Thibault Salvalt et Mathieu Cochard, les propriétaires du Hard Rock Café Lyon abandonnent leur franchise américaine pour passer sous le pavillon lyonnais du Ninkasi. (Photo Hadrien Jame)

Les cafés et restaurants composent avec le contrôle du pass sanitaire, ambiance et reportage à Lyon

Après les cinémas, les musées ou encore les espaces de loisirs, lundi 9 août les cafés et restaurants de Lyon se frottaient à l’épreuve du pass sanitaire. Un passage obligatoire depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sanitaire et qui angoissait de nombreux professionnels du secteur avant l’ouverture lundi matin. Rapidement balayé chez certains, après un service du midi chargé, le doute s’installe chez d’autres où de nombreuses chaises sont restées vides.

"Monsieur, s’il vous plaît, je vais vous demander d’attendre à l’entrée pour contrôler votre pass sanitaire", il est 15 h 30, lundi 9 août, lorsqu’une serveuse du Kaffee Berlin, rue Tupin dans le 2e arrondissement de Lyon, rattrape un client qui vient de s’installer en terrasse. Depuis le début de la matinée il faut désormais montrer patte blanche, ou plutôt un QR code attestant d’un pass sanitaire valide, pour profiter d’un déjeuner en terrasse ou d’un verre au bar.

Le gouvernement a bien annoncé une semaine de pédagogie, le temps de roder la procédure, mais les professionnels du secteur que nous avons pu rencontrer lundi ont préféré "se mettre tout de suite dans le bain, pour être prêts le jour J", à l’instar du Café Mercière, installé dans l’une des artères les plus touristiques de la ville. En début d’après-midi, les clients semblent au rendez-vous, pourtant, Christophe, le responsable de la brasserie nous explique que "l’affluence est moins importante que ces derniers jours. En temps normal je n’aurai même pas le temps de vous parler, là on a fait 35 couverts au lieu de 80 habituellement le midi, c’est compliqué", souffle-t-il. 


"On est des commerçants donc il faut faire de la pédagogie, mettre les formes en leur expliquant pourquoi on ne peut pas les recevoir, tout en espérant qu’ils reviennent plus tard, car on est aussi victime qu’eux de cette mesure", Christophe, responsable du Café Mercière


De la pédagogie, oui, mais pas de café sans pass

Après un dimanche marqué par un afflux de clients, à la veille de l’entrée en vigueur du pass sanitaire, le retour sur terre est difficile à encaisser au comptoir de certains établissements lundi. Au Kaffee Berlin de la Presqu'île, "depuis le début de l’été on faisait une super saison et là ça va tout casser, on enregistre déjà une baisse d’un quart sur le service de ce midi", se désole Paul, le gérant adjoint du restaurant. L’enseigne du même nom installée à la Guillotière, dans le 7e arrondissement, elle, n’a fait quasiment que de la vente à emporter lundi midi, "personne n’est venu manger sur place" selon Étienne, le responsable adjoint du restaurant.

Au café Mercière, pour le premier jour du contrôle du pass sanitaire il y a du monde en terrasse mais on est loin de l'affluence habituelle, selon le responsable de l'établissement. (Photo Hadrien Jame)

En cause, le contrôle du pass sanitaire. Certains clients tentent bien de se faire servir sans le précieux sésame, mais les restaurateurs ne transigent pas, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Pas de pass sanitaire, pas de café. "Ce matin, j’ai une dame qui est rentrée dans la brasserie en me demandant si l’on servait les personnes sans pass", explique Christophe le responsable des lieux. Un peu plus tard, un client tente d’utiliser un pass qui n'est pas le sien, "on ne peut pas accepter. Mais on est des commerçants donc il faut faire de la pédagogie, mettre les formes en leur expliquant pourquoi on ne peut pas les recevoir, tout en espérant qu’ils reviennent plus tard, car on est aussi victime qu’eux de cette mesure", rappelle-t-il.

Du côté du Kaffee Berlin, le personnel contrôle le QR code présenté par les clients, mais "notre boulot ce n’est pas de faire la police", souligne Paul, qui ne veut néanmoins pas prendre de risque, en raison des nombreux contrôles aléatoires conduits par les forces de l'ordre dans le secteur, quitte à garder des chaises vides.

