“Le Faiseur de théâtre” de Thomas Bernhard – Mise en scène Christophe Perton © Fabien Cavacas
“Le Faiseur de théâtre” de Thomas Bernhard – Mise en scène Christophe Perton © Fabien Cavacas

Les lieux culturels restent fermés : à Lyon, stupéfaction, colère et déprime

Ils devaient rouvrir le 15 décembre. Mais les musées, les théâtres, les salles de spectacles, les cinémas, les opéras vont devoir rester fermés (au moins) trois semaines supplémentaires. "La saison est foutue", regrette Julien Poncet, le directeur du théâtre "Comédie Odéon", dans le 2e arrondissement de Lyon. "On va redémarrer à zéro quand on va rouvrir. Comme si on rouvrait de nouveaux théâtres", ajoute-t-il.

"L'amélioration (de la situation sanitaire) marque le pas", a martelé ce jeudi soir le 1er Ministre, Jean Castex. En conséquence, notamment, les lieux culturels ne rouvrent pas le 15 décembre et restent dont fermés (au moins) trois semaines de plus.

Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, a tenté de l'expliquer ce vendredi matin. "Rouvrir le 15 pour éventuellement refermer les salles de spectacle et de cinéma le 2, le 3 ou le 7 janvier, je crois que là on assassinait la culture si on avait fait ça. C'est la raison qui nous a amené à retarder de trois semaines (la réouverture)", a ajouté la ministre. Roselyne Bachelot a également indiqué que le 7 janvier n'était pas une "date de réouverture" mais une "date de revoyure".

Julien Poncet, le directeur du théâtre "Comédie Odéon", dans le 2e arrondissement de Lyon, revient pour LyonCapitale.fr sur cette décision.

LyonCapitale.fr : quel sentiment prédomine après ce report de la réouverture des théâtres ?

JULIEN PONCET. De la stupéfaction et de la colère. Finalement, le message qui passe, c'est que venir dans nos lieux, ce serait dangereux. On serait des pourvoyeurs de l'épidémie alors qu'on a mis en place des protocoles très stricts et qui nous semblent beaucoup plus "safe" que dans d'autres endroits qui sont ouverts aujourd'hui. Le Premier Ministre et la ministre de la Culture avaient dit précédemment qu'il n'était pas dangereux d'aller au théâtre... Et finalement ils laissent penser que ça pourrait être dangereux.

On vous annonce le 10 décembre que vous ne pouvez pas rouvrir le 15...

Le stop and go est mortel. On a tous dépensés beaucoup d'argent pour financer les répétitions, pour reprogrammer, pour communiquer à nouveau, c'est de l'argent jeté par les fenêtres. Ils sont en train de casser le lien qu'on a avec nos spectateurs, car ils nous mettent dans l'impossibilité de tenir nos promesses. Ce qu'il faut absolument aujourd'hui, c'est qu'on arrête de penser à trois semaines de distance, qu'on décide d'une date claire de réouverture. Une date suffisamment éloignée pour la préparer sans risques. Et évidemment qu'on soit soutenu (financièrement) jusque-là. Nos lieux ne vivent que de leurs spectateurs. On est tous déprimés. Je participe ce vendredi matin à une réunion de l'association des théâtres privés en région, une association créée pendant le 1er confinement, il y a 80 théâtres dans l'ensemble de la France, on est tous totalement déprimés. On va rester combatif mais il faut absolument qu'on s'invente des perspectives à long terme.

Roselyne Bachelot a également indiqué que le 7 janvier n'était pas une "date de réouverture" mais une "date de revoyure". Vous ne pouvez rien prévoir pour janvier ?

On ne sait pas quoi dire à nos spectateurs. La saison est foutue. Pour nous tous, les mois de novembre, de décembre, de janvier, sont les trois mois où on a les plus hautes fréquentations. On sait déjà que les prochaines échéances, c'est la saison prochaine. Il faut maintenant qu'on voit à long terme, qu'on puisse trouver avec les pouvoirs publics des soutiens pertinents sur la longueur. On est tous en train de réaliser que nos projets partent complètement en brioche. On va redémarrer à zéro quand on va rouvrir. Comme si on rouvrait de nouveaux théâtres.

Roselyne Bachelot a déclaré ce vendredi matin : "Rouvrir le 15 pour éventuellement refermer les salles de spectacle et de cinéma le 2, le 3 ou le 7 janvier, je crois que là on assassinait la culture si on avait fait ça. C'est la raison qui nous a amené à retarder de trois semaines (la réouverture)". Qu'en pensez-vous ?

Mais c'est exactement ce qu'il vient de se passer. On a tout fait comme si on rouvrait le 15. Elle a raison, on assassine la culture. Sauf qu'elle a oublié de dire que quand on nous annonce le 10 pour le 15 décembre, c'est comme si on avait rouvert...

Vous avez des échanges avec le gouvernement ?

Oui, on a des discussions, des échanges avec le gouvernement. Jeudi soir, ce vendredi matin. Le ministère de la Culture est aujourd'hui un guichet où on négocie nos aides et nos soutiens. Mais le ministère de la Culture n'est pas décisionnaire sur le plan de la pandémie. Tout ce qui concerne la fermeture, ça ne dépend pas d'eux.

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