Le nouveau siège du BTP lyonnais : audace architecturale, vertu écolo

L'un des plus gros projets de rénovation immobilière de la métropole de Lyon a été présenté ce matin.

Le siège de la Fédération du BTP du Rhône et de la Métropole aujourd'hui.

Le geste a de l'audace. Une double peau transparente métamorphosant la mégastructure de béton aux accents corbuséens grâce à une façade bioclimatique. Le geste architectural a de l'audace, comme celui du trio Paul Rostagnat, Pierre Genton, Robert Dussud qui, en 1968, signaient, avec le siège du Syndicat général des entrepreneurs du BTP, dans le quartier du Tonkin, une nouvelle esthétique du bâti. Une avant-garde architecturale doublée d'une insolence technique. “La structure portante – construction sur pilotis, belles poutres en porte-à-faux – rappelle nettement Le Corbusier, mais l’enveloppe est un mur-rideau. L’intérieur posait un problème délicat : l’immeuble, où se côtoient diverses entreprises, devait pouvoir être modifié à la demande. On y est parvenu grâce à des planchers métalliques qui permettent de déplacer les ascenseurs, ou le passage des divers fluides. Seul le métal pouvait permettre une telle souplesse.” explique Jacques Beaufort dans “L’architecture à Lyon, tome 2 : Lyon et le Grand Lyon de 1800 à 2000”.

Traverser le temps

BTP RhoneCe jeudi 3 décembre, la fédération BTP Rhône et Métropole, héritière du syndicat général, présentait “l'un des plus gros projets de rénovation immobilière du territoire métropolitain lyonnais”, selon les mots de Samuel Minot, son président. C'est l'agence d'architecture AFFA qui a été retenue avec, pour ligne directrice, la préservation de l'architecture originale, pièce patrimoniale importante de Villeurbanne, tout en rendant le bâtiment de 5 000m2 plus performant sur le plan énergétique et plus conforme aux nouveaux usages.

L'enjeu consistait donc à s'inscrire dans ce geste architectural fort du siècle dernier, tout en conservant la valeur patrimoniale et en repensant en profondeur la valeur d'usage au regard des contraintes contemporaines, en particulier environnementales. “Le projet tente donc de répondre à l’ensemble des questions posées, explique Damien Poyet, architecte associé du cabinet lauréat du concours. La double façade constitue à la fois une “vitrine“ qui permet d’exposer, de révéler le bâtiment de la fin des années 60, et une double peau bioclimatique : par son apport non négligeable en termes de performances énergétiques, elle offre une enveloppe thermiquement efficace tout en conservant l’accès maximal à la lumière naturelle. Cette solution, peu courante, intègre d'autres fonctions : elle procure notamment de nouveaux conforts d’usage en protégeant des vents les terrasses du dernier étage. En résumé, notre intention a été de concevoir pour ce bâtiment une solution qui lui permettra de continuer à traverser le temps.”

Conception bioclimatique avancée

Le projet du nouveau siège, en 2023

Tout changer et ne rien changer en somme. Montrer l'exemple tout en restant fidèle à son identité. La démarche environnementale conduite sur ce projet répond à plusieurs objectifs : réduire au maximum l’empreinte carbone du bâtiment sur sa durée de vie, rechercher une performance de réduction des charges sans pour autant faire de compromis sur le confort des utilisateurs. La stratégie environnementale s’appuie d’abord sur la performance intrinsèque du bâtiment pour limiter au maximum le recours aux équipements techniques et ainsi réduire leur coût d'utilisation (énergie, maintenance...). Particularité technique : la “double peau” vitrée, d'une surface de 2 750 m2, sera suspendue à la façade existante, sans avoir à renforcer la structure de l'époque.
La conception bioclimatique du projet assure à la fois une forte isolation de l’enveloppe et une étanchéité à l’air performantes, une performance thermique tout au long de l'année grâce à la conception des surfaces vitrées (en hiver, la double façade permet un gain de température de 4°C à 6°C sur les parois extérieures du bâtiment, en été, elle diminue le besoin de froid d’environ 60 % et la consommation d’énergie de 47 %), en plus d'une performance acoustique pour un confort et des dépenses optimisés et un éclairage naturel optimal.

Résilience

BTP RhoneLes architectes ont poussé le défi environnemental encore plus loin  en planchant sur un système de thermofrigo-pompes sur eau de nappe fonctionnant prioritairement en géocooling assurant le chauffage et le rafraîchissement des locaux, sur des plafonds rayonnants favorisant le confort, réduisant les consommations et limitant la maintenance, sur l'installation d’une production d’électricité photovoltaïque (d’une puissance de production de 86 kilowatt-crête) ou sur une récupération d’eaux de pluie pour l’arrosage et les chasses d’eau ainsi que sur l’infiltration totale des eaux pluviales à la parcelle pour limiter l’impact sur les réseaux publics. Ce qui fait dire à lé Fédération du BTP Rhône et Métropole que son futur siège sera “exemplaire du point de vue énergétique et environnemental”, précisant que les consommations de chauffage et de climatisation seront ainsi divisés par 5.

La “dépose” de la première pierre est prévue en septembre 2021 pour une livraison au deuxième trimestre 2023 pour le 160e anniversaire du BTP du Rhône. Montant total de l'opération : 13 millions d'euros. “Ce projet est un signe extrêmement positif de résilience de nos entreprises par rapport la crise que nous vivons” se félicite Samuel Minot, président du BTP Rhône et métropole.
Quand le bâtiment va tout va...

 

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