Après 48 heures de garde à vue à Lyon, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau a été mis en examen jeudi 6 avril dans le cadre d’une affaire de chantage à la vidéo intime sur son ex-premier adjoint.
L’étau se resserre sur le maire et président de la Métropole de Saint-Étienne près de 8 mois après les révélations de Médiapart sur l’existence d’une affaire de chantage au sein de la mairie dirigée par Gabriel Perdriau. Placé en garde à vue à Lyon mardi 5 avril pour la deuxième fois dans ce dossier, le maire de Saint-Étienne a cette fois été mis en examen pour chantage et placé sous le statut de témoin assisté pour "détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique", selon le parquet de Lyon.
Trois de ses proches mis en examen
Également entendus par les enquêteurs pendant près de quarante heures avant d’être présentés devant le juge d’instruction son ancien directeur de cabinet Pierre Gauttieri, son ancien adjoint Samy Kéfi-Jérôme et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet, ont également été mis en examen. Placés sous contrôle judiciaire à l’instar du maire, tous sont suspectés d’avoir joué un rôle dans le chantage politique exercé sur l’ex-premier adjoint de la Ville, Gilles Artigues, à l’aide d’une vidéo tournée en 2015 le montrant se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel à Paris.
Gilles Rossary-Lenglet, dont le témoignage dans les colonnes de Médiapart avait mis l’affaire au jour a été mis en examen des chefs de "complicité de chantage avec mise à exécution de la menace, recel de bien obtenu à l’aide d’un détournement de fonds, utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée". Cet homme âgé d’un cinquantaine d’années avait expliqué avoir participé à un "barbouzage de mœurs" à la demande de Gaël Perdriau et de son entourage, dans le but de neutraliser l'élu centriste. Dans ce cadre-là, il affirmait avoir été rétribué via des prestations fictives facturées à deux associations locales subventionnées par la mairie.
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Son ex-compagnon, élu du conseil municipal et l'ex-chef de cabinet du maire sont eux suspectés d'avoir joué un rôle prépondérant dans l'affaire, comme l'indique un de leurs chefs de mise en examen, "chantage avec mise à exécution de la menace", les autres étant identiques à ceux de M. Rossary-Lenglet. À la précision près que Samy Kefi, qui est soupçonné d’avoir tourné la vidéo, est aussi mis en examen pour "enregistrement ou transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel".
L'opposition demande sa démission
Dans un communiqué publié jeudi soir, le parquet précise que les investigations se poursuivent sur commission rogatoire pour continuer de faire la lumière sur cette affaire. Dans le cadre de son contrôle judiciaire, Gaël Perdriau n’aura pas le droit de rencontrer les autres mis en examen du dossier, mais selon son avocat Me Jean-Félix Luciani, l’édile de 50 ans peut toujours "se rendre à la mairie et travailler avec ses collaborateurs".
"Gaël Perdriau doit démissionner dans l’intérêt, pour la réputation et l’honneur de notre ville à défaut du sien"
Pierrick Courbon (PS), chef de file de l'opposition
Sollicité par l’AFP, le chef de l'opposition municipale et métropolitaine Pierrick Courbon (PS) est catégorique, pour lui "Gaël Perdriau doit démissionner dans l’intérêt, pour la réputation et l’honneur de notre ville à défaut du sien". Exclu du parti Les Républicains après sa première mise en garde à vue mi-septembre, Gaël Perdriau qui a toujours clamé son innocence a jusqu'à présent refusé de renoncer à ses mandats en invoquant la "présomption d’innocence". Sa seule concession a été de se mettre en retrait de son mandat de président de la Métropole.
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