LES HESITATIONS DE MERCIER FONT TANGUER LE MODEM

Avec un capitaine, Michel Mercier, qui ne sait pas encore quelle direction prendre. Au point que le grand chef, François Bayrou, est attendu dans les jours qui viennent à Lyon pour remettre de l'ordre.

1. Les conditions de Mercier pour entrer au gouvernement
C'est naturellement la clé de voûte. De l'entrée, ou non, de Michel Mercier au gouvernement en janvier prochain dépend naturellement la position du Modem aux prochaines municipales. Le président du département semble se rapprocher de plus en plus d'un ministère. En tant que président du groupe UDF au Sénat, il rencontre régulièrement Nicolas Sarkozy. L'occasion de discuter maroquin. Mais Mercier a posé une condition : il ne doit pas s'agir d'un "débauchage", mais d'un accord politique entre Sarkozy et Bayrou. Impossible ? Pas du tout, à croire un proche de Mercier : "Bayrou restera indépendant, mais ça ne l'empêche pas de discuter. Il peut très bien y avoir 3 ou 4 ministres Modem, sur la base d'un projet commun : le déficit publique, la réforme des institutions..." Et les récentes polémiques internes au gouvernement font plus envie que pitié au Modem : "On voit bien que sur l'ADN, la solidarité du gouvernement, c'est fluctuant. Il n'y a pas eu de rappel à l'ordre des ministres qui se sont opposés... Je ne sais pas si c'est un gage d'efficacité, mais cela donne une liberté."

2. Ministre de quoi ?
Mercier est un homme de dossiers, il ne s'engagera sûrement pas dans des domaines qu'il ne maîtrise pas sur le bout des doigts. Pour deviner son ministère, il suffit donc de regarder les compétences du département. "Tout ce qui est lié au social, aux collectivités locales, au fonctionnement de l'Etat, il sait faire. Il est rapporteur chaque année au Sénat sur ces questions. Mais il connaît aussi très bien les transports, le logement..." confie un proche. Certains le verraient bien aussi ministre de la Justice en raison de ses qualités de juriste, pour calmer les juges et les avocats.
3. Qui veut un candidat ?
Vieux complices, Michel Mercier et François Bayrou ne semblent pas, pour une fois, sur la même longueur d'ondes. Mercier semble traîner des pieds pour lancer une liste Modem aux prochaines municipales. On peut y voir le signe de ses ambitions ministérielles ou, selon l'un de ses proches, "l'envie de ne pas être ridicule au soir du premier tour, avec 3 ou 4%... Si on peut faire une liste qui a de la gueule, très bien. Mais il n'y aura pas d'acharnement thérapeutique". À l'en croire, Mercier n'aurait pas vraiment de préférence parmi les têtes de liste potentielles du Modem : "Mercier attend de voir s'ils ont l'étoffe et se demande s'ils ont pris la mesure de ce qui les attend. Aujourd'hui, on est sollicité à gauche comme à droite. Si on entre dans l'arène, dés le lendemain, on sera sous le feu des deux côtés."

François Bayrou semble par contre tenir mordicus à une liste autonome à Lyon. Il doit faire un saut dans les jours qui viennent pour rencontrer les différents postulants, dont la liste s'allonge chaque jour : Azouz Begag, Anne-Sophie Condemine, Marc Augoyard, Gilles Vesco, Bernadette Bertrix, Jean-Lou Fleuret, Yves Hartmann... Dans le Progrès samedi dernier, François Bayrou a indiqué qu'il choisirait, "avec les militants", à la "mi-novembre", espérant même voir "émerger d'autres noms", notamment issus de la société civile.
4. La fronde au Modem
La mini-pétition lancée au sein du Modem lyonnais pour demander plus de démocratie dans le parti n'a pas ébranlé Michel Mercier. Un de ses proches confie : "Ils n'ont pas envahi la rue devant le Conseil Général... C'est sympathique, mais ils ne sont qu'une poignée d'adhérents du Rhône. On préférerait les voir s'engager derrière un candidat et un projet."

5. Alliance forcément à droite ?
La plupart des candidats pressentis pour prendre la tête du Modem aux prochaines municipales penchent fortement pour une alliance à gauche... Sauf que, c'est plutôt l'inverse qui se dessine. Au conseil général, la messe est déjà dite. Mercier n'entend pas perdre sa présidence et un de ses proches prévient : "ici, le Modem et l'UMP sont dans la même majorité aujourd'hui. Personne n'a dit qu'il voulait la quitter. Elle peut s'élargir, mais il n'y a pas de volonté de la rétrécir. Et d'ailleurs, comment l'UMP et le Modem pourraient voter le même budget en janvier, et présenter des candidats l'un contre l'autre en mars ?" Bayrou a beau répéter qu'il entend faire du cas par cas, il aura du mal à faire passer une alliance à droite au conseil général, et l'inverse au conseil municipal... Reste le Grand Lyon, collectivité habituée aux alliances de couloir. Le Modem, qui n'y compte que dix élus, espère y compter beaucoup plus après les municipales, en raflant quelques sièges dans l'est lyonnais, et surtout en essayant de fédérer la grosse vingtaine d'élus dits "indépendants", des groupes Synergie, Aglo ou Gla... Pas sûr cependant que ce bel ensemble aille automatiquement à droite : l'UDF fait actuellement partie de la majorité "d'agglo" avec la gauche, et participe même à l'exécutif. Si Collomb est réélu à Lyon, il n'y a pas de raison que cela change.

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