La ville de Lyon a rendu publique un audit sur la qualité de vie des personnes âgées entre Rhône et Saône. Un bilan en demi teinte qui révèle quelques particularités assez inattendues.
Un Lyonnais sur cinq a plus de 60 ans et parmi eux, 40 000 ont même dépassé les 75 ans. C’est ce que révèle un audit urbain diligenté par la ville de Lyon. La part des seniors, comme il est coutume de dire, ne devrait pas se réduire dans les prochaines années. Bien au contraire. D’ici à 2020, ils seraient un tiers de plus dans Lyon intra-muros. Une population aux besoins spécifiques, de plus en plus vieillissante et de plus en plus citadine. En septembre 2010, Lyon a été la troisième ville française à rejoindre le réseau des "villes amies des aînés", un groupe fondé sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les conclusions de l'audit, qui porte sur huit points*, viennent d’être rendues publiques et si le sentiment général est plutôt positif, des points restent encore à améliorer. Pointé du doigt, la voirie, dont le mobilier urbain est parfois inadapté au déplacement des seniors (panneaux publicitaires qui empêchent le passage d’un fauteuil par exemple).
Des quartiers de vieux ?
Autre point noir, le coût du logement qui reste problématique pour nombre de personnes âgées. D’après les données recueillies, 58% des aînés sont des locataires. Pour certains d'entre eux, ils occupent un logement qu’ils jugent trop grand pour eux mais qu’ils ne veulent pas quitter, de peur de devoir payer plus cher ailleurs. Observation surprenante, les personnes âgées sont réparties de manière plutôt hétérogène dans la ville. Sur le podium des arrondissements qui accueillent les seniors : le 3e, 8e et 7e arrondissement. Mais c’est dans le 5e arrondissement que l’on retrouve la plus grosse part des personnes de plus de 75 ans, surtout dans le quartier du vieux Lyon. Malgré les contraintes, notamment de déplacement dans ce quartier, et les obstacles qui s’y dressent, c’est l’attachement affectif à leur domicile, qui maintient les personnes âgées dans ce secteur. Mais au-delà des problématiques matérielles, les aînés lyonnais souffriraient également d’un sentiment d’insécurité persistant. Si les témoignages recueillis sur l’échantillon de la population âgée dénotent la sensation d’être respecté dans la rue, il n’en est pas de même dans les transports où les seniors se sentent fréquemment victimes d’incivilités.
Plus âgé, plus isolé
Encore plus grave, les personnes âgées lyonnaises, qui vivent seules pour 60% d’entre elles, se sentent peu prises en compte : "entre l’ignorance et la considération intéressée", y compris dans le cadre familial. Les personnes âgées interrogées estiment d’ailleurs avoir des relations plus fortes avec les personnes de leur environnement quotidien qu’avec leur propre famille.Du point de vue des activités, celles-ci sont surtout fonction de l’âge. Si de 60 à 75 ans, les seniors lyonnais privilégient les activités en dehors de leur domicile, au-delà de cet âge le périmètre de mobilité se réduit et les activités sont plus casanières. Mais tout n’est pas sombre. Les personnes âgées interrogées apprécient particulièrement les espaces verts préservés dans la ville et l’accessibilité aux commerces facilitée. L’aide à domicile est également bien perçue par les bénéficiaires et le réseau de santé relativement bien développé. Et c’est peut-être là, la clé pour bien vieillir, puisqu’à Lyon, on dénombre 129 centenaires.
*Espace extérieur et édifices/ transports/ habitat/ respect et reconnaissance sociale/ culture et loisirs/ communication et information/ solidarité/ services de santé