Les universités sélectionnées par le Plan Campus doivent aller solliciter les banques, entreprises et autres collectivités. Aux entreprises de prêter les fonds. A l'Etat de rembourser les intérêts et une partie du capital (grâce au placement de 3,7 milliards issus de la vente de 3% d'actions EDF). Et aux universités de monter l'opération financière. C'est donc tout bénéfice pour l'Etat qui n'a pas à sortir d'argent frais de ses caisses (vides). Cela permet aussi d'accélérer les rapprochements entre les entreprises et les universités, l'un des vœux le plus cher du gouvernement. Le tout en donnant la possibilité, via des fondations d'entreprise ou directement, de lever d'autres fonds. Ainsi, l'Université de Lyon envisage de mettre un euro pour chaque euro levé grâce à l'emprunt garanti par l'Etat. "On doit aussi travailler sur d'autres recettes potentielles, explique le délégué général du PRES, Jean-Michel Jolion. Une partie des loyers versés par les étudiants permettront de rembourser la construction des bâtiments. Nous allons aussi optimiser au maximum leur utilisation, en ouvrant ces résidences même l'été à l'occasion, par exemple, de colloques".
Au final, si le projet lyonnais est validé par le ministère lors de la session de novembre, 650 millions seront investis dans l'immobilier et 150 millions dans la maintenance. Un chiffre à rapprocher des 315 millions que l'Etat doit investir sur sept ans pour l'ensemble des établissements de Rhône-Alpes, dans le cadre du Contrat de plan Etat-Région (la Région et les autres collectivités s'engageant à investir le même montant).
2. Construire l'Université de Lyon à taille académique
Tout un symbole. L'Université Jean Monnet de Saint-Etienne va rejoindre l'Université de Lyon. C'est ce que devrait vraisemblablement décider le conseil d'administration du PRES, le 18 juin prochain. D'abord attiré par Clermont-Ferrand, Saint-Etienne s'est engagée depuis plusieurs mois dans un rapprochement avec les voisins lyonnais. En contrepartie du transfert de compétences qu'implique l'adhésion au PRES (sur les doctorats, la valorisation de la recherche et la visibilité internationale), l'université de Saint-Etienne entend bien tirer profit de l'attractivité dont devrait bénéficier le regroupement des établissements lyonnais. "Le Plan Campus nous a confortés dans cette position, analyse le directeur de la communication Jean-Luc Foury. La logique du gouvernement est de faire émerger une quinzaine de très gros centres universitaires pour rivaliser au niveau mondial. Soit on s'inscrit dans cette dynamique et on est entraînés par ce souffle porteur, soit on reste dans notre coin et on périclite".
3. Reconstruire la Doua
Avec le Plan Campus, 260 millions d'euros devraient être injectés dans "la restructuration complète" de ce campus de sciences dures. Certains bâtiments seront rasés, d'autres réhabilités. Le site sera reconstruit autour de cinq "quartiers scientifiques" : chimie et environnement ; mécanique, énergie, transport et habitat ; physique et nanotechnologie ; informatique et communication ; biologie et milieux naturels. L'idée est de profiter de cette restructuration immobilière par "quartiers" pour créer des synergies entre les différentes écoles d'ingénieurs (INSA, CPE, ISTIL), l'université Lyon 1 et les organismes de recherche.
4. Créer un véritable campus de Gerland au quai Claude Bernard
Au cœur de ce futur nouveau pôle universitaire : le campus Charles Mérieux, à Gerland, qui accueille déjà les Ecoles Normales Supérieures (ENS Lettres et ENS sciences), l'université Lyon 1 et de nombreux laboratoires de recherche. Les financements Plan Campus permettront le développement de deux axes et d'accentuer l'intégration des entreprises implantées à Gerland et développer une véritable vie de campus. Pour ce qui est du premier axe, la présence sur le même site de groupes pharmaceutiques aussi puissants que Sanofi-Pasteur et Merial et l'implantation de nouvelles sociétés de biotechnologie permettent déjà des liens étroits avec les chercheurs et étudiants. Le futur déménagement de l'Ecole de Management (EM) de Lyon, l'installation du laboratoire INRIA ainsi que des pépinières d'entreprises devraient renforcer ces liens. Il reste surtout à créer une véritable vie de campus, de Gerland au quai Claude Bernard (inclus dans le projet). Les vieux bâtiments de Lyon 2 et Lyon 3 sur les quais devraient être réhabilités, des équipements sportifs et de vie étudiante (restaurants, résidences, commerces) seront créés.
