Le recteur Morvan poussé vers la sortie

Une révocation qui sanctionne un recteur, fer de lance de la lutte contre le négationnisme.

La rumeur enfle et n'est pas démentie par le principal intéressé, Alain Morvan, recteur de l'académie de Lyon. Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, l'association Hippocampe* demande à Jacques Chirac de ne pas révoquer le recteur lors du prochain Conseil des ministres, mercredi 21 mars. Stéphane Nivet, l'auteur de la lettre, qui dit entretenir des "relations d'amitié" avec Alain Morvan, révèle ce départ imminent. Ce courrier a été envoyé le lendemain de l'absence remarquée du recteur à une cérémonie à laquelle il s'était engagé à assister. Et pour cause : il était dans le bureau de Gilles de Robien, Ministre de l'Education qui l'avait convoqué en urgence.

Par cette révocation-mutation, le recteur Morvan serait-il sanctionné pour sa position dans le dossier du lycée musulman de Décines ? Lui qui a toujours clamé son opposition à l'ouverture de l'établissement pour des raisons de sécurité et "d'égalité républicaine". D'une source proche du recteur, le lien est évident.

Deux semaines, après son ouverture partielle, le très sarkozyste Gilles de Robien, lui ferait ainsi payer son opposition et surtout d'avoir rendu publiques les pressions du ministre de l'Intérieur dont il avait fait l'objet. Difficile d'en savoir plus puisque ni le ministère, ni le rectorat n'ont souhaité apporter un commentaire.

Dans sa lettre ouverte, l'association Hippocampe rappelle qu'Alain Morvan "a su incarner avec honneur et courage la lutte contre l'extrémisme et toutes les tentatives communautaristes." Cet angliciste de formation a en effet fait preuve d'une grande fermeté contre le "système Lyon III" en employant une "thérapie de choc" pour faire le ménage dans cette université. Les anciens présidents Pfeffer et Guyot ainsi que le professeur Gollnish peuvent en témoigner. A un mois du premier tour de la présidentielle, cette révocation, si elle se confirme mercredi, a de quoi surprendre. S'agit-il de sanctionner un recteur rebelle à sa hiérarchie et bavard, en donnant des gages aux musulmans et aux partisans du FN ? Verdict mercredi en Conseil des ministres.

*Association de l'université Lyon III qui se bat contre le négationnisme et l'antisémitisme.

Edito

Le Recteur de l'honneur

L'Education nationale est en train de mettre au piquet l'un de ses meilleurs élèves. Gilles de Robien a flanché, Gilles de Robien a cédé ! Aux arrangements de couloirs, aux fonctionnaires planqués : " Alain Morvan, la République vous demande de vous taire ! "
Et notre Recteur hors norme se retrouve hors cadre pour avoir trop parlé... trop parlé du négationnisme qui enkystait Lyon 3, trop parlé de son opposition à l'ouverture du Lycée musulman de Décines (lire notre article). Le Recteur d'Académie de Lyon ne voulait pas passer son temps à discourir sur les valeurs de notre pays, et laisser filer avec son stylo et les parapheurs tous les petits arrangements de la vie publique. L'intégrité et la liberté de conscience d'Alain Morvan vont nous manquer. Depuis quelques jours, son silence forcé est déjà perçu comme une offense. Alors qu'il aurait mérité toutes les médailles de la République, le gouvernement va faire de lui un cancre puni pour délit d'indépendance et d'exigence. Pour toutes ces bonnes raisons Lyon Capitale vous installe parmi les premiers... dans son tableau d'honneur !

J.O.A.

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