Le squatt Rictus de Villeurbanne attend la tombée de rideau

L'expulsion prononcée par le tribunal d'instance de Villeurbanne s'étendait sur un délai de dix mois, qui vient d'arriver à son terme. En situation de demande d'asile, en tant que réfugiés politiques pour la plupart, les habitants n'ont toujours pas trouvé d'autre alternative pour se loger. Seules les deux femmes avec enfant qui résident là sont assurées de retrouver un toit, après l'expulsion désormais imminente. "C'est une ancienne maison de retraite qui avait été fermée en 2004 pour des raisons de sécurité", rappelle François Rysto, directeur de cabinet de Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne. La demeure, propriété municipale, avait ensuite été murée dans l'attente de la réalisation d'un espace vert.

Mais en 2006, les réfugiés ont commencé à s'installer, créant une communauté réunissant une douzaine de nationalités. "Ce sont des demandeurs d'asile, et ils ont bien sûr un statut légal, rappelle François Rysto. Mais ils ne relèvent pas de notre responsabilité. C'est dans la loi, ils sont sous l'autorité et, par conséquent, sous la protection de l'Etat." Et, selon François Rysto, c'est donc pour deux raisons que la mairie de Villeurbanne a déposé un recours contre ce squat: "d'abord pour se protéger car on ne peut pas prendre le risque d'héberger des gens dans un lieu dangereux, ensuite pour faire reconnaître le droit de ces personnes".

Dans le jardin du 32 rue Frappaz, un demandeur d'asile nigérian semble lui aussi vouloir dépasser "les drames individuels" du squat Rictus, en égratignant "ceux qui sont véritablement responsables". "La mairie nous a laissés ici deux ans alors que ce n'était pas son rôle, alors ça suffit, tranche-t-il, on devrait être pris en charge mieux que ça car nous sommes dans la légalité, inscrits dans un processus de demande d'un statut de réfugiés." "Mais il semblerait que ces gens ne cadrent pas bien avec la politique de durcissement du gouvernement vis-à-vis des étrangers", estime un soutien des habitants issu du milieu associatif. Squattée depuis deux ans par vingt quatre demandeurs d'asile en attente d'un statut de réfugiés politiques, le squatt dit 'du Rictus' a été aménagé en une dizaine de petits studios, où l'eau et l'électricité ont même été installés. "On a des contrats avec EDF et Véolia", décrit Julien, membre de l'association d'aide aux réfugiés Demeurant partout.

Et si l'ensemble est très vétuste, tous les habitants ont installé dans leur chambre lits et réfrigérateurs. "Je ne sais pas où je vais bien pouvoir mettre tout ça", se dit maintenant Alex Chabasian, un demandeur d'asile d'origine arménienne. Dalya Daoud
Vidéo : Bastien Gouly

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