L’enquête de Lyon Capitale dans les milieux catholiques lyonnais illustre à quel point la ville est le théâtre de courants et pratiques différents, voire contradictoires. Signe de vitalité ou d’affaiblissement? Comme toujours en période de crise, chacun est persuadé de détenir la solution, qu’elle soit dans la rupture ou le retour à la tradition. Rapide état des lieux des forces et fragilités d’un diocèse qui s’obstine à vouloir conserver un temps d’avance – là où il le peut.
“Plusieurs demeures dans la maison du Père”. C’est le rapport d’étonnement de beaucoup de catholiques lorsqu’ils arrivent à Lyon. Dans la cité du primat des Gaules, toutes les sensibilités liturgiques cohabitent dans une relation plus ou moins conflictuelle selon l’actualité. De la basilique d’Ainay, dont le curé soutient activement un groupe de rock aux accents évangélistes, jusqu’aux échos grégoriens qui émanent de l’église St Georges, il n’y a qu’à traverser le pont - lorsqu’il existe. Au-delà de la liturgie, les façons de vivre la foi peuvent considérablement différer : entre le groupe œcuménique Abraham à la Duchère et les traditionalistes de la fraternité St Pierre à Francheville, entre le Chemin néo-catéchuménal, accusé d’autoritarisme sur les paroissiens et les militants de la Croix Rousse en faveur des sans papiers, les contrastes sont criants. À Lyon peut-être plus qu’ailleurs, le diocèse a besoin d’un pilote pour faire coexister les forces en présence et éviter les conflits sur fond de discussions liturgiques, à défaut de les faire avancer toutes ensemble au même rythme.
Depuis 2002, l’homme à la barre est le Cardinal Philippe Barbarin
En tant qu’archevêque de Lyon, il préside le conseil presbytéral qui réunit des délégués de tous les prêtres du diocèse, et au sein duquel les tendances se font face. “De sa personnalité dépendent beaucoup des forces et fragilités du diocèse” témoigne l’un d’entre eux. Bon orateur, personnage médiatique “attendu mais pas toujours entendu”, il est accusé par Golias (le canard enchaîné catho, édité à Villeurbanne mais diffusé dans toute la France) de défendre les intérêts néo-conservateurs en plaçant des prêtres réactionnaires dans certaines paroisses. Mais c’est un cardinal également apprécié pour son ouverture aux autres religions et les amitiés profondes qu’il sait entretenir. Travailleur, énergique (surnommé “Mgr 100 000 volts” par L’Express), audacieux, voire impulsif, il en remet volontiers une couche sur la doctrine catholique : le “triennium” sur le corps, l’âme et l’esprit qu’il a lancé en septembre s’apparente en fait à un cycle de théologie de trois ans conçu pour les laïcs.
Un signal fort par rapport à d’autres diocèses moins exigeants sur les questions théoriques. Mais toute une génération de prêtres envoyés évangéliser la société dans les années 1970 (et particulièrement représentés sur le diocèse) lui reproche de laisser de côté “les priorités pastorales” : en d’autres termes la foi sur le terrain. Enfin, à l’heure où le “charisme de gouvernement” des futurs prêtres est sérieusement questionné dans les séminaires [lire page 36], beaucoup lui reconnaissent cependant de réelles qualités de meneur d’hommes, capable de maintenir un certain dialogue entre les chapelles.
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