Le ramadan n'était qu'un prétexte

Dans l'affaire du père de famille plongé dans le coma parce qu'il avait rompu le jeûne du ramadan, l'agresseur présumé a été mis en examen ce jeudi. Il encourt jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle. Deux ou trois autres personnes sont toujours recherchées à Lyon.

L'affaire est retombée comme un soufflé. Pourtant elle avait fait grand bruit fin août lorsque l'on avait appris qu'un jeune homme de 24 ans avait frappé un père de famille de 45 ans, sous prétexte qu'il avait rompu le jeune du ramadan. La scène s'était déroulée en plein jour, à la terrasse d'un restaurant dans le quartier de la Guillotière. Devant témoins, le jeune homme et trois ou quatre de ses amis, avaient passé à tabac ce Français d'origine sénégalaise. "Ils l'ont laissé pour mort", précisait, jeudi après-midi, le procureur de Lyon.

Après une enquête poussée des services de police, et une fuite sur le site Internet LePoint.fr, une information judiciaire avait été ouverte à Lyon le 27 août. Deux juges d'instruction avaient été saisis de l'affaire, jugée "sensible". Mais Marc Désert, procureur la République de Lyon, a indiqué à la presse jeudi que le ramadan n'était qu'un prétexte.

"L'argument religieux est tout a fait instrumentalisé"

Arrêté mardi matin à son domicile, l'agresseur principal présumé a reconnu avoir donné une gifle à la victime, "pour se défendre". Il a également déclaré à la police qu'il ne pratiquait pas lui-même le ramadan. "L'argument religieux est tout a fait instrumentalisé, c'est davantage un prétexte. Rien ne permet de dire, en l'état du dossier, que ce jeune a à voir avec la religion, ni avec les intégristes. Tous les éléments laissent à penser qu'il n'est pas lui même pratiquant", a précisé Marc Désert.

L'agression n'en est pas moins grave. La victime est toujours alimentée artificiellement à l'hôpital. Paralysée et inaudible, elle avait été plongée dans un coma profond les premières semaines. Les services de police n'ont toujours pas pu l'auditionner. Ce père de famille de neuf enfants gardera vraisemblablement des séquelles. L'enquête de police, elle, se poursuit pour tenter de retrouver les co-auteurs de l'agression, au minimum deux autres personnes, voire trois au maximum. Tous risquent quinze ans de réclusion criminelle pour "violences volontaires ayant entraînées une incapacité permanente avec circonstances aggravantes".

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