Gérard Collomb et Michel Mercier jouent une partie de poker menteur sur le tronçon ouest du périphérique. Chacun se rejetant d'avance la responsabilité d'un échec éventuel. Le débat entre les assemblées du Grand Lyon et du Département de lundi soir n'a rien éclairci. Au contraire, les faux-semblants politiques sont venus tout embrouiller.
Gérard Collomb a compris que le Tronçon Ouest du Périphérique (TOP) oblige à beaucoup de pédagogie. Lors du débat commun entre les assemblées du Grand Lyon et du Département, il avait surpris son monde en posant deux conditions pour que le Grand Lyon prenne la maîtrise d'ouvrage du TOP : en substance, Collomb exige que l'État s'engage à réaliser le Contournement Ouest de Lyon (COL).
Politicien
L'opposition de Gérard Collomb s'emparait alors de la sortie du maire de Lyon pour critiquer son autoritarisme et sa volonté de bloquer le projet en rejetant la responsabilité sur le gouvernement. Sauf que le gouvernement à Lyon, c'est aussi Michel Mercier qui est ministre de l'aménagement du territoire, fonction opportunément rappelée par Gérard Collomb. Le lendemain, Michel Mercier se lamentait dans le Progrès en affirmant que "Si le Grand Lyon et son président ne veulent pas faire le TOP, c'est leur affaire, mais qu'il le dise". La tournure des débats sur le TOP a pris des allures très politiciennes ces derniers jours.
Pourtant, les enjeux croisés du TOP et du COL obligent à des prises de position. Or, Michel Mercier se retranche derrière le débat public et Gérard Collomb affirme cyniquement qu'en cas de non-réalisation du COL, il ira manifester sous le tunnel de Fourvière un 1er juillet pour "démontrer que le bouchon va du milieu du tunnel jusqu'au nord de l'Europe". Dans les deux cas, on ne voit pas vraiment ce qu'ils veulent faire. Mercier ne se prononçant ni sur le COL, ni sur le tracé du TOP. Et Collomb laisse planer la possibilité de ne pas réaliser le TOP si le COL n'est pas enclenché.
Le Département doit se prononcer le 28 mai dans une délibération soumise au vote sur le TOP. Et le Grand Lyon devra le faire trois jours plus tard. L'avenir du TOP est suspendu à ces deux délibérations. Les conditions posées par le maire de Lyon mettent la pression sur Mercier pour le 28 mai. En somme, il demande aux conseillers généraux de penser comme lui s'ils veulent que le Grand Lyon assume jusqu'au bout la maîtrise d'ouvrage.
Obsession
Car Collomb a une obsession. Lors d'une conférence de presse improvisée ce mercredi et en réponse à Michel Mercier, il rappelle sa crainte d'une "confusion" entre le TOP et le COL, lequel est destiné à absorber le trafic national et international. Son inquiétude : qu'une fois le TOP construit, l'Etat ne renonce à faire le COL. Ses contre-exemples : la Rocade Est, baptisée à l'origine la rocade des villages et devenue autoroutière et le tunnel de Fourvière complètement saturé par l'agrégation des circulations locales et nationales. Le maire de Lyon souhaite donc éviter que le périphérique ne capte d'autres flux que le trafic d'agglomération.
Gérard Collomb craint que la réalisation de deux nouvelles infrastructures autoroutières n'accroisse le transit : l'A89 Bordeaux-Lyon et l'A45 Lyon-St-Etienne. Pour éviter un surcroît de trafic au coeur de l'agglomération, il souhaite que l'Etat réalise au plus vite deux barreaux. Au nord une liaison entre la future A89 et l'A46 : elle permettrait à un poids-lourd venu de Clermont à destination de Genève ou de l'Ain de passer au nord du Grand Lyon, évitant le périphérique actuel. Le barreau sud, lui, assure une connexion entre la future A45 et l'A7, se branchant sur la Rocade Est. Les Stéphanois voulant poursuivre vers le sud ou Grenoble n'auraient ainsi plus à rejoindre l'agglomération. Ces deux barreaux constituent des embryons de COL, définissant son point de départ et son point d'arrivée. Ce schéma a sa cohérence, sauf qu'elle contribue à charger un peu la Rocade Est. Or le président de l'agglomération regrette déjà sa trop grande fréquentation.
Tracé court
L'autre condition posée par Collomb est le choix du tracé court, envisagé dès 1997. Il réfute l'option avancée par François-Noël Buffet. Le sénateur-maire d'Oullins propose que le TOP passe non plus sous sa commune, mais au sud au niveau d'Irigny, selon un périphérique qui prendrait la forme d'un escargot. Son tracé long se connecterait au boulevard urbain sud, plutôt que le périphérique actuel. Buffet souhaite sans doute préserver sa commune des nuisances et notamment la Saulaie où il veut bâtir un éco-quartier. Collomb lui suggère d'y développer une zone économique, "l'équivalent du quartier de l'Industrie (Lyon 9e)". Surtout Collomb ne veut pas de cette option plus chère qui pourrait ressembler à un début de COL. Evoquant le tracé du TOP, il affirme : "plus on va loin (de Lyon), plus les gens continueront à rentrer dans l'agglomération".
Par ces deux conditions, Collomb pense désamorcer une conjonction de deux oppositions qu'il voit poindre "entre ceux qui ne veulent pas du COL et ceux qui soutiennent le tracé long du TOP". Les deux finiraient par se rejoindre pour au final considérer que le TOP se suffit à lui même et qu'il est nul besoin d'un nouveau contournement routier.
'Le fait de prendre le nom d'un tiers, dans des circonstances qui ont déterminé ou auraient pu déterminer contre celui-ci des poursuites pénales, est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende' article 434-23 du code pénal.
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