De grosses bitures largement sponsorisées.
"Les soirées étudiantes, c'est pour se lâcher, décompresser, c'est l'amour de l'ivresse", Nicolas, étudiant en médecine, est heureux de voir le retour des soirées étudiantes, de février à avril. Comme pour fêter la fin d'un semestre, comme pour célébrer le début d'un autre. Tout est fête. Tout est fait pour décompresser : alcool, détente, alcool, sexe, alcool. "C'est énorme après les partiels ! En février, mars, c'est cool parce qu'on se retrouve", pour Ludovic, étudiant en sciences politiques, les soirées étudiantes sont l'occasion de se désinhiber. Boire beaucoup en un temps réduit pour se laisser aller, draguer, toucher... Surtout toucher.
Selon Jérôme, étudiant en art, le must reste les soirées médecine, "tu danses avec plein de filles, tu caresses plein de filles, et surtout, tu peux baiser". Pas plus dangereux, pas plus dépravé, le "sexe, drogue et rock'n'roll" est encore une valeur qui a du sens pour les étudiants. C'est également l'avis de Jean François Valette, directeur d'Aides alcool à Lyon, "les jeunes d'aujourd'hui boivent probablement autant que les jeunes des années 60, la seule différence, c'est la généralisation de l'usage de la voiture, qui représente un nouveau danger". Pour éviter ces problèmes de voiture, certains BDE, bureau des étudiants, organisateurs des soirées, comme celui de médecine, mettent en place un système de navette. De 22h à minuit, des cars bondés amènent des étudiants déjà éméchés jusqu'à la boîte de nuit où aura lieu la soirée, et de minuit à 3 h, les navettes font le chemin inverse. "Au début de la soirée, on est entre potes, on boit de l'alcool fort chez un ami", puis en boîte, les open-bars (bar gratuit) proposent des mélanges, souvent à base de vin. Dans les soirées les plus réputées, médecine, infirmière, Erasmus (étudiants étrangers), etc. les organisateurs peuvent prévoir, selon nos informations, jusqu'à un litre d'alcool par personne. L'alcool coule à flots gratuitement à partir du moment où les étudiants ont payé leur entrée, entre 5 et 20 euros selon les soirées."Il n'y a pas forcément beaucoup d'alcool dans ce qu'on nous sert, ce n'est pas forcément très bon...Mais on est tellement arraché qu'on boit !".
Valentin, étudiant en math, nous explique que le rosé, le vin et la bière sont les trois alcools les plus souvent servis dans ces soirées qui attirent entre 100 et 1000 étudiants pour les plus importantes. Ces événements sont tellement populaires dans le milieu étudiant que les sponsors se sont emparés du phénomène. Les assurances, les bars, les radios, les fast-foods, tous y vont de leurs petites participations pour aider les BDE dans l'animation de la vie étudiante.
Plus surprenant encore, les banques, qui peuvent offrir aux associations d'étudiants des sommes oscillant entre 2000 et 5500 euros par an, en échange de quoi, ces BDE se transforment en encart publicitaire. Plus les BDE draguent d'étudiants, plus la somme allouée peut augmenter. "Toutes les banques s'alignent".
Selon Frédéric Pez, assistant en animation commerciale du marché des jeunes de BNP Paribas à Lyon, "L'objectif n'est pas de sponsoriser les soirées mais les BDE, même si nous savons qu'une partie de notre argent est utilisée pour des beuveries".
Aujourd'hui, ces soirées font partie intégrante de la vie étudiante, au même titre que les révisions ou les partiels. Elles sont devenues incontournables pour les étudiants, mais aussi pour les écoles, les bars et même pour les sponsors. On est bien loin du martelage publicitaire sur la prévention de l'alcool...
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