Parler vite n'est ne veut pas dire que l'on fait passer plus d'information. C'est ce qu'ont montré des chercheurs lyonnais du CNRS et de l’université Lumière Lyon 2 dans une étude publiée ce mercredi.
“Ce n’est pas parce qu’il est parlé avec un débit rapide que l’espagnol est une langue plus « efficace » que le vietnamien, qui semble plus lent à l’oreille”, assure le CNRS dans un communiqué. Selon les recherches de chercheurs lyonnais, toutes les langues transmettent l’information à des débits similaires. Ces scientifiques du CNRS et de l’université Lumière Lyon 2 (laboratoire Dynamique du langage) ont ainsi démontré que, quelle que soit leur vitesse d’élocution, les langues humaines sont aussi efficaces pour transmettre de l’information.
Ces chercheurs ont comparé 17 langues (Allemand, anglais, basque, cantonais, catalan, coréen, espagnol, finnois, français, hongrois, italien, japonais, mandarin, serbe, thaï, turc et vietnamien), en enregistrant pour chacune d’entre elles 10 locuteurs lisant à voix haute, dans leur langue, 15 courts textes rapportant des situations de la vie quotidienne.
“Pour chaque langue, ils ont ainsi pu mesurer à la fois la vitesse d’élocution (en nombre de syllabes par seconde), et une densité moyenne d’information portée par les syllabes (si une syllabe peut être déduite facilement de la précédente, on considère qu’elle apporte peu d’informations)”, explique le CNRS. Les résultats ont montré qu'un “débit de parole plus important s’accompagne d’une densité d’information plus faible, comme en espagnol par exemple, et un débit de parole plus faible va de pair avec une densité d’information plus élevée, comme cela est souvent le cas pour les langues asiatiques pourvues d’un système de tons (chinois, vietnamien…).”
Quand on multiplie la vitesse de parole et la densité d'information des langues, le débit d'informations diffusé est donc similaire. “Il correspond à environ 39 bits par seconde*”, expliquent les chercheurs. Grâce à cette étude, publiée ce mercredi 4 septembre 2019 dans la revue Science Advances, les scientifiques ont pu mettre en évidence “un débit d’information potentiellement optimal pour le traitement de la parole par le cerveau humain.”