Etats-Unis, on sait que 25% des assurances vie ne sont pas réclamées, pour un montant de 22 milliards de dollars par an" signale Jérôme Brugère. La fédération française des assurances minimise la somme à 1 milliard d'euros cumulés, et reste assez floue sur sa destination, évoquant des "provisions techniques". Rejoint par d'anciens agents d'assurance, Jérôme Brugère a créé l'Association d'information et de défense des assurés et leurs bénéficiaires et milite pour imposer, par la loi, une obligation de recherche aux assureurs. Après une première disposition législative en 2005, "sans effet" aux yeux de Jérôme Brugère, un projet de loi fait actuellement la navette entre Assemblée nationale et Sénat. "Mais la loi ne fixe pas de délai de recherche, ne prévoit aucun contrôle, ne dit pas ce qui doit être fait des capitaux perdus et ne définit pas le mot "héritier" : c'est nul !" estime Jérôme Brugère. Sans emploi depuis 2001, même s'il enchaîne les congés parentaux, ce père de 6 enfants s'est livré à un travail de fond sur les assurances, qu'il livre au compte gouttes aux médias et aux parlementaires. "Je tiens à garder des billes ; on a intérêt à avoir une bonne méthodologie quand on s'attaque aux puissants" explique ce Lyonnais atypique. "Tous les médias sont venus me voir, mais beaucoup de reportages sont partis à la benne, comme s'il y avait eu des pressions publicitaires..." relève Jérôme Brugère qui assure que "ma force, ça a été internet". Ses révélations ont fait le tour de la toile, et commençent sans doute à agacer les assurances. "Ils n'ont aucune prise sur moi ; je suis un électron libre" dit-il. Jérôme Brugère n'a rien du militant gauchiste en guerre contre les grands méchants du capitalisme mondial. Ce fils de bonne famille (son père est un ancien député de droite) marié à une femme issue de la bourgeoisie lyonnaise, a transformé son conflit personnel avec les assurances en croisade. "Au delà de ma petite histoire, je suis tombé sur le plus gros système de spoliation organisé !" assure-t-il.
Le conseil de Jérôme Brugère
"Tout le monde devrait refaire les clauses bénéficiaires de ses assurances vie et identifier très clairement les bénéficiaires, avec le maximum d'éléments d'état civil"
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