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“Le renseignement est toujours au service d’un idéal qui dépasse les individus”

Spécialiste des questions de renseignement et enseignant à Sciences Po, double ministère assez rare, ex-conseiller spécial de l’ancien garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, Floran Vadillo lève (un peu) le voile sur un domaine qui inquiète et fascine à la fois, longtemps synonyme de secret d’État et de manœuvres occultes.

Lyon Capitale : Comment s’organise le renseignement en France ?

Floran Vadillo : L’organisation du renseignement en France s’articule autour de deux cercles concentriques. Le “premier cercle” joue un rôle prépondérant, architecturant la première ligne de défense des intérêts fondamentaux de la nation (géopolitiques et sécuritaires), au plus près de l’exécutif. Il est composé de six services de renseignement dont trois dépendent du ministère de la Défense : la DGSE qui couvre le champ extérieur, à savoir l’ensemble des menaces sur un critère géographique, du contre-espionnage au contre-terrorisme en passant par la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, la DRM (Direction du renseignement militaire) créée après la guerre du Golfe en 1992 et la DRSD (Direction du renseignement et de la sécurité de la défense) qui gère tout le spectre de la sécurité au sein des armées. Dépendant du ministère de l’Intérieur, la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), héritière de la DST (Direction de la surveillance du territoire), s’occupe principalement de contre-espionnage et de contre-terrorisme. Enfin, deux derniers services complètent ce “premier cercle” : la DNRED (Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières) qui lutte contre la fraude, le trafic et d’autres activités illicites et Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins) pour tout ce qui est délinquance financière. C’est ce cœur de six services de renseignement qui opère ce qu’on appelle le renseignement de souveraineté, des missions dont on estime que, si elles ne sont pas bien prises en charge, il y a un risque de péril pour la nation ou pour l’État.

À leur proximité, se trouvent les services dits du “deuxième cercle”, concourant au renseignement de souveraineté, mais ne pouvant recourir qu’à certaines techniques de renseignement prévues par la loi et pour un nombre limité de missions. Il y a notamment la DRPP (Direction du renseignement de la préfecture de Paris), la DNRT (Direction nationale du renseignement territorial) ou, le petit nouveau, le renseignement pénitentiaire (SNRP), rattaché au ministère de la Justice, qui est en charge du renseignement en milieu carcéral pour prévenir les risques liés au terrorisme ou à la criminalité organisée.

Florian Vadillo. Photo by Romain Longieras / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

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