emmanuel macron

Le mot du mois [RÉARMEMENT]

C’est le nouveau mantra politique du président de la République. Le nouveau mot de la com gouvernementale.

Une sémantique (“art de semer à l’antique – c’est-à-dire à tout vent – des mots qui prendront racine et germeront à terme”, Georges Elgozy, économiste) aux élans martiaux. Le 31 décembre dernier, lors de ses vœux aux Français, Emmanuel Macron a décliné ce “réarmement” à (presque) toutes les sauces, et à sept reprises : industriel, technologique, scientifique, économique, étatique, des services publics, civique et de la Nation “face au dérèglement du monde”. À la presse, le 16 janvier (“prépare à la saint Marcel tes graines nouvelles” selon le dicton, cf. plus haut), il y ajoutait un “réarmement” agricole, académique et démographique. Le réarmement de l’attention faisait en revanche défaut, seuls 9,1 millions de Français suivaient ses vœux (contre 12 millions en 2022, 17,5 en 2021… Certes, il faut ajouter 8,7 millions pour sa conférence de presse “armée”).

On ne peut pas reprocher au chef des armées de vouloir réarmer son pays. Déjà, à la veille du premier confinement Covid, dans son “adresse aux Français” télévisée, Emmanuel Macron avait martelé (six fois) que nous étions “en guerre”.

Encore avant, en avril 2017, face aux lecteurs du Parisien, il avait dit : “Moi, je suis un guerrier.” Ce nouveau narratif ne vient pas de nulle part. En mars 2012, Arnaud Montebourg, en préambule d’un meeting du “candidat étincelant” François Hollande, parlait de “réarmer la République”. Avant lui, en juin 2006, François Bayrou, proche d’Emmanuel Macron, appelait à nous “livrer à une sorte de réarmement civique”, citant le philosophe Gabriel Marcel, penseur de l’existentialisme chrétien, qui publiait, en 1959, Un changement d’espérance. À la rencontre du réarmement moral. Gabriel Marcel, dont Paul Ricœur fut l’un des disciples, qui influença beaucoup Emmanuel Macron. Certains observateurs ont noté une référence à 1995, quand Charles Millon, ministre de la Défense de Jacques Chirac, déclarait devant les Sénateurs qu’il fallait “mener, au sein de la jeunesse, une entreprise de réarmement civique, condition préalable pour rendre le pays solidaire face aux nouveaux dangers”.

Et pour les vierges effarouchées qui pourraient y voir un propos “réactionnaire” (Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EÉLV, Manuel Bompard, coordinateur national de LFI), “fascisant” (Mélanie Vogel, sénatrice écolo représentant les Français de l’étranger – à qui elle a demandé leur avis ?) ou “de droite” (PS), comme le rappelle le philosophe André Comte-Sponville, le civisme n’est pas tant l’apanage d’un penchant politique qu’une notion essentielle de notre rapport au collectif.

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