Si Lyon a confirmé son ancrage à gauche au premier tour de l’élection présidentielle, les écologistes, surclassés par Jean-Luc Mélenchon, ressortent affaiblis d’une séquence politique qu’ils ont ratée
Bien sûr, ils avaient intégré que leur candidat, Yannick Jadot, ne se hisserait pas au second tour de l’élection présidentielle. Bien sûr, ils avaient anticipé que Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis remporteraient la primaire de la gauche qu’était officieusement le premier tour de l’élection présidentielle. Il n’empêche que les écologistes lyonnais sont tombés de haut le dimanche 10 avril, un peu avant 20 h, quand les premières estimations ont placé Yannick Jadot sous la barre des 5 %. Au QG des écologistes, à deux pas de la place Guichard, Grégory Doucet accuse le coup, le visage fermé. “On s’attendait à faire au moins 5 % au niveau national et 10 % localement. Il y a eu un effet vote utile assez clair. Nous l’avons mesuré en discutant avec certains de nos sympathisants”, glisse Sylvain Godinot, adjoint à l’environnement à la Ville de Lyon. “La présidentielle, ce n’est toujours pas notre spécialité”, relève, acide, Benjamin Badouard, coprésident du groupe EÉLV à la Métropole. À mesure que la campagne avançait, les écologistes avaient déjà revu leurs ambitions à la baisse. “Ils s’attendaient à faire beaucoup plus que 7,67 % à Lyon. Ils visaient le score des régionales du premier tour (22,66 %). Ils voulaient être la première force de gauche lyonnaise. Ils pensaient capitaliser sur la victoire des municipales et que l’électorat de gauche leur était désormais acquis. Ils se sont fait siphonner par Jean-Luc Mélenchon”, constate, non sans une pointe de satisfaction, une conseillère métropolitaine d’un parti de gauche. “Nous aussi on pensait que Yannick Jadot ferait un meilleur score à Lyon, se félicite Aurélie Gries, membre du parlement de l’Union populaire. Ils ont pris une claque et ils le reconnaissent.”Vote utile
“Le vote utile a vraiment existé”, oppose Raphaël Debû, le patron des communistes lyonnais dont le candidat a aussi été victime de ce phénomène dans les derniers instants de la campagne. À l’heure du bilan, les autres forces de gauche tentent de ramener les Insoumis à un peu plus de modestie tout en essayant de minimiser leur propre déroute. Les élus écologistes avancent que Jean-Luc Mélenchon a réalisé ses meilleurs scores dans des bureaux de vote qui leur avaient été très favorables aux municipales de 2020 puis aux régionales de 2021. “Je me disais que nous pourrions faire 10 % à Lyon. C’était un seuil intéressant et je suis forcément déçu. J’étais curieux de voir si le socle que l’on avait conforté aux régionales resterait. Nous avons fait une mauvaise campagne quand Jean-Luc Mélenchon a réussi la sienne. L’effet barrage au second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen a envoyé bouler notre socle électoral”, observe Thomas Dossus, sénateur EÉLV. Les Insoumis tentent eux d’en relativiser l’importance. “Jean-Luc Mélenchon en est à sa troisième campagne et il s’est installé auprès des gens qui le connaissent désormais. Les autres jouaient le coup d’après. Le vote utile, ce n’est que 1 ou 2 %”, minimise Pierre Mourier, élu LFI du 8e arrondissement. Un argument qui arrange tous les partis et qui a surtout le mérite d’être tout aussi invérifiable que plausible.Pas de désaveu
De l’élection présidentielle, les écologistes lyonnais préfèrent aussi voir le verre à moitié plein. Dès l’annonce des résultats, Grégory Doucet embrayait ainsi : “L’ensemble des résultats des mouvements qui composent notre majorité à Lyon et à la Métropole dépassent les 40 %. Je considère que c’est un signe encourageant pour nos politiques publiques lyonnaises. Mais il s’agit d’une élection nationale et il ne faut pas chercher à en donner un sens trop important.” La gauche, longtemps annoncée en déroute, a finalement tenu le choc en France et plus particulièrement à Lyon. Elle se situe au premier tour à 42 %, comme aux régionales de 2021 ou lors des européennes de 2019. L’addition des voix de gauche n’est qu’à trois points de son pic des municipales de mars 2020, mais avec une participation autrement plus importante. “Le niveau du bloc gauche atténue la déception. Ce n’est pas notre politique qui est désavouée. Nous ne craignions pas un vote sanction, mais nous avions envie de voir la dynamique locale”, savoure Sylvain Godinot (EÉLV). “Le bloc de gauche est consolidé sur les bases actuelles d’une gauche écologique. Je n’ai pas d’inquiétudes pour la suite du mandat. L’ancrage à gauche de la ville est confirmé et nous donne de la sérénité”, anticipe le sénateur Dossus. Il note aussi avec satisfaction que l’opposition LR a encore plus trinqué au premier tour de la présidentielle : “Ceux qui ont tenté d’instrumentaliser la Guillotière se sont cassé les dents électoralement. Dans les bureaux de vote autour de la place Gabriel-Péri, nous réalisons nos meilleurs scores.”Il vous reste 67 % de l'article à lire.
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