Suite à la suspension pour trois mois les implants de contraception définitive Essure de Bayer, l'agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a diffusé un communiqué incitant à "ne plus implanter dès à présent" ce dispositif.
Avec les actions en justice menées aux Etats-Unis et plus récemment en France, les interrogations concernant les effets indésirables que pourraient provoquer les implants contraceptifs Essure se font de plus en plus nombreuses. En juin dernier, un comité d'expert indépendant a été nommé par l'ANSM pour évaluer le rapport bénéfice/risque de cet implant contraceptif en comparant ses effets à ceux d'une opération de ligature des trompes. Résultat, le comité d'expert a simplement recommandé de mieux informer les femmes intéressées par cette méthode sur les risques encourus. En effet, selon l'ANSM, 1 087 femmes auraient, à minima, été confrontées à des effets indésirables, allant de troubles hémorragiques, neurologiques, musculaires à des problèmes ORL. Commercialisé depuis 2002 et remboursé par la sécurité sociale depuis 2005 (1 300 euros pour l'implant et la pose), le dispositif de contraception définitive du laboratoire Bayer a été implanté sur près de 140 000 femmes en France.
Pas de retour sur le marché sans réponses suffisantes
Selon le laboratoire Bayer, la suspension de son dispositif sur le marché européen ne serait pas liée "à des problèmes de sécurité ou de qualité du produit". Il s'agirait d'une décision du National Standards Authority of Ireland (NSAI), l'organisme de certification qu'a choisi Bayer pour son produit qui se trouve aujourd'hui "en désaccord profond" avec la décision de l'organisme. En effet, le NSAI a "décidé de ne pas renouveler la certification" qui permet la commercialisation du produit dans l'Union européenne "jusqu'à ce que toutes les questions en suspens trouvent une réponse". En attendant, l'ANSM a également demandé au laboratoire Bayer de "procéder au rappel des produits en stock" et conseille aux femmes qui portent un implant Essure de prendre rendez-vous avec leur gynécologue "pour envisager, en concertation, l'alternative la plus appropriée".
L'association Resist engage une procédure judiciaire
Connu pour représenter les victimes du Mediator face aux laboratoires Servier, mais aussi les victimes de la Dépakine face aux laboratoires Sanofi, l'avocat Charles-Joseph Oudin s'est vu remettre quatre cent cinquante dossiers de femmes porteuses d'Essure et victime d'effets indésirables, regroupées au sein de l'association Réseau d'entraide, soutien et informations sur la stérilisation tubaire (Resist). Une procédure judiciaire collective pour obtenir réparation devrait être lancée en septembre contre le laboratoire allemand. La suspension du marché de l'Union européenne, quant à elle, reste valable jusqu'au 2 novembre.