Carrte du népotisme 2018 Le Lanceur
© Lyon Capitale

Les collectivités locales, terreau du népotisme

Dans une enquête en partenariat avec Le Lanceur, le site d'enquête de Lyon Capitale, Complément d'Enquête révélait ce jeudi soir les pratiques édifiantes de certains élus, pour qui la politique reste une affaire de famille. Entre la dynastie Joissains à Aix-en-Provence, la lignée Leroy à Mandelieu-la-Napoule ou la maison Soleyrol à Aigues-Mortes, on y découvre une France d'un autre âge, où le népotisme est monnaie courante.

Le reportage de Complément d'enquête commence fort. "Tout ce que je constate, c'est qu'un Leroy remplace un Leroy !" s'exclame sous les huées un élu de l'opposition lors d'un conseil municipal de Mandelieu-la-Napoule. Trop, c'est trop, le micro de l'insolent est vite coupé, rien ne doit entacher la cérémonie d'intronisation du nouveau maire. Sébastien Leroy, neveu d'Hervé Leroy, est ainsi nommé maire de la commune, et comme la passation se fait en cours de mandat, inutile de s'embarrasser du suffrage des administrés. À Mandelieu-la-Napoule, la politique est une affaire de famille depuis longtemps. Avant que son neveu n'en prenne les rennes, Hervé Leroy y a brigué quatre mandats de maire. Avant d'avoir le temps d'être choqué par ce simulacre de démocratie, on découvre que la famille est très proche d'un milliardaire Libanais, Iskandar Safa, qui possède plusieurs hectares sur le terrain de la ville, et compte y mener des projets immobiliers d'ampleur. Le riche homme d'affaires possède en effet 40% des actions d'une société d'innovation médicale dirigée par… Hervé Leroy. De plus, il joue le rôle de bienfaiteur de la ville en subventionnant des actions locales, ou même en offrant à la police des véhicules neufs. Passer son fauteuil à la famille, c'est aussi ce que fait la dynastie Joissains à Aix-en-Provence. Maryse Joissains, actuelle maire de la ville, a succédé en 2001 à son mari. Alors qu'elle embauchait à l'époque sa fille, cette dernière a depuis obtenu une place au conseil municipal, et même été élue sénatrice des Bouches-du-Rhône. "Elle est née dans le chaudron politique. Quand un boucher passe le relai à son fils, on ne dit rien" se défend la maire. Pendant ce temps, le père rôde toujours dans les couloirs de la mairie, lorsqu'il ne travaille pas comme collaborateur parlementaire de sa fille.

Toujours dans le sud, à Aigues-Mortes cette fois, le reportage nous fait découvrir l'organisation surprenante, pour ne pas dire ubuesque de la mairie. "La fille a la direction des finances, le petit fils aux espaces verts, un des neveux a la sécurité des bâtiments, le gendre à la communauté de commune…" la liste qu'énonce l'élu d'opposition est si longue qu'il a fallu la couper au montage. Car ce n'est pas un, ni deux, ni trois, mais bien douze employés de la mairie qui appartiennent à la même famille. En cause, l'adjointe chargée du personnel, Jeanine Soleyrol, qui ne tombant pas sous le coup de la loi de moralisation, embauche ses proches à tour de bras. Alors quand la journaliste débarque en plein conseil pour demander des explications, Jeanine Soleyrol et sa fille quittent rapidement la pièce. Là encore, pour le maire d'Aigues-Mortes, tout est normal, "Vous allez toujours sortir un lien de parenté quelque part, ici tout le monde est cousin" répond-il très sérieusement.

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