Les Don quichotte reprennent du service à Lyon

"Intolérable", pour les Don Quichotte, qui se re-mobilisent pour arracher les fonds nécessaires à leur fonctionnement.

Un an après avoir installé leurs tentes place Bellecour, les Enfants de Don Quichotte reprennent la lutte. En ligne de mire cette fois-ci "la politique absurde du gouvernement". "Pendant que le gouvernement lance le droit opposable au logement et essaye de mettre des gens à l'abri, d'autres qui se reconstruisent dans des foyers risquent de se retrouver à la rue. On marche sur la tête, dénonce le porte-parole lyonnais de l'association, Daniel Jacquin". Deux centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de la région risquent en effet de fermer faute de subventions suffisantes de la part de l'Etat. Les deux CHRS ne fournissent pas qu'un toit pour dormir : A Saint-Péray (Ardèche), le Grand Saint-Jean accueille en soin 12 femmes alcooliques et leurs enfants. Quant au SLEA (à Lyon 8e), c'est un foyer éducatif pour 40 jeunes de 18 à 25 ans. "L'Etat trouve que nous coûtons trop cher. Notre enveloppe a donc été réduite et notre déficit n'est plus du tout pris en charge, explique Maryse Bastin, la directrice du SLEA". Même scénario pour le Grand Saint-Jean, en Ardèche : le centre doit aussi demander à sa banque une rallonge pour pouvoir payer les salaires. "Les dettes s'accumulent et un jour la banque arrêtera de nous suivre. On devra fermer, annonce Martine Finiels, la directrice du centre ardéchois". Les dirigeants de ces deux centres reconnaissent volontiers qu'ils sont plus chers qu'un foyer lambda. "Est-ce qu'il vaut mieux pour un jeune six mois de foyer au SLEA ou 20 ans de RMI et de foyers dortoirs ? interroge un éducateur. Avec la prise en charge intensive que nous proposons, un jeune qui sort de chez nous est remis sur pied. Il devient un contribuable comme les autres".

Après plusieurs courriers, restés sans réponses, adressés à la ministre du logement Christine Boutin, au préfet Jacques Gérault et au directeur régional de l'Action Sanitaire et Sociale (DRASS), les 2 centres sont passés à l'action. Vendredi 1er février, aidés par les Don Quichotte, une vingtaine de personnes, des responsables, des éducateurs ainsi que des femmes et des jeunes accueillis, ont envahi le siège lyonnais de la DRASS pour rencontrer le directeur. Sous la pression, Pierre Alégoët les a reçus. Même si à la DRASS on reconnaît qu"il y a moins de crédit", le directeur leur a promis de continuer à instruire le dossier dans les plus brefs délais et à "arrêter une option" d'ici la fin février. La délégation est ressortie, les visages dépités. Une femme soignée en Ardèche pour son addiction à l'alcool ne comprend pas l'attitude de la DRASS : "J'ai une fille de 17 ans et un bébé de 6 mois. Ce centre est le seul à me soigner sans me séparer de mes enfants. S'il ferme, je devrai aller de foyer en foyer et ils seront placés en famille d'accueil".

Au-delà du soutien apporté à ces deux centres, les Don Quichotte promettent de continuer à jouer les aiguillons de la politique du logement et à mettre le doigt là où les actes sont en contradiction avec ce discours.

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