Le sénateur écologiste Thomas Dossus s'est rendu au CRA 2 de Lyon jeudi 24 octobre. Il considère cet établissement "indigne de notre République".
Alors que la justice a rejeté mercredi 23 octobre un requête du barreau de Lyon demandant la fermeture du Centre de rétention administrative 2 de Lyon-Saint-Exupéry et la mise en oeuvre par le ministère de l'Intérieur de mesures pour "faire cesser les atteintes aux libertés fondamentales", le sénateur écologiste du Rhône Thomas Dossus s'est rendu dans cet établissement avec l'AFP jeudi 24 octobre.
L'élu a dénoncé un CRA "indigne de notre République". "Par l'architecture du centre, par la façon dont les retenus sont traités, c'est pire que la prison" a assuré le sénateur du Rhône. Les conditions de rétention des migrants y sont très difficiles "depuis son ouverture, malgré différents rapports, malgré des alertes" a-t-il ajouté.
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"C'est pire qu'en prison, regardez la fenêtre, on ne peut même pas l'ouvrir"
L'AFP a pu échanger avec Abdelrahmane, 32 ans, qui partage depuis cinq jours une pièce d'une dizaine de mètre carrés avec un autre retenu. "La douche, elle est froide, tout le temps. C'est pire qu'en prison, regardez la fenêtre, on ne peut même pas l'ouvrir. On a des barreaux comme en prison", a déclaré l'homme d'origine algérienne en montrant les lieux.
"Il n'y a rien, il n'y a aucune activité. Il n'y a pas de vie, il n'y a rien du tout. On attend, on attend, on attend", s'est-il plaint, ajoutant ne pas manger à sa faim. "La rétention administrative n'est qu'un acte purement administratif. Normalement, les conditions de rétention devraient être beaucoup plus souples qu'en détention", a fait valoir M. Dossus.
"Ce qui est très inquiétant, c'est que ce centre (...) c'est le modèle pour les nouveaux centres de rétention" a-t-il ajouté. Mercredi, les juges des référés du tribunal administratif de Lyon ont rejeté une demande de fermeture du CRA2 déposée par le barreau de Lyon. Les avocats y dénoncent notamment le mauvais accès aux soins, l'insuffisance des rations alimentaires, des mises à l'isolement "arbitraires", la présence "illégale" de matériel de contention psychiatrique, la violence omniprésente et l'absence d'intimité.
"Ce qui est très inquiétant, c'est que ce centre (...) c'est le modèle pour les nouveaux centres de rétention"
Les juges ont estimé que la requête "ne relève pas des pouvoirs du juge" en ce qu'elle "est fondée sur la contestation structurelle d'un choix politique". Ils ont en outre refusé d'ordonner au ministre de l'Intérieur de mettre en œuvre une série de mesures relatives aux conditions de rétention. Pour rappel, depuis la création de ce CRA, le public retenu a considérablement évolué, sous l'impulsion de directives de l'ex-ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
Lors d'une visite de Sarah Tanzilli, ex-député du camp présidentiel en novembre 2023 à laquelle Lyon Capitale avait pu se joindre, 20 à 30 % des retenus sortaient d'établissements pénitentiaires. Aujourd'hui, 98 % des retenus "présentent un risque de trouble à l'ordre public" ou sortent de prison selon les autorités.
Projet pilote d'un coût de 25 millions d'euros et d'une capacité de 140 places, le CRA 2 a ouvert en janvier 2022 près d'un premier centre dit CRA 1, montant la capacité totale des deux unités à 280 places. Le délai maximum de rétention en CRA est actuellement de 90 jours (sauf en cas de terrorisme), un délai que le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, entend étendre à 210 jours. En 2023, en France, 46.955 migrants en situation irrégulière ont été enfermés dans des CRA.
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Les CRA 1,2 ou 3 n'ont pas été crée pour satisfaire les choix du syndicat de la Magistrature ou celui des avocats !