L’évacuation du squat Pyramide, où se trouvaient au moins une centaine de personne, a débuté lundi 30 octobre vers 7h30. Elle se poursuivait à la mi-journée, à deux jours de la trêve hivernale. (Photo HJ)

Les anciens occupants du squat Pyramide investissent un bâtiment de Caluire-et-Cuire

A peine plus d'une semaine après l'évacuation du squat Pyramide à Lyon, les anciens occupants ont trouvé refuge dans un bâtiment de Caluire-et-Cuire appartenant à la Ville de Lyon.

Moins d'une semaine après l'évacuation du squat dit "Pyramide" dans le 7e arrondissement de Lyon, une centaine de personnes, majoritairement des anciens occupants de ce qui était alors le plus important squat entre Rhône et Saône, ont trouvé refuge dans un bâtiment situé à l'entrée de la commune de Caluire-et-Cuire dont le propriétaire est la Ville de Lyon. Par ailleurs, 29 personnes ont été orientées vers la Maison de veille sociale qui s'occupe d'attribuer des places d'hébergement d'urgence en fonction des vulnérabilités individuelles. 12 autres ont une place garantie dans le dispositif national d'accueil des demandeurs d'asile. Investi officiellement dimanche 5 novembre, le site est un ancien pensionnat situé à la frontière avec le 4e arrondissement et avait fait l'objet de premiers repérages dès le 29 octobre.

"La mairie tolère cette occupation et n'a pas demandé l'intervention des forces de l'ordre"

Le site étant sécurisé par des alarmes et des caméras, la Ville de Lyon aurait été au courant de l'occupation près d'une semaine avant l'arrivée des premiers habitants. Jeudi 2 novembre, les membres du collectif Intersquats qui accompagnent les personnes sans-abri pour leur trouver un lieu refuge, ont envoyé des preuves attestant de l'occupation du site depuis plus de 48 h (délai légal dans lequel la police peut procéder à une expulsion immédiate) au maire Grégory Doucet directement, qui "a bien déposé plainte pour occupation d'un bâtiment public mais n'a pas demandé l'évacuation des occupants", explique le service communication de la municipalité.

Un choix logique puisqu'une semaine plus tôt, l'édile écologiste avait jugé l'expulsion du squat Pyramide "inacceptable" à deux jours de la trêve hivernale et avait émis l'idée de réquisitionner un gymnase pour mettre à l'abri les occupants. "La mairie tolère cette occupation et n'a pas demandé l'intervention des forces de l'ordre", précise à Lyon Capitale Bernard Berlin, membre du collectif Intersquats. Ainsi, en l'absence de déclenchement d'une procédure au titre de l'occupation illicite d'un bâtiment, "la préfecture du Rhône ne peut procéder à une expulsion", rappellent les services de l'Etat.

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Caluire-et-Cuire dénonce "le double langage" des écologistes

De son côté, la mairie de Caluire-et-Cuire a dénoncé dans un communiqué "le double langage des élus de l'exécutif lyonnais qui ont déposé plainte pour effraction et refusent dans le même temps de demander l'expulsion des occupants illégaux". Elle a par ailleurs pris un arrêté d'interdiction d'habiter, principalement pour se couvrir en cas d'accident, le bâtiment étant en très mauvais état. "Nous avons fait tout ce que nous pouvions faire", explique-t-on dans l'entourage du maire LR Philippe Cochet en rappelant que la police municipale de la commune ne dispose d'aucune compétence sur le site.

Pourtant, le collectif Intersquats dénonce "l'excès de zèle" pratiqué par cette dernière. Selon Bernard Merlin, "il y a eu des tentatives d'intimidation depuis jeudi 2 novembre. Ils ont forcé les habitants à sortir, ils ont été jusqu'à appeler la Police aux frontières (PAF) qui a arrêté quatre personnes". Et d'ajouter : "Hier encore, voilà que la police nationale et la municipale de Caluire déboulent et remettent de nouveau tout le monde dehors." Si l'entourage du maire assure que l'intervention des forces de l'ordre a été menée sur demande de la Ville de Lyon, la préfecture du Rhône explique à Lyon Capitale que "la police municipale de Caluire a constaté de l'activité aux abords du site et a demandé à la police nationale de la rejoindre".

Le collectif entame désormais une phase de négociations avec la mairie pour tenter d'obtenir une convention d'occupation de deux ans avec une participation de la collectivité pour une remise en état du site, principalement sur la viabilité du bâtiment. Selon nos informations, la municipalité caluirarde est aussi favorable à une telle convention à la manière de celle trouvée pour l'ancien squat "DurAcuire" au 60 rue Pasteur dans une bâtiment appartenant à l'époque au Vinatier. Questionnée sur sa position concernant l'élaboration d'une convention d'occupation, la Ville de Lyon n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.

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