La crise de la Covid-19 touche sévèrement les entreprises du BTP de Lyon et sa région. Dans un contexte de hausse des prix importante, elles réclament des aides et des assouplissements des règles d'Etat. Samuel Minot, Président de la Fédération BTP Rhône et Métropole, a dressé un constat alarmant du secteur lors d'un point presse aujourd'hui. Explications.
40%, c'est l'augmentation du prix de l'acier ces derniers mois, à cause de l'impact de la crise sanitaire sur les marchés des matières premières des entreprises de BTP. "Du jamais vu depuis ces 30 dernières années" explique Samuel Minot, Président de la Fédération BTP Rhône et Métropole, au cours d'une conférence de presse donnée aujourd'hui. Pour l'instant, les entreprises du secteur plient mais ne rompent pas. Cependant leur situation se tend de jour en jour au regard des problèmes qui s'accumulent en chaîne.
Un déséquilibre de l'offre et la demande qui trouble les marchés de matières premières
En effet, dans un contexte de reprise de l'activité économique au niveau mondial, avec de gros démarrages de chantiers aux Etats-Unis et en Chine, l'offre de matière première se fait rare. Dès lors, suivant le principe "ce qui est rare est cher", les prix des matières premières s'envolent :
+35% pour les produits ferreux,
+30% pour les produits polyuréthane (qui servent à faire du plastique),
+10.3% pour le cuivre,
+10% pour le zinc.
La hausse des prix entraîne une perte de marges difficiles à amortir avec un chiffre d'affaires déjà fragilisé par une année de disette à cause de la crise sanitaire. Pour mémoire, l'activité du secteur du BTP a chuté de 15% en 2020. Un dérèglement qui conduit les entreprises du Rhône à augmenter leurs délais d'approvisionnement, "multipliés par 3" selon Samuel Minot, les empêchant de tenir leurs plannings. Résultat, c'est toute la filière BTP qui est touchée par de forts retards d'interventions sur les chantiers. Dans ces conditions, les entreprises peinent à honorer leurs contrats. Un cercle vicieux, à risques pour les entreprises.
"Le bois est deux fois plus cher en Europe qu'aux Etats-Unis"
"Aujourd'hui, les Etats-Unis et la Chine absorbent les matériaux destinés à l'Europe. Et maintenant c'est nous qui sommes pénalisés" témoigne le Président de la Fédération BTP Rhône et Métropole. Il poursuit en donnant l'exemple du bois "qui est deux fois plus cher en Europe qu'au Etats-Unis". Cependant, à ce jour rares sont entreprises en pénurie : "le risque d'une pénurie est grand, mais il ne s'agit encore que d'un risque, pas d'une réalité" décrypte Samuel Minot. En attendant, les entreprises de BTP tentent de stocker un maximum leurs matières premières tout en essayant de préserver leurs trésoreries. Un exercice d'équilibriste comptable compliqué dans ce contexte.
L'Etat au chevet des entreprises du BTP ?
Difficile à dire. L'activité partielle, soutenue activement par l'Etat, a tout de même permis de "sauver 50% des défaillances d'entreprises pour l'année 2020" rapporte Samuel Minot. Mais la situation réclame encore plus de soutien selon lui. En discussion avec le ministère de l'Economie et des Finances, la Fédération française du bâtiment réclame aujourd'hui la promotion d'une indexation des prix. Aujourd'hui, les prix du marché privé n'étant pas indexés, les entreprises du BTP ne peuvent réviser leurs contrats et sont donc contraintes d'acheter au prix fort les matières premières.
"Les aides d'État ont permis de sauver 50% des défaillances d'entreprises pour l'année 2020"
Si la révision des contrats est possible pour les marchés publics, ces derniers ne représentent que 5% des transactions des entreprises du Rhône. Pas assez pour vraiment aider les entreprises. Enfin, les entreprises du BTP souhaitent défendre à Bercy la suspension temporaire des pénalités de retard si des problèmes d'approvisionnements sont avérés. Les rendez-vous sont pris et des annonces devraient être faites la semaine prochaine au niveau national.
"................40 %, c'est l'augmentation du prix de l'acier ces derniers mois.............."
et ça rentre pour combien dans le secteur en moyenne dans un prix total ?
Ce qui est le plus cher c'est quoi ? La main d'oeuvre ? Le matériel de chantier ? La part des bénéfices ? Autre ?
Et la révision des prix à la baisse lorsque les matières premières baissent, ça marche aussi dans le secteur ? 🙂
".........Il poursuit en donnant l'exemple du bois "qui est deux fois plus cher en Europe qu'au Etats-Unis". ............."
c'est à dire ? Quel bois ? Celui qui vient d'Afrique ou d'Amazonie ? Celui qui dévastes les régions du nord ? (près de la frontière du Canada) Facile le faire "du bois moins cher" dans ces conditions.
Les gars ont eu des passes droits de bosser même pendant le confinement, mais ça vient encore réclamer du fric ! 😀
Pour le français lambda tout augmente depuis des années, alors qu'on lui explique que le taux d'inflation reste très faible. Alors le français lambda fait des économies sur les loisirs, les "petits trucs en +". Il faudrait expliquer la même choses aux acteurs du BTP, ils baisseraient leurs marges et feraient moins "riche" dans les dépenses marketing et communication.
Pour une fois, ces entreprises privées reconnaissent les points positifs de la révision des prix prévue dans les marchés publics. révision qui s'applique à la hausse mais aussi à la baisse.
Le vrai souci sur certains chantiers c'est dorénavant les ruptures d'approvisionnement.
Après l'écriture inclusive, le BTP lyonnais va pouvoir embaucher féminin, moins cher !