Black bloc Lyon
Le 1er-Mai un pré-cortége composé de « 2 000 éléments à risque, dont 1 000 blacks blocs » a fait beaucoup de dégâts sur le parcours de la manifestation. (Photo Julien Barletta)

Le nombre de manifestants violents a-t-il été sous-estimé par l’État le 1er-Mai à Lyon ? 

Le 1er-Mai à Lyon, environ 2 000 "manifestants à risque", selon la préfecture, ont déferlé sur Lyon causant de nombreux dégâts. Bien loin des 500 à 800 annoncés par les Renseignements territoriaux en amont. Pour autant, la préfète du Rhône assure que son dispositif "n’était pas sous-dimensionné". 

Lundi 1er-Mai, à l’occasion de 13e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites les forces de l’ordre ont parfois pu donner l’impression d’être dépassées par les événements dans les rues de Lyon. Parti de la place Jean-Jaurès pour rejoindre la place Bellecour, le cortège, composé de quelque 45 000 manifestants selon les syndicats et de 17 000 selon la préfecture du Rhône, a laissé dans son sillage de nombreux dégâts

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Entre le mobilier urbain détruit, les voitures brûlées, les vitrines fracassées et les magasins pillés, le parcours de la manifestation faisait encore peine à voir mardi matin. De là à se demander comment autant de dégâts ont pu être causés devant des forces de l’ordre parfois passives alors qu’elles se trouvaient à quelques mètres. Casseurs trop nombreux et sous-estimés ? Forces de l’ordre insuffisantes pour empêcher les dégradations ? Deux jours après, les questions sont encore nombreuses alors que 19 agents ont été blessés et que plus de 40 personnes ont été interpellées. Des éléments de réponse commencent toutefois à se dessiner.

Vendredi 28 avril, en amont de la manifestation, des informations provenant d’une note des Renseignements territoriaux, dévoilées par BFM Lyon, prévoyaient la participation de 15 000 manifestants, dont "500 à 800 éléments à risque". Un procès verbal de contexte de la manifestation, édité par la Sureté départementale du Rhône et que nous avons pu consulter, confirme ces informations chiffrées en amont du départ du cortège peu après 10h30. 

Des renforts de police appelés en cours

Quelques heures plus tard, alors que les manifestants se trouvent à la Guillotière, les services de la préfecture livrent leurs premiers chiffres du jour, annonçant "2 000 individus à risque à l’avant du cortège syndical, dont 1 000 blacks blocs". Parmi eux, des personnes de la région Lyonnaise, d’autres régions, mais aussi des individus venus de toute l’Europe, a-t-on appris de source syndicale. Bien loin, sur le papier, des informations fournies par les Renseignements territoriaux aux autorités locales. À ce moment-là, selon un rapport de police que Lyon Capitale a pu consulter, les forces de l’ordre sont alors présentes au nombre de 632 sur tout le parcours de la manifestation. 

Interviewée par nos confrères du Progrès dans un entretien publié ce mercredi, la préfète du Rhône Fabienne Buccio l’assure : "Non. Le dispositif n’était pas sous-dimensionné. Nous pouvions gérer avec ce que nous avions". Pour autant, peu de temps après le départ du cortège de Jean-Jaurès la préfète a décidé d’appeler en renfort des unités postées dans la Drôme, le Puy-de-Dôme et à Grenoble. Pas un manque d’organisation d’après la préfecture, mais plutôt une adaptation. "Contrairement aux manifestations précédentes, ils [les casseurs, NDLR] se sont montrés violents dès le départ. […] Nous avons préféré anticiper. Avec le souci de sécuriser à la fois la manifestation et les bâtiments susceptibles d’être visés par des groupes qui s’éloigneraient", explique la représentante de l’État dans le Rhône. L’idée, à ce moment-là, étant aussi d’anticiper la manifestation sauvage prévue le soir même dans les rues de Lyon.

"La priorité absolue est toujours la sauvegarde de la vie humaine. Ce lundi, nous avons mesuré à chaque instant le rapport entre la nécessité d’intervenir et les conséquences éventuelles de nos actions"

Nelson Bouard, directeur départemental de la sécurité publique

Alors, comment expliquer qu’autant de dégâts ont été enregistrés si le dispositif était adapté ? C’est Nelson Bouard, le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Rhône également interrogé par le quotidien régional, qui justifie l’action ou non des agents déployés sur le terrain le 1er-Mai. "La priorité absolue est toujours la sauvegarde de la vie humaine. Ce lundi, nous avons mesuré à chaque instant le rapport entre la nécessité d’intervenir et les conséquences éventuelles de nos actions. […] nous avons pu laisser brûler des objets sur la voie publique lorsqu’il n’y avait pas de risque de propagation", précise-t-il lorsqu’interrogé sur la passivité, par moment, des policiers. 

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Une question de sémantique

Cela étant dit, la préfète du Rhône a beau affirmer que le "dispositif n’était pas sous-dimensionné", il n’en reste pas moins un gap très important entre les prévisions émises en fin de semaine dernière et la réalité du jour J. Question de sémantique rétorque-t-on dans l’entourage de la préfète du Rhône.

"Nous utilisons d’autres termes que ceux des Renseignements territoriaux pour essayer de rendre ça intelligible pour le grand public"

Préfecture du Rhône

"Nous utilisons d’autres termes que ceux des renseignements territoriaux pour essayer de rendre ça intelligible pour le grand public. C’est pour cela que l’on dit « individus à risque pour tout le pré-cortège", mais pour les Renseignements territoriaux les individus à risque ce sont les blacks blocs", précisent les services de la préfecture. Autrement dit, les prévisions de 500 à 800 individus à risque annoncées par les Renseignements territoriaux correspondraient aux 1 000 membres du black bloc évoqués par la préfecture.

Une nuance entre les membres du black block, habillés en noir, et les anciens gilets jaunes et autres opportunistes placés à l’avant du cortège que ne faisaient pourtant pas les Renseignements territoriaux en amont de la manifestation. Ces derniers précisaient ainsi que les éléments à risque présents dans le cortège pourraient être "des gilets jaunes radicalisés, des membres de l’ultra-gauche et des jeunes de quartiers sensibles".

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