Lyon Capitale a pu accéder aux chiffres ultrasensibles des greffes de foie dans l’agglomération. Ils dressent un constat implacable : on greffe trop peu à Lyon, avec pour conséquence une surmortalité de patients sur liste d’attente. En cause, des conflits entre médecins que la direction des HCL ne parvient pas à surmonter.
“L’équipe de la Croix-Rousse ne veut pas prendre de risques, mais il arrive que des malades décèdent avant d’avoir pu recevoir une greffe”, dénonce une spécialiste du sujet qui préfère garder l’anonymat. Le sujet en question est aussi grave que délicat, mais les différents éléments que nous avons pu recueillir pour cette enquête, ainsi que les chiffres auxquels nous avons eu accès, montrent qu’il y a bien un problème dans l’organisation des greffes dans l’agglomération lyonnaise, et même une crise profonde. Elle trouve sa source en 2010, lorsque les Hospices civils de Lyon (HCL) font le choix de regrouper à l’hôpital de la Croix-Rousse toutes les activités de transplantation hépatique. L’équipe sur place est performante et bien formée, mais elle ne dispose pas des techniques de pointe d’un acteur majeur de la transplantation à Lyon : le professeur Olivier Boillot. Prodige de la greffe mais manager contesté, celui-ci se considère “au banc de la communauté chirurgicale lyonnaise”, quand certains de ses confrères le disent “incapable de travailler en équipe”. Pourtant, sa sur-spécialisation est incontestable. En 1992, il est le premier chirurgien de France à prélever une partie du foie d’un donneur vivant. Encore aujourd’hui, à Lyon, il est le seul à greffer les enfants de moins de 10 ans et à maîtriser les techniques de “split”, qui permettent de greffer plusieurs malades en divisant un seul foie. Sans cette expertise, les délais d’attente s’allongent et il arrive que des patients décèdent en attendant une greffe. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) de 2017 constate une baisse d’activité et de qualité dans la prise en charge des malades, expliquée par des conflits entre médecins que la direction des HCL n’arrive pas à maîtriser.Nombreux refus de greffons à la Croix-Rousse
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