5. Accueillir des étrangers "haut de gamme"
"Si on veut miser sur l'attractivité internationale avec les Pôles de compétitivité et les Réseaux Thématiques de Recherche Avancée (RTRA), qui ont obtenu les moyens pour faire venir des chercheurs, il faut maintenant donner envie à ces chercheurs de rester à Lyon", explique le délégué général de l'Université de Lyon, Jean-Michel Jolion. La solution tient en un concept emprunté aux universités américaines : le "faculty club", sorte de maison d'hôtes de luxe, qui serait, à Lyon, destinées aux enseignants-chercheurs étrangers de premier plan. L'objectif est d'installer un "faculty club" par site sélectionné dans le Plan Campus. "Ce seront des lieux de référence, poursuit Jean-Michel Jolion. Ils permettront de fournir aux chercheurs un ensemble de services accessibles à un guichet unique. Il faudra leur trouver les logements, les places dans les crèches et les écoles pour leurs enfants, leur ouvrir un compte en banque ou leur proposer des offres Internet et téléphonie. Car il ne suffit pas d'un laboratoire de recherche pour accueillir les chercheurs étrangers, il faut qu'il y ait tout un environnement autour qui contribue aussi à ce qu'ils deviennent ensuite des ambassadeurs de Lyon".
6. Que faire des campus de Bron, Rockefeller et Ecully ?
"La ministre Pécresse a porté sa préférence sur deux sites où se trouvent des grandes écoles ainsi qu'une université de sciences en pointe qui dispose déjà de plus de moyens que les autres sites lyonnais. Ce choix délaisse les deux sites les plus délabrés de l'académie, Rockefeller et Bron", c'est par ce commentaire que le syndicat étudiant Unef a accueilli le Plan Campus.
Sur les cinq sites universitaires que compte l'agglomération lyonnaise, il n'y en a que deux (Charles Mérieux et la Doua) qui ont été retenus par le gouvernement. Que faire des autres ? Pour le campus d'Ecully, la messe n'est pas encore dite. Même si l'EM Lyon doit déménager à Gerland ou au Confluent, l'Ecole Centrale refuse de partir s'installer à la Doua pour créer un grand pôle d'ingénierie. Il faudra toute la force de conviction du PRES pour décider Centrale. "Santé Lyon Est", plus couramment appelé campus Rockefeller, n'a pas été retenu par le Plan Campus. Malgré tout, l'idée est de continuer à étudier un "ambitieux projet de réorganisation" du site, permis par la récente fusion des trois facultés de médecine. C'est le campus de Bron qui soulève le plus d'interrogations. Excentré et vétuste, ce site nécessite une réhabilitation complète à moins qu'il ne soit transféré au centre ville. Ce dernier scénario ne plaît guère au vice-président de la région en charge de l'enseignement supérieur, Roger Fougères qui plaide pour le maintien de Bron : "Si la levée de fonds est importante pour le Plan Campus, on peut imaginer faire glisser des financements pour Rockefeller et Bron".
7. Fusionner les universités ?
"Les trois universités de Strasbourg fusionneront le 1er janvier 2009. Marseille et Montpellier sont sur cette voie. Lyon ne pourra pas rester en dehors de cette logique". Le président de Lyon 1 et actuel président de l'Université de Lyon, Lionel Collet, lance le débat en mettant les pieds dans le plat : "Je veux m'engager dans cette réflexion car la fusion permettra d'améliorer encore la visibilité à l'international". La réaction ne s'est pas fait attendre du côté de Lyon 3. Par la voix de son premier vice-président Grégory Lee : "Avec le PRES-Université de Lyon nous sommes dans une logique de mutualisation des ressources pas de fusion. Et ça doit continuer comme ça ! Nous voulons garder notre identité, nos spécificités disciplinaires et nos orientations en matière de recherche". Malgré la prometteuse coopération des trois universités lyonnaises au sein du PRES, la fusion n'est pas pour demain. Mais cette question, qui aurait pu paraître totalement farfelue il y a encore un an, est aujourd'hui à l'ordre du jour.
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