Une proposition de loi sur la légalisation du cannabis a été débattue et rejetée par les députés jeudi 13 janvier. Deux députés du Rhône, aux positions opposées sur la légalisation, se sont confiés à Lyon Capitale sur le sujet.
En juin 2021, pour la première fois dans une enquête d'opinion une majorité de Français se disaient favorables à la légalisation du cannabis (51% pour). Dans ce sondage réalisé par l'Ifop, il était intéressant de remarquer que les électeurs macronistes y étaient encore plus nettement favorables (54%). Les députés n'ont pas suivi le même chemin dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale jeudi 13 janvier. Une proposition de loi relative à la légalisation de la production, de la vente et de la consommation du cannabis sous le contrôle de l’État était portée par le groupe parlementaire de la France insoumise et quelques autres députés, dont Hubert Julien-Laferrière député de la 2e circonscription du Rhône non-inscrit dans un groupe parlementaire. Mais le texte a été retoqué par une majorité de parlementaires.
Un constat d'échec partagé sur la politique répressive
Pour Hubert Julien-Laferrière, cette proposition de loi a au moins servi a porté le débat au sein de l'hémicycle. Cosignataire du texte porté par le député insoumis Eric Coquerel et débattu par les députés, l'élu rhodanien estime que la politique répressive menée depuis plusieurs décennies contre le trafic du cannabis en France est inefficace, puisqu'il est toujours aussi facile, selon lui, pour les citoyens qui le veulent de se procurer de l'herbe. "Quand j'étais maire du 9e arrondissement de Lyon, j'ai constaté l'impasse dans laquelle nous étions avec le trafic de cannabis à la Duchère ou même devant la mairie du 9e. Les Français sont parmi les plus gros consommateurs de cannabis en Europe et la police passe son temps à démanteler des réseaux qui se reforment 15 jours plus tard".
"Si on légalise, les gens qui vivent de ça se tourneront vers d'autres trafics, la cocaïne ou d'autres drogues".
Le député de la 11e circonscription du Rhône, Cyrille Isaac-Sibille (Modem), partage ce constat d'échec sur la répression. "La politique que l'on mène n'a pas les résultats escomptés. Mais le trafic du cannabis génère des revenus de plusieurs milliards d'euros. Si on légalise, les gens qui vivent de ça se tourneront vers d'autres trafics, la cocaïne ou d'autres drogues". La légalisation ne serait pour cette raison pas une solution selon lui. Un argument balayé par Hubert Julien-Laferrière. "Pour le tabac, le trafic de cigarettes de contrebande existe mais il est marginal. On peut imaginer que cela sera pareil pour le cannabis".
Le modèle portugais les inspire
Cyrille Isaac-Sibille a voté contre la proposition de loi. Contrairement à son homologue Julien-Laferrière, il estime qu'une légalisation du cannabis pousserait des jeunes à consommer davantage ce psychotrope. Il défend plutôt une politique de discriminalisation des consommateurs sur le modèle de ce qu'a mis en place le Portugal, où la loi a dépénalisé l'acquisition et la consommation personnelle dans la mesure où la quantité détenue n'excède pas les besoins d'une personne pendant 10 jours. "Le modèle portugais est intéressant. Ils considèrent le consommateur d'un point de vue médical. Quand un consommateur est interpellé une deuxième fois avec du cannabis sur lui, il doit passer un test sanitaire. S'il s'avère qu'il ne fume qu'une fois de temps en temps il ne se passe rien. Mais s'il a une consommation addictive, il se voit imposé un suivi médical. Cette approche a permis de faire baisser la consommation du cannabis", défend le député Modem du Rhône, médecin oto-rhino-laryngologiste de formation.`
"Au Portugal, quand un consommateur est interpellé une deuxième fois avec du cannabis sur lui, il doit passer un test sanitaire"
Le député Julien-Laferrière partage ce constat concernant le modèle portugais. "Cette politique de discriminalisation du Portugal fait que la consommation a fortement baissé". Mais au contraire de Cyrille Isaac-Sibille, il estime que la légalisation du cannabis n'augmenterait pas la consommation dans la population française.
Deux avis différents sur les conséquences économiques de la légalisation
Si les deux députés ont des points de vue proches sur le volet sanitaire, ils se tournent le dos sur l'enjeu économique qui entoure une légalisation du cannabis. Pour Hubert Julien-Laferrière, l'ouverture de points de vente de cannabis qui seraient sous le contrôle de l'Etat détourneraient de nombreux clients des points de deal et rapporteraient une partie de l'argent du trafic dans les poches de l'Etat. "À la Duchère, il y a des bourgeois des Monts d'Or qui viennent se servir. Ceux là, on peut penser qu'ils iraient dans les points de vente de l'Etat en cas de légalisation. On aurait des recettes fiscales sur le cannabis pour mettre en place une vraie politique sanitaire".
Une vision optimiste que ne partage pas le député centriste Cyrille Isaac-Sibille. Pour lui, une légalisation laisserait le champ ouvert aux trafiquants qui se tourneraient vers d'autres sources de revenus. "Nous devons continuer à nous battre contre eux. Je vote contre car je ne peux pas laisser faire un trafic qui est nuisible pour la jeunesse". Le débat reste ouvert.
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"Si on légalise, les gens qui vivent de ça se tourneront vers d'autres trafics, la cocaïne ou d'autres drogues".
😀
N'importe quoi !
ils feraient probablement comme aux USA lorsqu'ils ont légalisé dans certains état : les "trafiquants" sont devenus "d'honnêtes commerçants / cultivateurs" et ça rapporte énormément à l'Etat.
Evidemment la position du Portugal est intelligente, surtout si elle est associée à des cours dans les écoles pour faire comprendre ce qu'est la drogue (comment elle agit) ainsi que des cours sur l'addiction et ses mécaniques (psychologie).
Mais tout ça "coûte cher"... Moins ou plus que de payer des policiers à perdre leur temps à courir après les dealers ?
"L'ancien monde doit laisser sa place au suivant, sous peine de tous disparaître" sic !🧨
Et oui.
Lorsqu'une société toute entière va dans le mur, il faut en changer sous peine de tous aller dans le mur.
Restriction sur le thérapeutique (ignorant la souffrance), pas de légalisation, reste la culture, ou le voyage "touristique" réservé aux nantis. certains doivent avoir intérêt que le trafic ne disparaisse pas. C'est aussi sans compter sur l'important dispositif mobilisé, policiers, gendarmes, juges, prisons etc , le fric issu du trafic qui va alimenter délinquants. pays producteurs du Maghreb.
Qui sait ? Un jour vous allez peut-être comprendre les points de vue postmonétaires et réaliser que l'usage de monnaie apporte plus de prises de tête que de solutions réelles ?
Comme vous dites, "mobiliser" des policiers, des gendarmes, des avocats, des juges, des greffiers, des surveillants de prison, et toutes les petits mains autour (cantines, etc)... ça fait "vivre" du monde !
Que deviendraient leur métier s'il n'y avait plus matière à voler ou à trafiquer ?
Pour l'instant "une civilisation de l'accès" dépasse votre entendement, mais un jour vous réaliserez que c'est la réponse pour ne plus être dans cette société qui marche sur la tête.
A moins de 5%, pas de remboursement intégrale des frais de campagne électorale.
"et sinon la vie pour vous, ça va ?" sic !