Ils ont appelé les syndicats, les parents d'élèves, tous les enseignants de la maternelle à l'université, les réseaux citoyens à les soutenir pour une manifestation à 'visage découvert'.
La résistance pédagogique
Qui sont ces désobéisseurs? Ce sont des enseignants du premier degré qui ont affirmé vouloir 'résister' contre les mesures Darcos. Ces derniers refusent de mettre en application les programmes de 2008 et d'intégrer des heures d'aide personnalisée dans leur planning. Ils ont donc choisi sciemment de désobéir. Une décision qui ne reste pas sans conséquence: en effet, comme certains se sont fait connaître en envoyant des lettres à leur hiérarchie, ils ont été sanctionnés avec des retenues de salaire.
A l'origine de ce mouvement, Alain Refalo, un instituteur de Colomiers (Haute-Garonne), qui écrit au ministre qu'il entre en 'résistance pédagogique' à cause du 'démantèlement pensé et organisé de l'Education Nationale.' Cette action crée une réaction en chaîne et bientôt, ils sont des centaines en France à se proclamer 'désobéisseurs'. A Lyon et dans le département du Rhône, des centaines d'écoles ont réagi en envoyant des lettres de désobéissance à l'inspecteur d'académie.
La désobéissance, synonyme de sanctions
L'arme pour dire non à Darcos, c'est désobéir. Beaucoup d'écoles rhodaniennes ont suspendu l'aide individualisée et se refusent à collecter des données pour remplir les 'Base-élèves', dénoncées comme étant un fichage des familles. La plus grande récrimination des enseignants " désobéisseurs " concerne la suppression en cours des RASED et des IUFM et les non remplacements de plus en plus fréquents. Mais ils prennent des risques en allant contre leur hiérarchie: " Dans les Bouches du Rhône, plusieurs dizaines d'instits ont été sanctionnés avec un prélèvement de 4 à 8 jours de salaire. Dans le Rhône, c'est différent à cause du changement récent d'inspecteur mais la menace existe. Nous avons reçu des lettres nous demandant de déclarer si nous appliquions les réformes et cet état de service détermine s'il faut nous enlever des heures de salaire. C'est terrible.", affirme un désobéisseur de Vaulx-en-Velin, avec inquiétude.
Fini l'anonymat : devenir plus visibles
L'objectif de cette journée nationale d'action : faire des émules, amplifier la mobilisation. Optimiste, un désobéisseur villeurbannais présent à la manifestation hier devant l'hôtel de ville souligne : " Nous sommes toujours plus nombreux. A Villeurbanne, nous sommes 116 désobéisseurs mais beaucoup plus d'enseignants, même s'ils ne s'affichent pas, n'ont pas fait passer les évaluations de CM2 ou n'ont pas transmis les résultats. Ce que l'on espère demain, c'est qu'ils viendront nous rejoindre dans notre action pour peser plus lourd dans la balance. "
Après la manifestation qui partira de la place des Terreaux à 14 heures et terminera devant l'inspection académique, une délégation de désobéisseurs ira à 17 heures remettre à l'inspecteur, plus de 200 lettres de nouveaux désobéisseurs, lettres accompagnées de la liste de noms de désobéisseurs. Un courage applaudi par de nombreux parents d'élèves qui remettront aussi des lettres de soutien. Après cette entrevue, les désobéisseurs se réuniront pour envisager la suite des actions à mener.
Marine Badoux
Photo: Barbara Mestric
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