Barre ne dément pas le compliment. Les faits, c'est vrai, le feront à sa place : jusqu'en 1981 le Premier ministre va cumuler chômage, inflation et rigueur jusqu'à gripper la machine économique et casser le moral des Français. Mais Barre tient bon, préférant "être impopulaire qu'irresponsable".
1978
Lors de législatives périlleuses pour le pouvoir, Giscard décide que Barre se doit d'affronter pour la première fois de sa vie le suffrage universel. Mais où aller ? Barre est parachuté sans risque aucun dans une des quatre circonscriptions réservées du pouvoir, en clair une planque en or, la 4e circonscription du Rhône. Celle où Dominique Perben vient de se faire élire.
1983
Les erreurs économiques de la gauche la conduisantt au bout de quelques mois à ouvrir une "parenthèse de rigueur" qu'elle ne fermera plus. Barre exulte. Les faits semblent - enfin - lui donner raison. Il devient aussi populaire qu'il a été mal-aimé, c'est dire qu'il monte très haut. Il se présente aux présidentielles en 88... au grand bonheur d'un Mitterrand victorieux. La campagne de Barre a été assimilée à l'époque à celle "d'un sénateur ou d'un membre de l'Institut". Par exemple, à Langres, Barre visite une usine. Un conseiller lui souffle : "Vous devriez dire bonjour aux ouvriers". "Vous croyez ? Pour quoi faire ?" répond Barre.
1995
Barre se présente à la mairie de Lyon. Non par envie, mais pour répondre à la sollicitation de quelques notables. Mais il n'a pas retenu la leçon : il pense qu'un "effet Barre" va tout balayer sans qu'il ait besoin de faire campagne. En fin de course, il est le plus mal élu des maires de Lyon. Sans vraie majorité, il organise alors, sur les conseils de l'UDF Michel Mercier, une cohabitation dans les exécutifs, ce qu'il condamne depuis des années au niveau national. Cette cogestion entre le centre et les "socialo-communistes" est d'ailleurs le principal "héritage" qu'il lègue aux Lyonnais.