Le centre de psychiatrie lyonnais s'engage sur le chemin de la modernité et veut laisser derrière lui tabous et difficultés.
Après quelques années difficiles en termes de finances et de personnels, le centre hospitalier du Vinatier de Lyon cherche à évoluer. Ainsi, le deuxième établissement de santé mentale de France veut se moderniser et briser certains tabous qui ont la peau dure. "Derrière les murs, on imagine des choses qui ne se passent pas, c'est très fantasmatique", explique Pascal Mariotti, directeur du centre.
Pourtant, près d'un français sur deux serait aujourd'hui touché par un trouble psychiatrique, une "dégradation de la santé mentale" liée à "la pandémie du Covid-19", selon le directeur. De plus, 90% des personnes prises en charge au Vinatier mèneraient une vie normale, les hospitalisations étant rares et ne durant souvent que 15 jours.
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Les premières nouveautés au Vinatier
La fameux centre du boulevard Pinel a l'objectif de renforcer l'accès aux soins, la prise en charge et le suivi des patients. Pour ce faire, la direction du Vinatier a élaboré un projet d'établissement 2024-2028, encore en cours d'approbation. Ce programme pour les quatre années à venir se centre donc essentiellement sur le duo patient-soignant.
"À nous de refaire du Vinatier le modèle qu’adoptera la psychiatrie française"
Pascal Mariotti, directeur du centre hospitalier de psychiatrie du Vinatier
Mais le centre s'engage également vers un renouveau plus global, pour "refaire du Vinatier le modèle qu'adoptera la psychiatrie française", avance Pascal Mariotti. En particulier, la visibilité doit être améliorée, la charte visuelle modifiée et les interactions avec le milieu de la santé facilitées. Enfin, le centre hospitalier devrait désormais s'appeler "Le Vinatier, Psychiatrie universitaire Lyon Métropole".
Des difficultés à dépasser
Depuis son arrivée à la direction du centre en 2017, Pascal Mariotti s'est engagé à en faire un exemple dans le milieu de la santé mentale. Entre 2019 et 2023, l'offre de soins a donc été restructurée. L'orientation des patients a aussi été simplifiée grâce à un Centre d'accueil, d'évaluation et d'orientation (CADEO) et une ligne d'information et d'orientation (LIVE). Cependant, la problématique des personnels insuffisants persiste au Vinatier, en particulier sur l'hospitalisation de nuit. Actuellement, 30 postes de médecins et 50 postes de paramédicaux restent vacants.
"La qualité de l'expérience des patients est liée à la qualité de vie au travail des personnels qui les prennent en charge"
Pascal Mariotti, directeur du centre hospitalier de psychiatrie du Vinatier
Pour l'heure, l'accent est donc mis sur la recherche et l'innovation, domaines dans lesquels le centre continue d'exceller. De plus, des infirmiers, aides-soignants et psychologues y sont formés pour faciliter le travail des médecins et répartir au mieux la charge de travail. "La qualité de l'expérience des patients est liée à la qualité de vie au travail des personnels qui les prennent en charge", explique le directeur du Vinatier.
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