"L’entreprise est l’un des derniers piliers des valeurs sociétales"

CroissancePlus, association libérale d’entrepreneurs, organise à Lyon une réunion dans le cadre du Grand débat, ce 13 février. Pour son président Jean-Baptiste Danet : "Il ne faut pas être systématique dans le moins de charges, moins d’impôts".

Réseau de dirigeants de petites et moyennes entreprises, CroissancePlus est une associations libérale d’entrepreneurs. Cette dernière a souhaité participer au Grand débat, en organisant une réunion avec ses membres le 13 février à Lyon. Dans un contexte marqué par les Gilets jaunes, quelles idées veut apporter l'association ? Interview avec Jean-Baptiste Danet, son président. 

Lyon Capitale : Pourquoi organiser une réunion à Lyon dans le cadre du Grand débat ?

Jean-Baptiste Danet : Nous en avons déjà organisé une à Lille, c’est important pour CroissancePlus d’aller au plus près des entrepreneurs en région. Il est primordial pour nous de faire remonter leurs propositions avec leur point de vue depuis les territoires. Ensuite, nous retravaillerons les propositions au sein d’une contribution d’ensemble visant à apporter des réponses à la crise actuelle. Je l’ai dit plusieurs fois, il ne faut pas être systématique dans le moins de charges, moins d’impôts, il faut être conscient qu’il n’y aura pas de réforme fiscale sans grande réforme de l’État. Ainsi avec ces réunions, nous recherchons ce qu’il faut faire de manière pragmatique pour que les entreprises vivent mieux et qu’elles participent à redynamiser les territoires.

Avez-vous déjà des pistes de travail ?

Il y a de grandes questions comme la mobilité des travailleurs, de plus en plus éloignés de leur lieu de travail, doit-on passer plus au télétravail ou imaginer de nouvelles solutions pour le rapprochement des entreprises dans les régions ? Il y a aussi cette spécificité française où l’entreprise est taxée avant le moindre bénéfice. Ne serait-il pas plus intelligent de mettre ces taxations après le profit comme le font des pays comme l’Allemagne. Ça pourrait passer par une régionalisation d’une partie de l’Impôt sur les sociétés et un pacte entre les régions et les entreprises, une confiance mutuelle, tout en redynamisant les territoires. Se pose aussi la question de la transmission des entreprises, ça permet de construire des choses sur la durée, or quand 60 % des entreprises allemandes sont transmises, 17 % seulement le sont en France. On le voit bien, il y a des cercles vertueux à mettre en place, je pense aussi à l’apprentissage ou au fait que les PME de croissance sont ce qui est le plus taxé dans le pays et contrairement aux grands groupes, elles n’ont aucune marge de manœuvre pour de l’optimisation fiscale.

CroissancePlus est connue pour être libérale, en ces moments où l’on parle de fin du mois et fin du monde, comment voyez-vous les choses ?

Nous sommes libéraux et nous croyons aux partages des fruits de la croissance. Nous considérons que l’entreprise est l’un des derniers piliers des valeurs sociétales et nous sommes conscients du rôle que l’on doit jouer. Les problèmes de pouvoir d’achat que rencontrent certains de nos concitoyens ne viennent pas que des entreprises. Plus on libère ces dernières, plus on améliore le coût du travail. Quand un salarié touche 2 000 euros, il coûte 3 500 euros à l’entreprise. L’entreprise ne maîtrise pas tous ces coûts, et il y a un écart trop important entre ce qu’elle paye et ce qui revient au salarié.

Cela ne risque-t-il pas d’entraîner moins de services publics ?

On sait que les services publics coûtent cher, mais on connaît aussi leur importance dans le système. Durant ces 30 dernières années, la macro-économie a été reléguée au second plan. On n’explique plus ce que les choses coûtent. Si on clarifiait le système social, on verrait ce qu’on reçoit aussi. On regarderait alors les choses en matière de choix, on pourrait en faire d’autres, comme sur la mobilité des travailleurs qui n’est pas incitée, or l’économie bouge autour de nous. Tout ça mérite d’être analysé à l’aune d’améliorer les fins de mois, dans un système vertueux. On a gardé la critique de la valeur perçue, on a enlevé la vraie valeur à des choses comme le coût des soins de santé ou des transports publics. À force de creuser l’écart entre la valeur perçue et la vraie valeur des choses, on a enlevé du sens à tout cela.

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