Missionnaire joséphiste passé au négoce, l’aventurier passionné de botanique introduit dans les outre-mer français le manguier, le combava et la culture de la muscade et du girofle, les deux "plantes interdites". Une vie épicée !
Il avait un nom prédestiné. Et si certains de ses ancêtres ont bien été épiciers, métier aussi rare qu’envié, c’est à peu près tout. Pierre Poivre n’a donc ni donné son nom au poivre ni découvert l’épice, introduite en Occident par Alexandre le Grand et diffusée dans tout l’Empire par les Romains. Pierre Poivre – dont le patronyme était assez commun au XVIIIe siècle à Lyon – est né rue Grenette et fut baptisé à l’église Saint-Nizier au mois d’août 1719. Ses parents possèdent une petite boutique de passementerie rue Mercière. Aîné d’une famille de cinq enfants, il étudie rue du Garet, puis au pensionnat Saint-Joseph (une communauté de prêtres missionnaires connue sous le nom de Joséphiste), à la limite de Saint-Rambert et de Collonges-au-Mont-d’Or. Repéré par les jésuites, il part aux Missions étrangères à Paris, où il devient novice. Pierre Poivre se destine à l’habit ecclésiastique. À l’âge de 21 ans, il est envoyé en Chine où, en étape à Macao avant de rallier le Tonkin, il découvre les plantes rares.Avancées des Lumières
Épices diverses au marché de Port-Louis, capitale de l’île Maurice © J.P. Grienay Pour resituer l’époque, on est en plein siècle des Lumières : l’agronomie commence à devenir scientifique. On voit se développer des travaux de physiologie végétale, en parallèle aux expérimentations, la connaissance des terrains, les méthodes de plantation, les techniques de fertilisation essaiment un peu partout. On inventorie et on classifie les plantes. C’est la naissance de l’histoire naturelle, de l’entomologie. "Les expéditions se multiplient pour rapporter tout ce que la nature produit au loin, explique Jean-Pierre Grienay du Jardin botanique de Lyon. Afin de ramener ces nouveautés, la navigation se développe davantage, les routes maritimes s’améliorent, les herbiers et aquarelles se complètent pour apporter des preuves de ce que l’on a vu. Le transport des végétaux vivants se modernise."Il vous reste 69 % de l'article à lire.
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