Le Rhône veut rénover les institutions représentant le culte musulman

Depuis le mois de décembre, de nombreux acteurs s'attèlent à établir une charte à l'attention des institutions représentatives du culte musulman. Hier, le texte a été signé pour la première fois par le préfet du Rhône, le président du conseil régional du culte musulman et le recteur de la grande mosquée de Lyon.

"Le Rhône a souvent été à l'avant-garde des initiatives qui consistent à montrer que l'Islam est compatible avec la République". Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, est signataire de la "charte d'accompagnement de la rénovation des institutions représentatives du culte musulman dans le Rhône", ainsi que le préfet du Rhône Michel Delpuech et le président du conseil régional du culte musulman, Laïd Bendidi. Pour Kamel Kabtane, cette charte établie les responsabilités de chacun et engage tous les responsables, aussi bien institutionnels que religieux.

Le but de cette charte, souligne Laïd Bendidi, président du CRCM, est d'assurer un meilleur vivre ensemble de la communauté musulmane en France : "cette charte doit être signée par toutes les mosquées, mais aussi par tous les maires du département" précise-t-il. La première mesure indique la création d'un conseil des imams du Rhône, une instance qui devrait être mise en place en collaboration avec le CRCM et les imams du département. Une première réunion doit se tenir avant le ramadan, qui débute cette année au mois de juin.

"Aujourd'hui, dans notre pays, le nerf de la guerre, c'est l'argent"

Parmi les 10 points de la charte, l'un souligne la promotion de la transparence financière. Un point particulièrement important pour le conseil régional du culte musulman : "les mosquées font des collectes lors de la prière du vendredi et les fidèles ne savent pas toujours ce qu'il se passe. Le conseil veut que les mosquées affichent leurs comptes ou que l'on transmette les chiffres lors des assemblées générales. Aujourd'hui, dans notre pays, le nerf de la guerre, c'est l'argent. Sachant que nous récusons le financement étranger pour nos mosquées, c'est l'argent des fidèles qui est en jeu et c'est important qu'ils sachent ce qu'il se passe avec. Il y a toujours des ragots pour savoir où l'argent part. Pour une meilleure vie dans la mosquée et une sérénité entre les fidèles et les responsables, cette transparence est demandée." Les mesures de cette charte vont aussi dans le sens d'une ouverture à la société civile et prône également l'importance du dialogue entre les différentes cultures et les différentes religions. Selon le préfet du Rhône, Michel Delpuech, cette charte représente un véritable "barrage contre les barbares".

"Dans nos mosquées, donner la place que mérite la femme au sein de la société française"

Le dernier point de la charte concerne la place de la femme dans la gestion des mosquées et dans l'organisation du culte musulman. Si en France les mosquées sont mixtes, peu de femmes détiennent des responsabilités : "nous avons déjà un exemple à Neuville-sur-Saône où la présidence de la mosquée est attribué à une femme. Nous souhaitons que les femmes rentrent dans les conseils d'administration de nos mosquées pour participer à leur gestion. Aujourd'hui, une femme peut gérer la prière, pas celle du vendredi, mais elle peut gérer la prière pour d'autres femmes car rien ne l'interdit dans notre religion. Nous avons établi ce point pour donner, dans nos mosquées, la place que mérite la femme au sein de la société française. Nous avons aussi des écoles coraniques, des écoles de langue arabe. Là aussi nous voulons que la femme, qui est la mère de famille et la soeur, puisse participer à cette formation" précise Laïd Bendidi.

À la question de savoir comment les fidèles vont accueillir cette charte, Laïd Bendidi et Kamel Kabtane jugent qu'il est encore trop tôt pour le dire. Cependant, pour le président du conseil régional du culte musulman : "l'avantage de cette charte est qu'elle a été élaborée par l'ensemble des mosquées du Rhône, réunies vers le 10 décembre à la mosquée de Lyon. Les responsables étaient présents en amont, ils sont partie prenante de cette charte." La première charte devrait être signée à la mosquée de Brignais le 27 avril prochain entre les quatre instances : l'Etat, la mairie, le CRCM et l'association qui gère le lieu de culte.

Les dix points de la charte

  1. Création d’un conseil des imams du Rhône.
  2. Inciter les mosquées à se doter de deux associations pour gérer les lieux de culte
  3. Revivifier le protocole d’accord quadripartite
  4. Inciter les mosquées à s’ouvrir davantage à la société
  5. Aider les recteurs et présidents de mosquées, souvent démunis et dépassés par les événements, à se structurer
  6. Promouvoir la rigueur de la gestion et la transparence financière
  7. Encadrer davantage les écoles de langue arabe et d’éducation islamique au sein des mosquées
  8. Développer les activités les loisirs et les rencontres
  9. Encourage les imams à s’investir dans le dialogue interreligieux et interculturel
  10. Donner toute leur place aux femmes dans l’organisations du culte musulman et la gestion des mosquées.

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