Et si le réseau TCL devenait gratuit à Lyon ? Le Sytral avait commandé une étude sur le sujet en juillet. Pour une importante association d’usagers, Déplacements Citoyens, une éventuelle gratuité serait contre-productive.
Le réseau TCL gratuit à Lyon ? C’est non selon les conclusions d’une étude indépendante et externe commandée par le Sytral au Laboratoire aménagement économie transports (LAET). C’est non aussi pour une importante association d’usagers, Déplacements Citoyens.
Le débat n’a pas fini d’alimenter les discussions, alors que les élections municipales et métropolitaines arrivent à grands pas, en mars 2020.
"Ce serait un report ailleurs, notamment sur l’impôt"
"Indépendamment des conclusions du rapport publié par le Sytral en juillet 2019, Déplacements Citoyens a toujours été favorable à ce que les usagers participent au financement des Transports en Commun Lyonnais, tout en approuvant des tarifs sociaux réduits ou très réduits pour certaines catégories", explique le président de l’association Déplacements Citoyens, Jean Murard, dans un communiqué.
"Ce qu'on appelle la "gratuité" n'est pas de la gratuité (les salariés assurant le service des TCL ne sont pas des bénévoles). Ce serait un report ailleurs, notamment sur l'impôt, des besoins de financement du réseau. Non à des transports au commun au rabais, et à la gratuité pour les usagers. Oui à un service TCL toujours plus large et plus efficace, avec une participation des usagers à son financement", poursuit le communiqué.
Selon une étude, la gratuité des TCL nuirait à la qualité du réseau
Les conclusions de l’étude commandée par le Sytral au Laboratoire aménagement économie transports (LAET) sont du même ordre. Selon le groupe de chercheurs, la gratuité des TCL nuirait à la qualité du réseau, pourrait même entraîner sa dégradation. La gratuité aurait seulement un impact réduit sur la réduction de la voiture en ville et elle se ferait au détriment du vélo et de la marche à pied. Elle freinerait aussi les investissements et obligerait les collectivités à augmenter grandement leur participation financière à la politique des transports.
"Ce rapport permet aussi à chacun d'être mis face à ses responsabilités, vous pourrez faire des choix en connaissance de cause en matière de gratuité, vous savez ce qu’il en est, ce qu’il peut coûter en matière de compensations financières, de dégradation de l’offre et d'investissements d'avenir. Il n'y a rien de gratuit, c'est juste un report de financement", avait expliqué la présidente du Sytral, Fouziya Bouzerda, après la conclusion de l'étude.
Comme si nos impôts ne payaient pas déjà ce réseau...
DARLY, Lyon Métro, et d'autres associations agissant pour les transports en commun sont en accord avec le point de vue de Déplacements Citoyens et son président Jean Murard.
Si l’ambition est de faire du réseau de transport public une réelle alternative à l’usage de la voiture, la mise en place de la gratuité totale ne peut PAS être la première réponse à cet enjeu.
Le développement d’un réseau performant et attractif grâce à des services de haut niveau, et une gestion de l’espace public qui lui est favorable (voies réservées) doivent être la première priorité.
S’il est démontré que la gratuité stimule dans un premier temps la fréquentation, liée en partie à l'arrivée d’usagers qui saisissent l'opportunité (je suis près de l'arrêt, un bus passe, je saute dedans plutôt que de marcher 10 minutes), on observe sur le moyen/long terme un ralentissement de l’usage si l’offre n’est pas soutenue.
Or, pour la soutenir, il faut des recettes (pour les TCL 230 M€ en 2017 - correspondant à 460 millions de voyages).
Sans ces sommes, le réseau ne grandira pas, les bus, rames de tramways et de métro seront de moins en moins bien entretenus, ne seront pas renouvelés, et tout le système se détériorera, aux dépens d'abord des voyageurs qui n'ont pas d'alternative.
Les catégories sociales financièrement à l'aise - qui ont les moyens d'avoir plusieurs voitures - ne seront guère affectées.
Absolument d' accord avec "Lyon Déplacements" : la gratuité, c' est un leurre, au bout du compte il faudra toujours que quelqu' un paye, et ce ne pourront être que les contribuables et les employeurs qui paient déjà beaucoup. D' ailleurs la gratuité de fait existe déjà pour bien des catégories (retraités à faibles revenus, chômeurs, élèves pour partie, etc...) et même trop sans doute. Actuellement le reste à charge des usagers est faible par rapport au service rendu, et il est normal que ces derniers continuent à contribuer...
Bien sûr que le SYTRAL peut trouver des économies à faire pour éviter des hausses de tarifs supérieures à l' inflation, et cela devrait commencer par une lutte impitoyable contre la fraude, qui représente encore un pourcentage bien trop élevé des déplacements, sans compter que les poursuites sont très souvent infructueuses !