"Le rabbin et le cardinal"

Il s'était d'abord adressé au cardinal Lustiger qui lui avait avait conseillé de dialoguer avec quelqu'un de sa génération. Les deux hommes de foi se connaissaient depuis une rencontres de cardinaux et de grands Rabbins en janvier 2004, à New York où ils avaient blagué. Pour ce livre, ils se sont vus 10 fois, en compagnie de Jean-François Mondot qui jouait le rôle d'animateur. "L'objectif était de prendre acte de tout le chemin parcouru dans le rapprochement entre les juifs et les chrétiens, de la profondeur de notre amitié et de nos racines communes. Pour ma part, je vais à la synagogue le jour du Yom Kippour pour demander le pardon de mes péchés. Tout dans la prière des juifs me va très bien, ce qui est assez normal, puisque Jésus était juif. Il n'y a donc, de mon côté, rien d'étonnant à cette attitude. Je suis fidèle à mes racines. Du côté de Gilles Bernheim, en revanche, c'est très méritoire. Un chrétien se doit de lire l'Ancien Testament, mais un juif n'est pas obligé de lire le Nouveau Testament. Il le dit d'ailleurs : la première fois c'était, pour lui, comme une transgression. Dans ce livre nous voulons donner le témoignage que nous obéissons tous les deux au même grand commandement : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit ; tu aimeras ton prochain comme toi-même". Mais ce dialogue nous a conduits évidemment à une pierre d'achoppement considérable : lui ne reconnaît pas en Jésus le Messie, et moi, si !". Le cardinal Barbarin veut concrétiser cette rencontre intellectuelle, rare au demeurant, entre judaïsme et catholicisme, par une action commune : "Si Dieu dit aux juifs et aux chrétiens : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même", pourquoi ne pas fonder ensemble, par exemple, un dispensaire pour les sidéens au Gabon ou ailleurs? "

*"Le Rabbin et le Cardinal", Gilles Bernheim et Philippe Barbarin, éditions Stock., 300 pages

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