Des restaurants pas tous logés à la même enseigne

Tous les établissements ne semblent toutefois pas être logés à la même enseigne. Ainsi, d’autres restaurateurs avec qui nous avons pu échanger n’ont pas vu de différence lors de ce service du midi un peu particulier. C’est d’ailleurs un véritable soulagement pour Sophie, installée derrière le bar du Garden Bistro, rue Mercière. "J’avais très peur dimanche soir, mais finalement les clients sont là et au courant. Ils arrivent à l’entrée avec leur pass au format papier ou sur leur téléphone. On perd un peu de temps à contrôler quand il y a du monde", mais dans l’ensemble la procédure se déroule bien selon elle. 


"À midi, nous n’avons eu aucun problème, les gens présentaient spontanément leur pass et la terrasse était pleine", Violaine, une employée du Hard-Rock Café chargée de contrôler le pass sanitaire


Même son de cloche du côté du Hard-Rock Café, situé dans le quartier Grôlée, près des Cordeliers. Postée à l’entrée de l’établissement, Violaine procède au contrôle du pass des clients qui veulent accéder au restaurant, mais pas à celui des personnes qui rentrent dans la boutique, puisque le document sanitaire n’est pas exigé dans les magasins. Après une petite inquiétude "à l’heure du café du petit-déjeuner", certaines personnes s’étant présentées avec "des pass non valides", les clients ont fait leur apparition en nombre pour le déjeuner, pass sanitaire valide en main. "À midi, nous n’avons eu aucun problème, les gens présentaient spontanément leur pass et la terrasse était pleine", précise notre interlocutrice, visiblement rassurée que le service se soit bien déroulé. 

Avec 390 couverts enregistrés lundi midi, pour le premier service depuis l'extension du pass sanitaire, la Brasserie Georges a fait mieux que le lundi précédent, selon son directeur. (Photo Hadrien Jame)

À la Brasserie Georges, on dépiste à l’heure du repas

Afin de parer à toute éventualité, certains établissements comme la Brasserie Georges, au niveau de la gare Perrache, dans le 2e arrondissement, avaient mis les petits plats dans les grands lundi matin. L’établissement qui vient de boucler un mois de juillet très abouti en termes d’affluence, avec "25% de plus que sur la même période en 2019, qui était pour nous une année de référence", selon son directeur Jacky Gallman, a décidé de mettre toutes les chances de son côté pour ne pas perdre de potentiels clients. En plus de l’embauche de deux étudiants pour aider au contrôle du pass sanitaire à l’entrée de la brasserie, Jacky Gallman a fait appel à un laboratoire pour dépister les clients qui se présenteraient sans être vaccinés, sans test ou sans attestation de rémission du Covid-19.


"On a fait 390 couverts ce midi. C'est plutôt bien, voire très bien. On fait mieux que lundi dernier où il n’y avait pas le pass sanitaire, donc je touche du bois. J’aimerais que ça continue comme ça jusqu’à la fin de l’été", Jacky Gallman, directeur de la Brasserie Georges


"C’est pour donner un confort aux clients qui ne sont pas en règle, mais aussi parce que je ne veux pas refuser des personnes, surtout dans ce contexte", fait valoir le directeur des lieux, qui applique strictement les mesures du gouvernement depuis lundi matin, "je n’ai pas envie d’être tolérant, on a assez subi comme ça. À un moment donné, il faut que chacun se prenne un peu en charge", explique-t-il. Sur les 390 personnes servies lundi midi, "mieux que lundi dernier où il n’y avait pas le pass sanitaire", souligne Jacky Gallman, 25 ont pu l’être après avoir été dépistées, par le biais d’un test antigénique réalisé à l’entrée de la brasserie. La procédure, conduite par des étudiants en médecine recrutés par le laboratoire, ne prend qu'une dizaine de minutes et rencontre déjà un certain succès. 

La Brasserie Georges a noué un partenariat avec un laboratoire pour proposer des tests antigéniques à l'entrée de son restaurant. (Photo Hadrien Jame)

Le directeur, qui est à la tête de l’une des plus grandes brasseries d’Europe, espère désormais que l’affluence sera aussi importante "jusqu’à la fin de l’été". Quand, dans le même temps, au Kaffee Berlin du 2e arrondissement on se prépare à "une période d’adaptation compliquée" et surtout à un "week-end difficile avec des milliers d’euros en moins", prévient Paul, avant que les choses ne s’améliorent.

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