Alors que la Fondation Dispensaire général de Lyon annoncent la fermeture du centre de santé de Sévigné, les soignants s'opposent à la décision.
La Fondation Dispensaire général de Lyon - qui se positionne comme l'un des principaux acteurs privé de santé à but non lucratif de soins ambulatoires (175 000 consultations annuelles) - annonce que le centre de santé pluridisciplinaire de Sévigné, dans le 3e arrondissement de Lyon, l'un de ses trois centres lyonnais, va fermer ses portes à la fin de l'année 2023.
Centre polyvalent, il regroupe la médecine générale, spécialisée, la gynécologique et l'obstétrique, la radiologie et la dentisterie.
Les soignants du centre, dans un communiqué, déplorent sa fermeture, critiquant "la raison économique et le repli des activités sur ses deux autres centres de Vaulx-en-Velin et Gerland". Fatiha Achache-Rachet, cardiologue au centre Sévigné, précise à Lyon Capitale que "de ce que l'on sait, il y a des problèmes de trésorerie assez anciens, un déficit qui ne peut pas être comblé".
En effet, la directrice générale de la Fondation, Estelle Lacassin, explique qu'avec un modèle financier particulier et deux ans de crise Covid, "sans aides à l'inverse d'hôpitaux ayant reçu des compensations", la situation n'était plus gérable. "Nous avons fait des emprunts et nous n'avions pas l'argent pour les rembourser, nous ne voulions pas en arriver à ne plus pouvoir payer les soignants".
Une solution : réorienter l'offre de soin
La directrice évoque ainsi le nouveau projet de la Fondation : "les locaux de Sévigné ne sont utilisés qu'à 50%, il y a la possibilité de déployer ce centre sur les deux autres". "Nous aidons plutôt des publics précaires, défavorisés, avec des pathologies chroniques, ce qui prend plus de sens dans le 7e arrondissement et à Vaulx-en-Velin", explique-t-elle. L'objectif est donc d'offrir des parcours de soin plus ciblés, plus complets et en lien notamment avec les hôpitaux.
Pour les soignants, le repli dans les autres centres ne permettra pas aux patients et aux équipes une même couverture médicale. D'après eux, "les locaux prévus sont bien trop petits pour accueillir les équipes de Sévigné et encore moins les 100 000 consultations annuelles du centre".
"Il est impossible de redéployer sans perte"
Fatiha Achache-Rachet, cardiologue au centre Sévigné
Pour Fatiha Achache-Rachet, l'effectif d'une quinzaine de soignants va se réduire. "Il n'y a pas de licenciements mais cela pousse à la démission car les patients ne vont pas se déplacer à Vaulx-en-Velin, c'est impossible de redéployer sans perte". Ainsi, un médecin aurait récemment démissionné, ne pouvant pas travailler à Vaulx-en-Velin.
Les soignants demandent donc de la clarté sur le calendrier et les projets d'aménagement. La cardiologue insiste sur le manque de transparence : "nous n'avons pas eu en main les éléments comptables, malgré nos demandes officielles à la Fondation, pour que nous réalisions un audit indépendant". Pour Estelle Lacassin, il s'agit du représentant du personnel qui n'a pas respecté le bon délai juridique.
"La désertification devient un sujet médiatique et épidémiologique crucial"
Les soignants du centre Sévigné
Les soignants interpellent aussi la Fédération Dispensaire général de Lyon sur la question de désertification médicale : "qui prétendrait que le besoin de santé dans le centre de Lyon est en diminution quand la désertification médicale devient un sujet médiatique et épidémiologique crucial ?" interrogent-ils.
La fermeture du centre Sévigné, le plus important centre de santé pluridisciplinaire du centre-ville de Lyon, marque pour eux une désertification médicale en plein coeur de la ville. Pour Fatiha Achache-Rachet, c'est aussi la fin de parcours de soins pour les patients : "nos patients, à savoir beaucoup de personnes âgées, ne peuvent pas se déplacer, il y a une perte de continuité de soins et de suivi". Elle poursuit : "une partie de la clientèle locale va devoir se tourner vers les urgences".
L'objectif est de "garder les salariés, médicaux ou non-médicaux et de protéger l'emploi"
Estelle Lacassin, directrice de la Fondation Dispensaire général de Lyon
La directrice de la Fondation insiste : l'objectif est de "garder les salariés, médicaux ou non-médicaux et de protéger l'emploi", et, pour les patients, "ceux pouvant se déplacer peuvent tout à fait nous suivre à Gerland. Et d'ajouter "(discuter) avec l'ARS et l'Assurance Maladie pour (s)'assurer de la continuité des soins des autres".
Après une grève mercredi 19 juillet, les soignants du centre Sévigné se rassembleront à nouveau pour échanger sur la situation, mercredi prochain 26. Estelle Lacassin indique que si la demande des médecins d'obtenir 18 mois de salaires sans conditions est "impossible, le montant équivalant à celui de la vente des locaux", des négociations salariales se poursuivent.
Il serait intéressant que les organisations syndicales aient accès aux comptes.
Les locaux dans le 7e sont très excentrés et vont poser des problèmes tant aux malades qu aux médecins
L'important c'est "le fric, facteur de progrès" ne l'oubliez pas ! 😀